Perenco, 30 ans à siphonner le pétrole congolais avec la complicité des pillards locaux

TRIBUNE. Le samedi 03 décembre 2022 au Derrick à Pointe-Noire, la société pétrolière Française Perenco a célébré à la dérobée, les 30 ans de sa présence en République du Congo.

Lors de cette célébration, les invités ont remarqué l’absence des autorités congolaises, même le ministre de tutelle n’a pas fait le déplacement de Pointe-Noire.

Certains justifieront l’absence du ministre par le fait que le PDG de Perenco, M. François Perrodo et le CEO de son empire, ont tous les deux séché la cérémonie, certainement occupé à préparer le championnat du monde d’endurance de la FIA (Fédération Internationale de l’Automobile), auquel Monsieur le PDG est très engagé comme pilote automobile. Quant au CEO, aux dernières nouvelles, il serait toujours en train de peaufiner son discours bilan de 30 ans.

30 ans pour quel bilan ?

La société Perenco s’est dotée d’une formule très chère qui a accompagné l’écu dans ses armoiries à savoir « le Pétrole est une aventure ». Il est bien clair que dans une aventure chaque centime compte. Il faut faire sur du vieux pour rentabiliser l’énergie mise en mouvement parce qu’on ne sait pas de quoi sera fait le lendemain.

Pour un aventurier, la fin justifie les moyens. Peu importe la méthode, ni les moyens pour parvenir à cette fin. L’aventurier vit d’expédients, de moyens peu recommandables. C’est ce qui explique le bilan approximatif des 30 années passées au Congo par Perenco.

En voici quelques points pris au doigt mouillé.

1- Un navire d’occasion à étrave renforcée pour briser la glace, transformé en stockeur par Dixtone (une des sociétés de François Perrodo) et facturé à la République du Congo à plus de 182 milliards francs CFA, auxquels s’ajoutent des honoraires et intérêts divers d’environ 10 milliards francs CFA, soit un coût global de plus ou moins 200 milliards francs CFA.

Soulignons que cette opération a été réalisée sans appel d’offres. Et le prêteur des fonds n’est autre que Perenco Service Limited, une autre société de François Perrodo, dont le siège se trouve dans un pays classé parmi les paradis fiscaux.

2- Un rig de forage de pétrole d’occasion, en fin de vie, désuet et déclassifié, donc destiné à la démolition pour être vendu au prix de la ferraille est en cours de transformation par Perenco en plateforme (DAGDA) sur le Permis Tchibeli.

Le Congo ne disposant pas de chantier naval, c’est la cavalcade du côté de l’opérateur Perenco qui n’a ni habilitation ni qualification nécessaire pour mener directement une telle opération dans les eaux congolaises.

Le coût de cette opération sera imputé aux coûts pétroliers, jusqu’au dernier dollar, donc au trésor public congolais.

Pour être complet, le DAGDA appartient à la société Petrofort, une des innombrables sociétés de la famille Perrodo.

3- Du personnel expatrié exerçant des tâches de soudeurs, mécaniciens, électriciens en Offshore. Les Congolais n’ont-ils pas des compétences nécessaires pour de tels emplois ?

4- Du personnel de bureau et de la base industrielle considéré comme des moyens et non des ressources, dans une situation de précarité extrême, travaillant à la fois, pour deux, voire trois sociétés de la famille Perrodo au Congo, sans prime, ni indemnités exceptionnelles, ni paiement des heures supplémentaires.

5- Un record inédit de procès avec le personnel au tribunal de travail ; au tribunal correctionnel et au tribunal de commerce et de travail avec des tiers (plus d’une douzaine de procédures pendantes dans les tribunaux depuis le début de l’année). Un palmarès hors de portée de Total E&P qui culmine plus de 50 ans de présence en République du Congo et irréalisable par Eni Congo et Chevron.

Avec ce traitement, quand l’agent veut faire valoir ses droits à la retraite, on le retient deux ou même trois ans de plus, en entendant de lui trouver, soit deux expatriés en remplacement, soit un remplaçant congolais digne de se faire étriller.

Retraité, il a droit à 36 mois de prise en charge sanitaire dans les cliniques locales, alors que chez Total E&P et Eni Congo, la prise en charge sanitaire des retraités est viagère.

6- Avec environs 90000 barils jour, Perenco a 130 agents permanents, alors que Eni Congo emploie plus de 500 agents permanents avec moins de 70000 barils jour.

En somme, alors que dans les monarchies du Golfe et partout dans le monde le pétrole a tout d’une bénédiction, dans notre pays, cette ressource qui génère des revenus considérables, se révèle être aux yeux des congolais une malédiction, comme diraient certains, l’excrément du Diable.

Disons clairement que ce n’est pas le pétrole qui rend pauvre, accroit la pauvreté et les inégalités, affaiblit les services publics et la démocratie, développe la corruption, le laxisme administratif et fiscal.

Le véritable problème vient du fait que les médiocres institutions de notre pays sont entre les mains d’une minorité de privilégiés qui, avec des contrats opaques et des transactions douteuses avec les sociétés pétrolières de la place à l’image de Perenco, grugeraient les pauvres congolais, véritables propriétaires des ressources tirées du sous-sol.

Oui, Perenco c’est 30 ans de présence dans notre pays, mais aussi 30 ans d’exploitation et de mépris pour ses salariés; de pauvreté, misère et souffrance pour les congolais.

Un de ces jours on gagnerait à demander des comptes à ces sociétés pétrolières et à savoir pourquoi un pays riche ne se transforme pas, décline chaque jour d’avantage au point que son peuple couche sur la dure et bouffe de la vache enragée.

Tenu en respect par un dispositif inquiétant, il souffre en silence. A quand un non vigoureux qui dise là ça suffit. Ça vole l’argent, ça triche aux élections, ça dévergonde nos enfants, la morale n’en finit pas de céder le pas et le peuple ne bronche pas.

Le coup de boutoir qui arrêtera cette association de malfaisants qui martyrisent un peuple qui n’a pas perdu sa mémoire mais qui a perdu tout espoir d’un avenir aguichant, est au bout de la rue.

Que Dieu bénisse le Congo-Brazzaville.

Laurent DZABA
Président du Mouvement Panafricain et Citoyen

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *