Le déficit commercial du Maroc s’est de nouveau creusé en avril 2019. Les chiffres publiés récemment par l’Office des changes font état d’une aggravation de 5% à près de 67,3 milliards de dirhams (MMDH) à fin avril dernier contre 64 milliards de dirhams (MMDH) durant la même période une année auparavant.
Alors qu’il s’était allégé de 2,4% au premier trimestre de l’année en cours, suite à la hausse des exportations (+2.914MDH), plus importante que celle des importations (+1.774MDH), le déficit commercial s’est détérioré pour s’établir à -67.264MDH à fin avril 2019 contre -64.034MDH à fin avril 2018.
Dans une note sur ses indicateurs mensuels des échanges extérieurs du mois d’avril, l’Office des changes explique que cette aggravation par la hausse des importations de 7.518MDH est plus importante en valeur que celles des exportations (+4.288MDH).
L’institution publique relève ainsi que le taux de couverture s’est stabilisé à 59,9% au lieu de 60% observé un an auparavant, ce qui correspond à un gain de 0,1 point.
« La hausse des importations de biens est imputable à l’accroissement des importations de l’ensemble des groupements de produits, notamment, les achats de biens d’équipement (+2.914MDH), de demi produits (+2.391MDH), de produits énergétiques (+1.366MDH), de produits alimentaires (+363MDH), de produits finis de consommation (+276MDH) et de produits bruts (+160MDH) », selon l’Office des changes.
En hausse de 5,5% ou +1.366MDH, la facture énergétique a atteint 26.053MDH au cours des quatre premiers mois de l’année au lieu de 24.687MDH une année auparavant, fait aussi remarquer l’institution soulignant que sa part dans le total des importations s’est stabilisée à 15,5% contre 15,4% un an auparavant.
A noter également la hausse des approvisionnements en houille, coke et combustibles solides similaires qui passent de 2.835MDH à fin avril 2018 à 3.560MDH au même mois de cette année, soit un bond de +725MDH.
L’Office des changes attribue cette évolution à « la hausse aussi bien des quantités de 22,7% (4.154mT à fin avril 2019 contre 3.385mT à fin avril 2018), que des prix (857DH/T à fin avril 2019 contre 837 DH/T un an auparavant) ».
Quant aux importations de biens d’équipement, il apparaît qu’elles augmentent de +7,2% équivalant à +2.914MDH pour s’établir à 43.210MDH contre 40.296MDH un an auparavant. Alors qu’en parallèle, les importations de demi-produits, se sont accrues de 7,1% correspondant à +2.391MDH.
D’après l’Office, la part des achats de ces deux groupes de produits dans le total des importations a augmenté de 1,1 point soit 47,2% contre 46,1% une année auparavant.
S’agissant des exportations, il ressort qu’elles se sont établies à 100.372MDH au cours des quatre premiers mois de l’année, contre 96.084MDH pour la même période de 2018.
Cette hausse fait suite à l’accroissement des exportations de la majorité des secteurs, indique l’Office. Allusion notamment aux secteurs des phosphates et dérivés (15.839MDH contre 13.637MDH, soit +16,1% ou 2.202MDH) ; de l’agriculture et agro-alimentaire (25.334MDH contre 24.285MDH, soit +4,3% ou +1.049MDH) ; de l’aéronautique (5.277MDH contre 4.808MDH, soit +9,8% ou +469MDH) ; de l’électronique (3.017MDH au lieu de 2.902MDH, soit +4% ou +115MDH) et de l’automobile (27.245MDH contre 27.169MDH, soit +0,3% ou +76MDH).
L’accroissement des exportations est aussi attribué à la hausse des secteurs du textile et cuir (13.042MDH au lieu de 13.018MDH, soit +0,2% ou +24MDH, de l’industrie pharmaceutique (430MDH au lieu de 413MDH, soit +4,1% ou +17MDH), ajoute l’Office notant, en revanche, que les ventes du secteur « autres extractions minières » ont enregistré une baisse de 14MDH ou -1%.
En ce qui concerne les exportations des phosphates et dérivés à fin avril 2019 l’Office explique la hausse de ce secteur par « la progression des ventes d’acide phosphorique (+1.644MDH) et celles des engrais naturels et chimiques (+698MDH) », atténuée toutefois par la baisse des ventes des phosphates (-140MDH).
Au final, la part de ce secteur dans le total des exportations s’est située à 15,8% contre 14,2% à fin avril 2018, fait observer l’institution publique.
Quant à la stabilité observée au niveau des exportations du secteur automobile à cette même période, il apparaît qu’elle résulte essentiellement de la progression des ventes du câblage (11.338MDH au lieu de 10.708MDH une année auparavant, soit +5,9% ou +630MDH).
Une évolution « atténuée toutefois par la baisse des ventes de la construction automobile et celles d’intérieur véhicules et sièges respectivement de 6,8% et 1% », a relevé l’Office notant que la part de ce secteur dans le total des exportations s’est ainsi élevée à 27,1% contre 28,3% un an auparavant.
Il ressort en conséquence que «l’écosystème construction représente la part la plus importante du secteur automobile : 45,7% à fin avril 2019 en baisse de 3,5 points par rapport à la même période de l’année précédente, suivi du câblage avec 41,6% qui gagne 2,2 points par rapport à fin avril 2018».
Alain Bouithy