TRIBUNE. Le tout nouveau promu Général Muhoozi ( fils de Museveni et successeur putatif de ce dernier) venait de poster ce matin une série de tweets qui ont semé la panique dans des pays voisins.
Tenez! Ce mardi 4 octobre 2023 à 9:32, il publiait une carte géographique assortie du message ci-après: “To all compatriots, fellow country men and women. Uganda and Kenya. I say we must all conquer our fears. These colonial borders must fall!” . À tous mes compatriotes, aux messieurs et mesdames ressortissants des pays voisins, Ouganda et Kenya, je dis que nous devons vaincre nos peurs. Les frontières tracées par les colons doivent disparaître.”,
Deux heures plus tard, il ajoute qu’il en a discuté avec son père de président et lui a affirmé que lui et la nouvelle génération des jeunes est/africains sont décidés de faire tomber ces frontières artificielles et coloniales.
Pour bien préciser sa pensée – N.B. est-ce son idée propre ou celle de son père? Qu’à cela ne tienne,- il ajoute: “ Après avoir créé la Fédération des États Est-Africains, Kaguta Museveni en sera le Président. Afande Ruto le vice-président. Mon frère Uhuru le ministre des Affaires étrangères. Moi je voudrais juste en devenir le Chef d’Etat-major des armées.” Pour curieux que cela paraisse, aucun débat entre pays membres pour un consensus sur la désignation des animateurs de ce nouvel espace politique de trois pays ni aucune mention d’une autorité tanzanienne dans la répartition des fonctions à remplir. Quid?
Quand bien même le ministre des affaires étrangères ougandais a, à son tour, émis un communiqué affirmant n’avoir guère la coutume de communiquer la position de son gouvernement via des réseaux sociaux, le mal est fait. Le gouvernement kenyan a pris très au sérieux cette menace et a fait lire un communiqué officiel sur les ondes de radios et télévisions nationales pour imposer un démenti formel aux graves affirmations du fils de Museveni. Il a, par la même occasion, déployé l’armée à Turkana, tout au long de ses frontières avec l’Ouganda.
Qu’en déduire?
Va-t-on Vers une nouvelle guerre dans l’EAC ? Au final quelle est la crédibilité d’une communauté sous-régionale dont les membres effectifs, au lieu de se protéger mutuellement, se complaisent soit à menacer la sécurité des uns des autres soit à se livrer carrément à l’invasion des territoires des pays membres?
J’ai suivi la semaine dernière l’interview du président d’un pays nouvellement entré dans l’EAC et qui vantait le mérite politique de voir son pays devenu plus vaste pour avoir supprimé les frontières en vue de la libre circulation des personnes et des biens. Attention! Mettons-y moins d’enthousiasme et essayons de comprendre d’abord les agendas cachés d’autres pays membres, de peur de poser nos pieds dans un trou de vipères. Les premiers signaux ne semblent pas du tout rassurants.
Et d’autre part, qui dit que l’Ouganda se contentera de présider cette fédération à TROIS pays ? À supposer que ces deux pays soient annexés, ne serait-il pas là le point départ d’une conquête militaire plus large conformément au projet expansionniste de ce leader politique? C’est en tout cas ce que signifie le nouveau slogan du général Muhoozi : “East Africa must be one! One contry. We must be one from Indian ocean to the atlantic! Anyone who says different is ennemi of Africa.” En français : “L’Afrique de l’Est doit être une! Un seul et même pays. Nous devons être un de l’Ocean indien à l’Ocean Atlantique. Quiconque pense le contraire est un ennemi de l’Afrique”.
Un avertissement sévère à l’adresse des congolaises et des congolais qui ont déjà oublié les déclarations du même général Muhoozi qui, lors du déploiement de troupes ougandaises en RDC en décembre 2021 dans le cadre d’une opération militaire contre les ADF, envisageait vouloir contrôler le territoire congolais jusqu’à Kisangani.
Par Germain Nzinga