Selon un nouveau rapport de la Banque mondiale, « Unrealized Potential: The High Cost of Gender Inequality in Earnings », les écarts de revenu entre les hommes et les femmes représenteraient une perte immense pour l’économie mondiale.
D’après le document, qui analyse le coût économique des inégalités hommes-femmes en termes de pertes de capital humain, « les écarts de revenu tout au long de la vie entre les hommes et les femmes amputent la richesse des pays de 160.000 milliards de dollars, soit en moyenne 23.620 dollars par personne dans les 141 pays couverts », souligne l’institution internationale.
« Ce chiffre sans appel vient rappeler aux dirigeants mondiaux qu’ils doivent agir maintenant et avec détermination pour investir dans des politiques qui favorisent l’accès des femmes à des emplois plus nombreux et de meilleure qualité et qui plaident en faveur de l’égalité salariale », estime la directrice générale de la Banque mondiale, Kristalina Georgieva.
A en croire la Banque mondiale, les pertes les plus importantes se situeraient entre 40.000 et 50.000 milliards de dollars dans chaque cas et seraient observées en Asie de l’Est/Pacifique, en Amérique du Nord ainsi qu’en Europe/Asie centrale.
Le manque à gagner lié à ces inégalités de rémunération est important dans ces régions du fait qu’elles contribuent le plus à la richesse du capital humain dans le monde, explique l’institution soulignant que les pertes dans les autres régions sont loin d’être négligeables.
En effet, d’après les chiffres publiés dans ce rapport, le coût économique des inégalités hommes-femmes est estimé à quelque 9.100 milliards de dollars en Asie du Sud et à 6.700 milliards de dollars en Amérique latine/Caraïbes.
Le rapport, paru juste avant la prochaine réunion du G7 prévue les 8 et 9 juin à à La Malbaie, dans la région de Charlevoix (Canada), fait également apparaître que les chiffres avoisinent les 3.100 milliards et 2.500 milliards de dollars respectivement au Moyen-Orient/Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne.
Il faut toutefois souligner que si, en valeur absolue, les pertes dans les pays à faible revenu sont plus faibles que dans le reste du monde, la Banque mondiale assure qu’«elles sont plus importantes que partout ailleurs rapportées à la dotation initiale en capital humain ».
En outre, qu’il s’agisse de revenus ou de participation à la population active, ce n’est un secret pour personne que les femmes sont pénalisées par rapport aux hommes dans la quasi-totalité des pays du monde.
D’ailleurs, « la contribution des femmes au capital humain d’un pays, définie comme la valeur des gains à venir de sa population adulte, ne ressort donc qu’à 38% en moyenne », note le rapport ajoutant que cette contribution représente au maximum un tiers de la richesse du capital humain dans les pays à revenu faible et intermédiaire de la tranche inférieure.
Qu’à cela ne tienne, les auteurs du rapport assurent que la parité des revenus est possible pourvu que des programmes et des politiques facilitant l’accès des femmes au travail, aux infrastructures de base et aux services financiers soient mis en place.
Mais pas que. Il faut encore veiller à ce que des contrôles sur les terres soient effectués si l’on veut véritablement corriger les inégalités et parler de parité des revenus.
D’après l’auteur du rapport, Quentin Wodon, «le capital humain représente désormais les deux tiers de la richesse des nations, loin devant le patrimoine naturel et les autres formes de capital».
Pour cet économiste principal au sein de la Banque mondiale, «les femmes gagnant moins bien leur vie que les hommes, le niveau de richesse du capital humain à l’échelle planétaire est inférieur d’environ 20 % environ à ce qu’il pourrait être».
Alain Bouithy