Maroc. Difficultés d’approvisionnement en matières premières dans l’industrie manufacturière nationale

Les sanctions économiques prises à l’encontre de la Russie dans le cadre de la guerre qu’elle mène en Ukraine aurait-elle déjà commencé à produire des effets sur l’activité de l’industrie manufacturière marocaine ?

S’il est encore très tôt pour en mesurer l’impact dans le secteur manufacturier national, la rareté de certaines matières premières observée au cours du premier trimestre sonne comme un signal fort pour l’ensemble des entreprises marocaines dépendantes de matières premières en provenance de l’étranger, notamment de la Fédération de Russie.

En effet, au titre du premier trimestre 2022, plus de la moitié (53%) des entreprises de l’industrie manufacturière disent avoir rencontré des difficultés d’approvisionnement en matières premières, principalement celles d’origine étrangère, selon les résultats des enquêtes de conjoncture menées par le Haut-commissariat au plan (HCP) auprès des entreprises relevant des secteurs de l’industrie manufacturière, de l’extractive, de l’industrie énergétique et  de l’industrie environnementale.

Cette situation pourrait avoir été accentuée par des tensions entre la Russie et l’Occident, si l’on en croit les analyses de bien d’observateurs internationaux largement diffusées dans les médias outre Hexagone.

Quoi qu’il en soit, et selon ces enquêtes réalisées au titre du premier trimestre 2022, les stocks de matières premières durant ce trimestre sont pour l’instant situés à un niveau normal alors que la trésorerie est jugée « difficile » selon plus d’un quart des patrons (27%).

Par branche, les enquête du Haut-commissariat révèlent que cette proportion atteint 40% dans le « Textile et cuir ».

Selon les anticipations des chefs d’entreprise pour le premier trimestre 2022, les entreprises de l’industrie manufacturière s’attendent à une stabilité de leur production.

A en croire le Haut-commissariat, ces pronostics seraient attribuables, d’une part, à une hausse de l’activité de la «Métallurgie» et de la «Fabrication d’équipements électriques» et, d’autre part, à une diminution de celle de l’«Industrie chimique» et de l’«Industrie automobile».

En ce qui concerne les anticipations de l’emploi, l’institution publique rapporte que les industriels prévoient globalement une stabilité des effectifs employés.

S’agissant de l’industrie extractive, les entreprises de ce secteur prévoient une baisse de leur production qui « serait imputable principalement à une diminution de la production des phosphates », explique le Haut-commissariat soulignant que les patrons de ce secteur prévoient une baisse au niveau des effectifs employés.

Selon les anticipations des chefs d’entreprise opérant, cette fois-ci, dans le secteur de l’énergie,  la production énergétique connaîtrait une diminution au  premier trimestre 2022, attribuable à une baisse de la «Production et distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air conditionné».

Pour ce qui est du volet « Emploi », les patrons de ce secteur disent s’attendre à une diminution.

De leur côté, et pour le même trimestre, les entreprises de l’industrie environnementale anticipent une stabilité de la production notamment dans les activités du «Captage, traitement et distribution d’eau» et une stabilité des effectifs employés, rapporte le Haut-commissariat.

Des estimations des patrons au titre du quatrième trimestre 2021, il ressort que la production de l’industrie manufacturière aurait connu une augmentation résultat d’une hausse de la production dans les branches de l’«Industrie alimentaire», de la «Métallurgie» et de la «Fabrication d’autres produits minéraux non métalliques» et d’une baisse de la production dans les branches de la «Fabrication de boissons» et de la «Fabrication d’équipements électriques».

Selon le Haut-commissariat, les carnets de commandes du secteur ont été jugés d’un niveau normal par les patrons et l’emploi aurait connu une stabilité.

Globalement, les chefs d’entreprise opérant dans l’industrie manufacturière estiment que le taux d’utilisation des capacités de production (TUC) dans ce secteur se serait établi à 75%.

La production de l’industrie extractive aurait de son côté affiché une baisse imputable à une diminution de la production des phosphates, selon les patrons du secteur. Ces derniers assurent que les carnets de commandes se seraient situés à un niveau normal mais que l’emploi aurait connu une baisse.

En ce qui concerne la production de l’industrie énergétique, tout porte à croire qu’elle aurait connu une baisse au cours des trois derniers mois de l’année écoulée, suite principalement à la diminution de la «Production et distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air conditionné».

Selon les patrons de ce secteur, les carnets de commandes ont été d’un niveau normal et l’emploi aurait même connu une augmentation.

Quant à la production de l’industrie environnementale, elle aurait enregistré une stabilité qui s’explique par la stagnation observée au niveau de l’activité du «Captage, traitement et distribution d’eau». Tandis que les carnets de commandes se seraient établis à un niveau normal et l’emploi aurait connu une stabilité.

Dans sa note d’information, le Haut-commissariat précise que « le remplacement d’une partie des équipements et l’extension de l’activité auraient fait l’objet des principales dépenses d’investissement réalisées en 2021 ». C’est du moins l’avis de la majorité des chefs entreprise relevant des secteurs de l’industrie manufacturière, extractive et énergétique.

Alain Bouithy

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