Les impacts de la crise due au coronavirus sur l’économie marocaine n’auraient pas mis à genoux le secteur des assurances, si l’on en croit le rapport sur la stabilité financière 2020 publié dernièrement par Bank Al-Maghrib, l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) et l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC).
En effet, malgré la forte contraction de l’activité économique consécutive aux effets de la crise sanitaire, il a pu maintenir sa croissance avec des primes émises en affaires directes de 45,1 milliards de dirhams (+1%), en décélération par rapport à 2019 (+8,6%), a indiqué la Banque centrale.
Selon Bank Al-Maghrib, « cette croissance, en temps de crise, n’a été possible que grâce à l’entrée en vigueur du régime obligatoire de couverture des conséquences d’événements catastrophiques qui a généré, pour le volet assurantiel, des primes émises de 476,7 millions de dirhams ».
Comme l’a relevé la Banque centrale dans son rapport, « sans l’apport de la garantie des conséquences des évènements catastrophiques, l’activité du secteur des assurances aurait stagné en 2020 ».
On retiendra également dudit rapport qu’en réassurance, les primes acceptées ont affiché une croissance très marquée de 45,9% à 3 milliards de dirhams, peut-on lire.
Selon les explications de BAM, cette nette progression provient des flux d’acceptation générés par la garantie contre les conséquences d’évènements catastrophiques qui ont atteint +361,3 millions de dirhams et de la hausse des acceptations des affaires facultatives marocaines qui s’est chiffrée à +341 millions de dirhams.
Le rapport attribue également cette hausse à l’augmentation des acceptations des affaires étrangères dont le montant s’est élevé à +116 millions de dirhams.
La Banque centrale en déduit que le chiffre d’affaires du secteur, acceptations comprises, s’est ainsi élevé à 48,1 milliards de dirhams, correspondant à une amélioration de 3% par rapport à 2019.
Il est à noter que le taux de pénétration de l’assurance (primes émises directes rapportées au PIB) s’est apprécié à 4,1% contre 3,9% en 2019, comme l’a noté Bank Al-Maghrib dans son rapport soulignant que cette progression est attribuée principalement à la baisse du PIB national.
En détail, le rapport fait état d’une contraction des assurances vie et capitalisation de 0,3% à 20,4 milliards de dirhams, marquant une rupture avec la croissance enregistrée ces dix dernières années.
Principale composante de la branche, l’épargne a réalisé des évolutions contrastées, fait-il remarquer. « Les supports en dirhams accusent une baisse de 1% à 16,1 milliards de dirhams, au moment où les unités de compte continuent sur la dynamique amorcée en 2014 et progressent de 15,7% à 1,4 milliard de dirhams », souligne-t-on tandis que l’assurance décès a, pour sa part, accusé un repli de 3,2% à 2,9 milliards de dirhams.
Poursuivant son analyse, BAM ajoute qu’« avec cette contre-performance, l’assurance vie et capitalisation voit son apport dans le chiffre d’affaires total baisser à 45,2% contre 45,8% un an auparavant ».
En ce qui concerne les assurances non vie, il apparaît qu’elles ont maintenu une croissance de 2,2% à 24,7 milliards de dirhams. Cette évolution aurait profité à la fois de l’apport de la nouvelle garantie contre les conséquences d’événements catastrophiques et de la bonne performance de l’assurance « incendie et éléments naturels », a affirmé la Banque centrale.
Il est à noter que l’assurance automobile, qui draine l’essentiel du chiffre d’affaires non vie, a, en revanche, marqué une quasi-stagnation pour s’établir à 12 milliards de dirhams.
Mesurée par l’indice Herfindahl-Hirshman, BAM affirme que la concentration du secteur des assurances s’est située à 0,116 traduisant un marché moyennement concentré. « Comparée à 2019, la concentration du marché a légèrement augmenté, suite à l’opération de fusion-absorption de Sanad par Atlanta », a-t-elle indiqué.
En raison du nombre réduit des acteurs actifs sur ce segment et d’une répartition asymétrique de leur part de marché, la concentration est demeurée élevée (IHH à 0,178) en assurance vie.
Dans ce rapport, il ressort de l’analyse par catégorie des niveaux de concentration disparates entre les différentes composantes de l’assurance non vie.
Selon BAM, le niveau est moyen pour les catégories «Automobile», «Responsabilité civile générale», «Incendie et éléments naturels» et «Accidents du travail et maladies professionnelles», tandis que l’assistance-crédit-caution et les autres opérations non vie (grêle, mortalité du bétail, vol, risques climatiques) se démarquent par des niveaux de concentration élevés.
Quant à « l’assurance-crédit, l’année a été marquée par une baisse du niveau de concentration, liée à une redistribution des parts de marché entre assureurs crédit », a noté le rapport.
Soulignons qu’au terme de l’année écoulée, le résultat net agrégé des entreprises d’assurances a concédé 21% à 2,9 milliards de dirhams et que ce recul a concerné aussi bien le résultat technique (-12,6%) que le résultat non technique (-424,5%).
« En incluant les réassureurs exclusifs, le résultat net cumulé s’établit à 3,2 milliards de dirhams, en baisse de 18,7% par rapport à 2019 », a-t-on précisé.
En outre, « avec la chute marquée du résultat net et l’augmentation des capitaux propres de 5,0%, à 40,1 milliards de dirhams, le rendement moyen des fonds propres (ROE) passe de 9,6% en 2019 à 7,3% en 2020 », a indiqué BAM.
Dans son rapport, il apparaît, par ailleurs, que la collecte nette en assurance vie a bien résisté à la crise. En effet, « son montant s’est établi à 7,8 milliards de dirhams accusant une baisse cantonnée de 5,8%, à la suite de la hausse des rachats (+5,6%) et de la quasi-stagnation de la collecte (+0,2%) », a constaté BAM.
Alain Bouithy