Pouvons-nous créer un monde exempt de pandémies? C’est la question. Il n’existe pas de garantie mais, avec une préparation méticuleuse et une riposte rapide, nous pouvons éviter que la plupart des flambées échappent à tout contrôle et nous pouvons limiter l’impact de celles qui se propagent au niveau international.
Mais le travail n’est pas réservé à nous qui sommes dans le secteur de la santé. Chacun a un rôle à jouer, de ceux qui assurent la sécurité sanitaire des aliments à ceux qui luttent pour la sécurité dans le monde. Alors, que pouvons nous faire?
Ainsi que je l’ai déjà dit, la clef est de reconnaître que la couverture santé universelle et la sécurité sanitaire sont les deux faces de la même médaille et d’investir dans le renforcement des systèmes de santé partout. La force des systèmes de santé est notre garantie.
C’est la raison pour laquelle l’OMS travaille partout dans le monde pour renforcer les systèmes de santé, fondés sur les soins de santé primaires centrés sur les personnes qui s’intéressent à la promotion de la santé et à la prévention de la maladie en mettant fortement l’accent sur les systèmes de surveillance.
Mais j’étends le champ d’action de l’OMS au delà du domaine technique pour le porter au niveau politique. On observe désormais une dynamique politique sans précédent en faveur de la couverture santé universelle.
À l’Assemblée mondiale de la Santé, en mai 2018, nous mettrons tous les pays au défi de prendre trois mesures concrètes pour inscrire la couverture santé universelle dans la réalité.
Même les meilleurs systèmes de santé ont une marge d’amélioration.
Deuxièmement, nous devons donner la priorité à la recherche et au développement de nouveaux vaccins et médicaments. Le schéma directeur de l’OMS en matière de recherche développement identifie les agents pathogènes risquant le plus de déclencher une épidémie et donne des orientations sur les domaines dans lesquels les investissements sont les plus urgents. Mais cette tâche est difficile car nous avons des millions de virus susceptibles de déclencher une pandémie.
Troisièmement, il est vital de cartographier les capacités mondiales de préparation aux urgences et de riposte. C’est cela même que nous avons commencé à faire avec la Wellcome Trust. Notre but est d’établir une «armée de réserve pour la santé» pouvant être déployée n’importe où dans le monde dans les 72 heures afin d’intervenir en cas de flambées ou d’autres urgences sanitaires. Et nous forgeons un partenariat puissant avec la Banque mondiale à la fois pour la couverture santé universelle et pour la sécurité sanitaire.
Enfin, nous devons établir un financement pérenne du système de sécurité sanitaire mondiale pour prévenir, détecter et combattre les menaces. Les gouvernements doivent passer de la parole aux actes pour assurer un niveau garanti de financement de secours pour les urgences sanitaires.
La concrétisation de ces priorités aura bien sûr un prix, mais une fraction seulement de ce que cela coûterait de ne pas se préparer. Au passage, on estime que la préparation pour éviter ce qu’il s’est passé avec le virus Ebola n’aurait pas coûté plus de 2 millions de dollars (US $). À la fin de la flambée, elle avait entraîné plus de 2 milliards de dollars (US $) de dépense.
Finalement, non seulement il vaut mieux prévenir que guérir, mais c’est aussi moins cher.
Revenons aux bases et investissons dans la prévention, la prévention et la prévention…
Par Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus
Directeur général de l’OMS