Musique. Paule Nana Poati : «Une artiste peut être également une bonne femme au foyer»

19L’artiste musicienne, Paule Nana Poati, a dit à Pagesafrik (ex Starducongo), le 25 septembre 2016 à Diosso dans le département du Kouilou, que ceux qui pensent qu’une artiste ne peut pas être une bonne femme au foyer se trompent. Elle est convaincue qu’une artiste peut également être une bonne femme au foyer.

Pourquoi chantez-vous ?

P.N.P : Je chante depuis l’âge de treize ans. J’ai fait mes premiers pas dans des ballets, des groupes vocaux de quartiers avant de migrer vers cet orchestre, «Lélo-Lélo», que j’ai intégré en 2006. Cela fait donc sept ans depuis que je tiens le micro dans cet orchestre. Ce que je garde comme un souvenir véritablement émouvant, c’est l’accueil dont j’ai fait l’objet de la part de mes sœurs qui y étaient avant moi.

Y trouvez-vous votre compte ?

P.N.P : Je crois qu’on fait avec. L’Afrique est culturellement riche mais les acteurs culturels congolais sont pauvres et abandonnés à leur triste sort. Ils ne sont pas assistés. J’ose affirmer qu’on se retrouve tout de même avec le peu qu’on gagne dans cette ambiance. La musique nous aide dans beaucoup de choses.

Chantez-vous simplement ou composez-vous aussi des chansons ?

P.N.P : Je suis une artiste musicienne complète. Je suis aussi compositrice. On ne peut garder la même position pendant toute la vie. Je suis entrée dans cet orchestre comme une chanteuse-danseuse. J’ai déjà six chansons à mon actif. Je suis même dans un studio d’enregistrement.

N’avez-vous pas de contradictions avec votre famille ?

P.N.P : Il n’y a rien du côté des parents. J’ai au contraire leur soutien. Ma mère était une grande choriste à l’église. Mes parents sont contents de ce que je fais. Tout le monde aime la musique dans notre famille. C’est du côté des voisins que je rencontre des problèmes. On raconte que les femmes artistes musiciennes ne sont pas responsables et qu’elles ne seraient pas faites pour le foyer. C’est faux. Ce sont des inepties. La musique est comme tout autre travail. Je suis comme une personne qui travaille dans un bureau. La différence, c’est que mon bureau, mon travail, c’est la musique. A ce propos, je viens de composer une chanson intitulée «Les ont dit» pour parler à ces gens qui nous jugent négativement et pour dénoncer leur mauvaise manière de penser.

Je suis scandalisée d’entendre des gens affirmer qu’ils ne peuvent pas être avec une femme artiste musicienne. Ils se trompent. Les chanteuses ont bel et bien une place dans un ménage.

Envisagez-vous dans ce cas de vous marier et de fonder une famille ?

P.N.P : Oui, je l’envisage. C’est mon droit, je pense. Ce n’est pas de ma faute si la musique fait partie de moi. Celui qui voudra m’épouser devra me comprendre et mieux, aimer la musique. Dès qu’il s’opposera à ce que je fais, c’est-à-dire, à la musique, il fera à ce moment-là une déclaration de non-amour. Je conclus qu’il s’opposera à mon travail. La musique ne pourra pas m’empêcher d’être heureuse avec mon homme.

L’avenir ?

P.N.P : Je le vois en rose. Je pense à la formation d’un orchestre et à l’encadrement des jeunes. Je n’oublie pas que j’ai été moi-même encadrée par celles qui m’ont reçue dans «Lélo-Lélo».

Propos recueillis par Florent Sogni Zaou

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