TRIBUNE. Nous avons apprécié à sa juste valeur l’acte posé par le Ministre de la justice en ordonnant la libération des milliers des prisonniers en vue de désengorger la prison.
La méchanceté de nos magistrats est telle que, monsieur Kumbu Ngoy par exemple a eu à passer 21 ans à Makala sans avoir été jugé. Et sur 15000 prisonniers gardés dans cet enfer, seuls 3000 seraient déjà condamnés. Les autres, une fois arrêtés attendent leur mort en prison au cas où il n’ont personne dehors pour graisser les pattes aux magistrats instructeurs des dossiers. Les syndicats des magistrats qui étaient montés sur tous les toits pour pour se justifier sont-ils aujourd’hui capables de se regarder dans un miroir ?
Toutefois, au-delà de l’humanisme qui a accompagné la libération de ces détenus parmi lesquels se trouvent des criminels professionnels, il y a lieu de souligner que notre gouvernement ne fonctionne pas harmonieusement.
Un gouvernement, c’est comme un corps humain dont tous les membres sont indispensables. Ils se complètent et leurs mouvements sont synchronisés par la tête. Quand l’un agit, il fait une passe à un autre. Tous poursuivant le même objectif. La satisfaction du corps. Les jambes font déplacer le corps à la recherche de la nourriture ; Les bras préparent, les mains donnent à la bouche ; Les dents mâchent et font une passe à l’estomac… Le tout dans une parfaite harmonie.
C’est comme cela que notre gouvernement devait fonctionner. Malheureusement, ce n’est pas le cas . Il y a à se demander si la décision louable de libération d’autant de prisonniers a été débattue en conseil des ministres ou dans une commission interministérielle où tous les aspects ont été passés au peigne fin.
Dans une telle commission devaient siéger les ministres de la justice, de l’intérieur, de la santé , de l’agriculture, de la formation professionnelle… Chacun de ces ministres devait jouer un rôle dans cette action.
Celui de la justice pour sélectionner les prisonniers éligibles, celui de l’intérieur pour prendre des dispositions sécuritaires en vue de faire face à l’insécurité qui résulterait du largage des criminels professionnels dans la population, celui de la santé pour la prise en charge médicale des malades, ceux de l’agriculture et de la formation professionnelle pour la réinsertion de ces personnes dont certains ont fait plusieurs années en prison et qui n’ont aucune structure pour les accueillir dehors.
De la prison, on devait les amener à Kanyama Kasese ou à une autre prison à ciel ouvert où ils s’adonneraient aux travaux champêtres et à l’apprentissage des métiers qui faciliteraient leur réintégration ds la société. Maintenant qu’ils se retrouvent dehors sans encadrement, où vont-ils dormir ce soir ? que vont-ils manger…? Sans pitié, ils seront prêts à tuer et voler pour survivre.
Le gouvernement a trouvé une solution en désengorgeant la prison mais, il a créé un autre. Celui d’une insécurité exponentielle qui met les paisibles citoyens en danger. Qu’est-ce qui a manqué au gouvernement pour prendre des mesures concertées dans ce dossier ? Se poserait-il un problème au niveau de la coordination de ses actions ?
Lors de la tentative d’évasion qui avait occasionné plusieurs dizaines de morts, nous avions vu deux membres du gouvernement se contredire dans l’espace de quelques heures. Le vice-ministre de la justice avait donné un bilan de deux morts avant-midi. Après-midi, le VPM de l’intérieur avait parlé de 129 morts en présence du Vice-ministre de l’intérieur qui n’avait pas bronché.
Au vu de ce qui précède et sans peur d’être contredit, nous affirmons qu’il se pose un sérieux problème de la planification collaborative dans ce Gouvernement. Il y aurait un sérieux problème de conflits de compétences. Ce qui est fait est fait. Il appartient au ministre de l’intérieur de prendre des dispositions nécessaires pour renforcer la sécurité dans la ville.
Par Steve Mbikayi