[vc_row][vc_column][vc_column_text]En réalité, le mois de Ramadan a pris un nouveau caractère dans la société marocaine et est devenu une tradition à part entière et une culture sociale qui a évolué au fil des ans.
Ces changements s’accumulent et prennent forme d’une année à une autre. Je ne vois pas négativement la mutation du Ramadan, mais je pense que ce développement social « Ramadanien » a des côtés fortement positifs.
Notre société vit un changement majeur avec la transformation des événements religieux en événements festifs, tels que ce que nous voyons dans le christianisme, où la célébration de la naissance de Jésus n’est plus un événement religieux, mais une fête sociale où des cadeaux sont échangés, des dîners familiaux organisés. Aussi bien les religieux que les athées et même les personnes d’autres confessions célèbrent cette occasion comme une habitude culturelle et sociale.
Il est également étrange que des citoyens marocains, bien qu’ils ne soient pas chrétiens, préparent et organisent le repas traditionnel du 24 décembre en famille avec le sapin décoré et l’échange des cadeaux. D’ailleurs, les supers marchés marocains vendent tout le nécessaire pour cette soirée (les marrons, la dinde, le foie gras, les huitres, les œufs de poisson, le sapin et ses décorations, ainsi que des coffrets de cadeaux).
Je constate ainsi que le Ramadan a commencé à prendre ce caractère social en préparant le « ftour »* entre familles et amis. Même ceux qui ne jeûnent pas organisent et participent aux « ftour »* par exemple. C’est la raison pour laquelle nous voyons les marocains préparer des « ftour »* en quantité énormes sans même consommer le tiers des plats. Le « ftour » est devenu une nouvelle tradition qui répond à un ensemble de règles traditionnelles, surtout en présence de familles et d’amis.
En d’autres termes, habituellement lorsque les marocains reçoivent des invités, ils leurs préparent des tonnes de nourritures pour les honorer, ainsi ils répètent la même tradition à chaque « ftour »* du mois de ramadan, d’où les énormes achats et prélations que nous observons pendant le mois de ramadan.
Pour la forte pratique culturelle pendant Ramadan, nous constatons également un changement dans notre société à l’image des sociétés chrétiennes. La nuit de Noël, nous voyons les églises remplies et parmi les croyants, beaucoup ne pratiquent pas leur religion quotidiennement durant l’année. Cette célébration est devenue une tradition sociale.
En ce qui concerne notre société, un très grand nombre de croyants pratiquent Taraweeh, devenant une tradition sociale à laquelle nous n’étions pas habitués dans les années soixante et soixante-dix, d’autant plus que nous voyons aujourd’hui des femmes, des jeunes hommes et des jeunes femmes exerçant les prières de Taraweeh et portant des vêtements traditionnels.
La preuve que le Ramadan est devenu un mois de fêtes et de traditions sociales est la préparation que nous voyons des semaines avant le Ramadan, comme la préparation des « djellabas », pour pratiquer Taraweeh, aussi bien par des femmes que par les hommes, la préparation des gâteaux et sucreries traditionnels, la préparation des programmes de divertissement dans toutes les villes marocaines « les nuits de Ramadan » et des soirées artistiques et comiques. Aussi, la radio et la télévision à leur tour préparent des programmes « ramadanien ».
Le Ramadan a été un mois caractérisé uniquement par la spiritualité, mais maintenant la société l’a enrichi avec le « ftour », les Taraweeh et les animations et soirées et je trouve cela très beau.
Docteur Jaouad MABROUKI
Expert en psychanalyse de la société marocaine et arabe
*repas de rupture du jeûne[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]