Notes de voyage : Les filles et fils du Pool du Kouilou au cœur de la crise du Pool

Du 20 octobre au 10 novembre 2016, nous avons passé trois semaines au pays, plus précisément à Brazzaville et à Pointe-Noire. Aussi avons-nous été marqué par la situation on ne peut plus dramatique qui prévaut dans le Pool. Triste réalité !

En 1998, les confrontations des Nindjas et Nsiloulous sous la direction du pasteur Ntoumi avec les forces de l’ordre faisaient plusieurs victimes dans le Pool. Chaque partie belligérante avait eu « sa part de morts et de blessés », surtout du côté des populations du Pool avec le phénomène Saint Michel introduit curieusement dans la région. Malgré toutes ces exactions restées impunies, des « Accords de paix et de cessation des hostilités dans le Pool » furent signés. Et la région retrouva la paix qui permit aux populations de se remettre au travail jusqu’à fêter en 2012 la Municipalité Accélérée de la région du Pool dans la paix et « la tranquillité des esprits » en présence du président de la République qui avait même passé la nuit à Kinkala.
En qualité de Délégué général auprès du président de la République, avec rang de Ministre, le pasteur Ntoumi devait en principe être présent aux Conseils des ministres pour défendre la mise en œuvre de la mission à lui confiée pendant la signature des « Accords de paix et de cessation des hostilités dans le Pool ». Pourquoi ce couac ? Jamais les Congolais en général et les populations du Pool en particulier n’en sauront les raisons.
Hélas ! Après la dernière élection présidentielle, plus ou moins contestée par l’opposition, pluralisme démocratique oblige, les Congolais, plus particulièrement les populations du Pool, ont repris à vivre avec la violence qui a atteint son paroxysme avec les bombardements par des hélicoptères de combat dans la région du Pool, même si curieusement le Premier Ministre ne semble pas être au courant de ces bombardements qu’il aurait niés au cours d’une interpellation du gouvernement par l’Assemblée.

Quelques semaines passées au pays, plus précisément à Brazzaville et à Pointe-Noire, un constat a été fait : la capitale coupée du reste de la partie méridionale pendant un certain temps (trafic interrompu au niveau des routes carrossables et ferroviaire avec un déraillement spectaculaires au niveau du PK Mfilou d’un train transportant du carburant) m’ont permis de constater la pénurie de quelques produits vitaux comme l’essence, le gaz oïl et quelques denrées alimentaires en provenance de la partie Sud du pays. Ici devrait être interpelée l’armée qui n’arrive pas à rétablir l’ordre dans le Pool comme elle l’avait fait en 1988 dans la région de la Cuvelle centrale, à Ikonongo quand le capitaine Pierre Anga s’était rebellé.

Le 31 octobre 2016, dans la salle de l’Hôtel « Le Gilbert’s » à Pointe-Noire, les filles et fils du Pool de la région du Kouilou prenaient leur courage pour condamner avec la dernière énergie les atrocités qui se perpétuent dans leur région. Aussi la confrontation entre les forces de l’ordre et les partisans du pasteur Ntoumi a provoqué des déplacements des populations vers Brazzaville et vers la Bouenza proche où Loudima a accueilli un grand nombre des rescapés du Pool. Aussi, la rencontre de l’Hôtel « Le Gilbert’s » a exhorté les déplacés du Pool « à ne pas céder au désespoir mais plutôt de composer avec les forces de l’ordre pour traquer Ntoumi jusqu’à son dernier retranchement afin de ramener la paix, de sauver l’année scolaire 2016-2017 dans le Pool, de rétablir la circulation des personnes, des biens et de relancer les flux économiques ». Soit ! On peut féliciter ces filles et fils du Pool du Kouilou pour leur initiative. Mais le problème du Pool étant national (le Pool malade politiquement et économiquement condamne obligatoirement Brazzaville, qu’il jouxte, dans une léthargie notoire, comme on le constate malheureusement ces derniers temps. Aussi le reste du pays se voit condamné à subir indubitablement les effets de cette « secousse » du Pool.
Il faut voir comment vivent les larges masses populaires pour constater que le social commence à prendre un coup avec la crise financière qui ne dit pas son nom à cause de la chute du baril de pétrole. Les retraités sont déjà des maltraités avec des arriérés de pension, les grèves en perspective comme on l’a constaté au niveau de la Morgue municipale. Les étudiants sont obligés de rentrer en grève pour pousser les instances universitaires à payer leur bourse. Aussi il serait maladroit que les populations du Pool soient pris en otages tant par les partisans armés de Ntoumi que par certains éléments de la force publique. Le problème du Pool doit vite trouver une solution pour éviter la descente aux enfers de tous les Congolais, toutes obédiences politiques confondues car le Congo est un et indivisible. Et l’appel de l’Hôtel « Le Gilbert’s » de Pointe-Noire devrait apostropher les autres filles et fils du Pool sur l’étendue du pays, et pourquoi pas tous les Congolais pour interpeler les belligérants de cette « pagaille » organisée dans le Pool.

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