Jeune et dynamique, l’artiste peintre Jussie Nsana Bansimba que la rédaction de Pagesafrik (starducongo) a récemment rencontrée à Brazzaville alors qu’elle venait voir comment organiser une exposition au Musée Galerie du Congo a dit sans risque de se tromper que les arts plastiques étaient le départ de tous les métiers de la société.
Naissance et renforcement du talent de dessinatrice
C’est à force de recopier les dessins avec du papier calque que le talent voit le jour et se développe en elle. Elle peint donc ses premières toiles lorsqu’elle est en classe de Première et les présentent dans des espaces publics comme le marché du plateau à Brazzaville. Elle devient ensuite de plus en plus attirée par le dessin. Ses parents le comprennent et l’orientent vers sa passion tout en l’encourageant à aller étudier à l’académie des beaux arts de Brazzaville. Elle y passe quatre ans de formation qui lui permettent d’enseigner les d’arts plastiques.
C’est en 2008 qu’elle est affectée à Pointe-Noire au collège Docteur Moe Poati où elle travaille depuis sept ans. Mlle Jussie cumule en elle des talents de Bédéiste, de peintre et de vidéaste qu’elle vit considère ses trois passions. Elle se professionnalise en BD en 2005 à l’issue d’un atelier au centre culturel français de Brazzaville. C’est là qu’elle rencontre l’un des grands noms de la bande dessinée congolaise, Ferdinand Kombo. «J’ai ensuite adhéré à son association».
Elle reconnait qu’elle ne connaissait pas le langage du domaine dans lequel elle venait de s’engager. C’est en participant aux ateliers du CCF et au siège de l’association qu’elle renforce ses connaissances dans ce langage et dans le domaine.
A son arrivée à Pointe-Noire, elle intègre un autre collectif dénommé Ponton BD. Elle a aussi la chance de travailler avec de grands noms du Zaïre, notamment Assimba Batchi et Barli Barotchi. Ces contacts lui permettent de mieux se professionnaliser.
En 2009, elle s’intéresse à la recherche des festivals. Elle tombe sur un festival Malien qui lui répond qu’il n’a pas suffisamment de ressources financières pour accueillir des artistes étrangers. Il lui donne toutefois des contacts de deux festivals d’Alger auxquels elle participe. Le premier, La Panafricaine des Cultures. Elle y est publiée avec une soixantaine d’autres artistes africains. En octobre 2009, elle participe à un colloque portant sur la femme à l’assaut de la bande dessinée. Des femmes sont venues des Etats-Unis, d’Europe et d’Afrique pour débattre de ce thème de la bande dessinée.
«Dans ce monde, il y a plus d’hommes que de femmes», affirme-t-elle, estimant que ce talent ne peut les empêcher de travailler malgré le fait qu’il y ait plus d’hommes que de femmes dans le domaine. C’est là sa première sortie en tant que femme artiste. Elle va ensuite à Yaoundé au Cameroun sur invitation d’amies rencontrées à Alger. Elle participe aussi au festival Luanda Cartoon où elle est l’unique femme à y prendre part.
Des expositions
Jussie participe à plusieurs expositions à Brazzaville et à Pointe-Noire. Elle est lauréate d’un prix «Sony citoyen de notre temps» organisé par le CCF à l’époque. Il y a eu aussi les rencontres contemporaines d’art de Brazzaville par Les ateliers Sam en 2012.
Lors de la seconde édition, elle remporte le premier prix de la vidéo. L’année dernière, elle a travaillé avec Matombi Production.
Gestionnaire d’une association
Le désir d’aller plus loin la pousse à mettre en place une association dénommée Espace Nsan’art à travers laquelle elle donne un peu de son précieux temps aux enfants. Elle encadre les enfants dans le domaine de la peinture. Elle explique qu’à son affectation à Pointe-Noire, elle a créé un festival d’art pour enfants et jeunes qu’elle appelle «Anime tes vacances».
Chaque année, elle invite des amis artistes professionnels à venir animer des ateliers pour les enfants. «Pour moi, c’est ma petite contribution pour aider ces enfants à ne pas errer dans le rue», dit-elle. Elle y pense parce que les enfants n’ont pas assez d’activités pendant les vacances. En août prochain, Jussie sera à sa septième année depuis qu’elle a décidé de rapprocher l’art des enfants et des jeunes. Elle remercie toutes ces personnes de cœur qui la soutiennent sans rien attendre en retour. Elle informe que cette septième édition concerne le quartier très reculé de la ville de Pointe-Noire, notamment le quartier Vindoulou. L’association reçoit une trentaine d’enfants pendant les vacances et a actuellement dans son atelier Musique des jeunes de 14 ans qui ont déjà produit des chansons à caractère éducatif. Il y a aussi dans les ateliers de peinture des toiles. Elle déplore le manque de pratique dans les écoles publiques où il y a plus de théorie que de pratique.
Ses activités consistent à faire de sorte que l’enfant pratique l’art, qu’il apprenne à prendre le pinceau, à créer et à chanter. L’enfant doit toucher à la matière pour qu’il sache ce que c’est.
L’artiste souligne que des enfants fuyaient ses cours au collège et lui répliquait qu’ils ne seront pas des enseignants d’art plastique. Les arts plastiques sont, conseille-t-elle, un appui aux autres disciplines à l’école. «Je tente de faire comprendre aux enfants que le dessin est la base de tout parce que le bus, la maison ou autre chose est avant tout un dessin», martèle-t-elle. Pour elle, les arts plastiques sont le départ de tous les métiers de la société. J’invite toujours les enfants à ne pas négliger le dessin.
«Mon plus grand projet est de construire des espaces de loisir pour les enfants» à Brazzaville comme à Pointe-Noire.