Après avoir absorbé l’effet négatif de la pandémie sur l’ensemble du secteur, la crise sanitaire ne serait plus qu’un lointain souvenir pour l’industrie aéronautique nationale.
C’est du moins ce que laisse penser le président du MIDPARC et de l’Institut des métiers de l’aéronautique (IMA), Hamid Benbrahim El Andaloussi, qui note une progression de l’ordre de 50% de l’écosystème aéronautique national sur l’ensemble de l’année 2022.
«Cela veut dire que nous avons absorbé l’effet négatif de la crise sanitaire», a-t-il commenté dans un entretien accordé à la MAP soulignant que le secteur a également atteint des chiffres historiques par rapport à l’année de référence 2019.
Selon Hamid Benbrahim El Andaloussi, «l’industrie aéronautique nationale réalise aujourd’hui 2 milliards de dollars de chiffre d’affaires à l’export et pourvoit plus de 20.000 emplois après avoir récupéré, voire dépassé, l’intégralité des 1.200 postes perdus entre 2020 et 2022 pendant la crise sanitaire».
Au cours de cet entretien, le président du MIDPARC a également affirmé que le taux d’insertion des femmes avoisine actuellement les 40%. Ce qui, a-t-il rappelé, « est l’objectif de l’économie nationale pour 2035 » et fait de l’écosystème aéronautique national un acteur pionnier en matière d’inclusion féminine.
A propos des ressources humaines dans les métiers de l’aéronautique dont le Maroc devient un important pourvoyeur et de la place qu’occupe la formation dans la politique d’attractivité du Maroc, Hamid Benbrahim El Andaloussi a d’emblée estimé que si le pays a réussi à se développer dans le domaine de l’aéronautique, c’est parce qu’il a été capable de répondre aux besoins des souscripteurs en termes de talents.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que « lorsque les industriels étrangers veulent s’installer au Maroc, ils apportent la technologie, l’innovation et les marchés. En contrepartie, ils recherchent la possibilité de s’implanter rapidement et dans les meilleures conditions et un capital humain qualifié », a-t-il ensuite expliqué.
D’après lui, ce sont les principales conditions qu’exigent les industriels étrangers désireux d’établir au Maroc une partie de leurs activités. Il se trouve que « nous avons été capable de répondre à ces besoins et d’apporter des solutions avec la plateforme de Nouaceur via la zone franche aéronautique MIDPARC et l’IMA », a-t-il indiqué.
Abordant la question sur les principaux facteurs de compétitivité de la plateforme aéronautique nationale, le président du MIDPARC a souligné que les ressources humaines de techniciens et d’ingénieurs sont le premier facteur d’attractivité.
Il y a un réel engouement pour la plateforme aéronautique marocaine de la part des investisseurs étrangers
Pour lui, il ne fait aucun doute que « le Maroc est un véritable vivier de talents à l’heure où l’on constate une forte tension aux Etats-Unis, en Europe et au Moyen-Orient ». Il est persuadé que le capital humain est une des richesses du Maroc qui est aujourd’hui capable de répondre aux besoins des industriels sur ce volet.
Autre atout et non des moindres dont le Maroc peut se prévaloir : sa position géographique, qui en fait la double porte de l’Afrique et de l’Europe.
A ce propos, Hamid Benbrahim El Andaloussi rappelle que « le Royaume est actuellement la base la plus attractive aux portes de l’Europe et le premier pôle aéronautique africain ».
Aussi, « avec sa plateforme qui comprend 142 sociétés dans différents domaines d’activités comme la production, la recherche et développement et la maintenance, le Maroc se place désormais comme une des bases mondiales les plus attractives et à haute valeur ajoutée », a-t-il également affirmé.
Dans ces conditions, il n’est donc pas étonnant de constater un réel engouement pour la plateforme aéronautique marocaine de la part des investisseurs étrangers.
Il est ainsi tout à fait possible que « nous nous attendons, en 2023 et 2024, à une accélération de l’activité avec l’implantation de nouveaux acteurs sur de nouveaux secteurs importants comme l’entretien, la modification et la transformation des avions », a-t-il confié soutenant que la montée en gamme et compétence et la qualité de l’industrie aéronautique marocaine permettent également d’accueillir de nouvelles activités dans la défense, la sécurité et la recherche technologique.
Etant donné que l’aéronautique est un secteur qui connaît une rupture technologique pour répondre aux exigences écologiques et à la réduction de l’empreinte carbone, « nous nous engageons actuellement dans cette nouvelle phase de transformation du secteur aéronautique », a ajouté Hamid Benbrahim El Andaloussi.
Enfin, sur la part d’intégration locale dans la chaîne de valeur de notre industrie aéronautique, le président du MIDPARC et de l’IMA a indiqué que « le taux d’intégration actuel de l’industrie est de l’ordre de 40%, ce qui en fait un coefficient très respectable et relativement élevé ».
Par ailleurs, dans l’objectif de rendre l’activité des acteurs actuels encore plus compétitive tout en réduisant l’empreinte carbone, « nous œuvrons aujourd’hui conjointement avec les acteurs de référence locaux comme Safran, Spirit et Stelia pour renforcer la supply chain, amener de nouveaux acteurs dans l’industrie et augmenter l’intégration locale », a-t-il poursuivi.
D’après lui, « le récent partenariat entre Figeac et Safran en est un exemple de renforcement de la valeur ajoutée locale ». Lequel partenariat permettra d’installer de nouveaux équipements de haute technologie qui n’existent que dans 5 pays à travers le monde, a-t-il conclu.
Alain Bouithy