RD Congo. Devoir de vérité… (Tribune)

LIBRES PROPOS. “Lors du référendum constitutionnel de 2005, nous étions ensemble avec certains hommes politiques en soutane pour protester contre le vote de l’actuelle Constitution, qualifiée de toxique.” à tweeté ce matin le secrétaire général de l’UDPS, monsieur Augustin Kabuya, cherchant manifestement à accuser l’église catholique qui s’oppose au changement de la constitution.
Cette affirmation ne correspond pas du tout à la vérité historique. Je me rappelle personnellement avoir été impliqué dès 2004 avec beaucoup d’autres prêtres congolais par la CENCO via les conférences épiscopales provinciales en vue d’épauler la société civile congolaise dans la vulgarisation du projet de constitution à soumettre au référendum populaire. Nous avions sillonné les quatre coins du kongo central jusqu’aux confins des villages reculés pour informer les congolaises et les congolais et lancer des débats autour de ces textes avec des résolutions à l’issue de chaque rendez-vous.
Cette campagne de vulgarisation s’était déroulée dans toutes provinces grâce à l’organisation huilée de la commission Justice et Paix de la CENCO.
L’église catholique de la RDC tenait à expliquer au peuple les tenants et les aboutissants de cette nouvelle constitution qui avait pour mission de poser les bases de la troisième République. À l’issue du vote référendaire, la CENCO n’avait jamais protesté contre cette constitution ni n’a traité celle-ci de “toxique “, contrairement aux allégations de monsieur Kabuya. L’église catholique avait respecté la volonté du souverain primaire à l’issue du référendum populaire du décembre 2005 et avait vivement encouragé le peuple congolais à aller aux urnes pour se choisir un président selon la nouvelle loi en vigueur.
Lorsqu’Augustin Kabuya renchérit : « Il est tout de même curieux de constater que ces derniers sont devenus aujourd’hui des véritables défenseurs de la même Constitution que nous avons TOUS DÉCRIÉE en son temps. », il dit une contre-vérité historique. L’église est restée défenseur de cette constitution dès le vote référendaire de décembre 2005 puis en 2015 lorsque Joseph Kabila voulait toucher aux articles verrouillés pour se maintenir au pouvoir jusqu’en 2024 ( cette année en cour) où le régime actuel qui en a été un défenseur acharné hier dans l’opposition entre en contradiction avec lui-même, visiblement pour des objectifs politiques inavoués.
Notez bien sur cette question sensible de la constitution, que jusqu’en 2015, la CENCO et l’UDPS émettaient sur la même longueur d’ondes pour défendre la constitution contre toutes velléités de son changement par le régime Kabila. À cause de cet âpre combat pour défendre la Constitution, l’Eglise a perdu beaucoup de vies humaines parmi ses fidèles chrétiens et a subi beaucoup d’humiliations et des sévices corporels sur des abbés, religieux et religieuses. L’UDPS également compte en son sein une longue liste macabre de martyrs de la constitution tombés sous les balles des barbouzes de Kabila.
Affirmer publiquement aujourd’hui que l’église catholique a décrié la constitution de 2006 est gravissime quand un tel mensonge sort de la bouche d’un grand dignitaire du pays. La vérité est que la position de l’église catholique est restée CONSTANTE depuis 2005 jusqu’à ce jour. Et si Étienne Tshisekedi invoqué par Kabuya pour saborder la constitution, avait à son tour décidé de se présenter aux élections de 2011, c’est en fonction de ce qu’il a affirmé lui-même dans une mise au point au micro d’une journaliste en février 2011 : « L’Etat de droit, l’UDPS entend le construire à travers le respect strict des textes de la constitution du pays».
Attention ! Attention!!! Tous les moyens ne sont pas bons pour parvenir à ses fins…
Germain Nzinga

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