Maroc: Bank Al Maghrib laisse inchangé son taux directeur à 1,5%

La décision était attendue par les économistes. Mardi 15 décembre, pour sa quatrième et dernière réunion trimestrielle de l’année 2020, le Conseil de Bank Al Maghrib (BAM) a sans surprise décidé de maintenir inchangé le niveau actuel du taux directeur à 1,5%.

Cette décision a été prise après avoir analysé l’évolution de la conjoncture aussi bien internationale que nationale et les projections macroéconomiques à moyen terme de la banque actualisées sur la base des dernières données disponibles, des développements récents liés à l’évolution de la pandémie et à la réponse des autorités, ainsi que des orientations de la loi de Finances 2021.

Au cours de cette session, le Conseil s’est également enquis de la transmission des dernières décisions de la politique monétaire et du bilan actualisé des différentes mesures de soutien et de relance mises en place depuis le début de la pandémie, a souligné la banque centrale dans un communiqué.

C’est sur la base de l’ensemble de ces évaluations que le Conseil a estimé que «l’orientation de la politique monétaire reste largement accommodante» pour assurer un financement adéquat de l’économie et«le niveau actuel du taux directeur demeure approprié».

Se basant sur des données du Haut-commissariat au plan (HCP) relatives aux deux derniers trimestres, le Conseil a noté que le PIB s’est contracté au deuxième trimestre de 14,9% en glissement annuel, reflétant des baisses de la valeur ajoutée de 15,5% pour les activités non agricoles et de 6,9% pour le secteur agricole.

Dans un communiqué publié à l’issue de cette réunion, le Conseil a également relevé, sur le marché du travail, une perte nette de 581 mille emplois au troisième trimestre par rapport au même trimestre de 2019. Selon la même source, et «tenant compte d’une sortie nette de 214 mille demandeurs d’emploi, le taux d’activité a reculé de 44,9% à 43,5% et le taux de chômage s’est aggravé de 9,4% à 12,7%».

Concertant la reprise post-déconfinement maintes fois évoquée par différentes institutions, la Banque centrale a indiqué qu’elle «reste lente et partielle en lien notamment avec les restrictions locales et sectorielles instaurées pour endiguer la recrudescence des contaminations ainsi que les incertitudes entourant l’évolution de la pandémie aux niveaux national et international».

Le Conseil a ainsi soutenu que l’économie nationale devrait accuser une contraction de 6,6% pour l’ensemble de l’année 2020, avec un repli de 5,3% de la valeur ajoutée agricole et de 6,6% de celle non agricole.

A moyen terme, il a soutenu que la croissance des activités non agricoles devrait atteindre 3,3% en 2021 et se consolider à 3,6% en 2022, peut-on lire dans le communiqué. S’agissant de la valeur ajoutée agricole, elle devrait progresser de 13,8% en 2021 et de 2% en 2022, sous l’hypothèse de récoltes céréalières annuelles de 75 millions de quintaux. Selon les projections de BAM, la croissance devrait rebondir à 4,7% en 2021 et se consolider à 3,5% en 2022.

Le Conseil a toutefois prévenu que «ce scénario reste entouré d’un degré élevé d’incertitudes, mais les développements récents dont essentiellement l’initiative de la vaccination anti-Covid19 à grande échelle au niveau national, mais également dans plusieurs pays partenaires, ainsi que la mise en place d’un fonds stratégique dédié à l’investissement suggèrent que la balance des risques serait orientée à la hausse».

Sur les «échanges extérieurs», la banque a annoncé que le déficit du compte courant devrait ressortir quasi stable à 4,2% du PIB en 2020 et soutenu que la reprise des exportations observée récemment devrait se consolider, grâce notamment aux ventes observées dans le secteur automobile suite à la montée en production annoncée par l’usine PSA.

Poursuivant son analyse de l’évolution de la conjoncture économique nationale, le Conseil a prédit qu’«en parallèle, le rythme des importations s’accélérerait, avec une progression des achats de biens d’équipement et un alourdissement de la facture énergétique suite à la hausse prévue des cours internationaux du pétrole».

En ce qui concerne les recettes de voyage, la banque centrale a annoncé qu’elles devraient connaître une reprise graduelle passant de 29 milliards en 2020 à 49,9 milliards en 2021 puis à 72 milliards en 2022, tout en restant à un niveau inférieur à celui de 78,8 milliards de dirhams observé en 2019.

Après une quasi-stabilité à 65,8 milliards de dirhams en 2020, les transferts des MRE devraient de leur côté se raffermir à 70 milliards puis à 71,4 milliards, a relevé Bank Al-Maghrib projetant, dans ces conditions, un allégement à 3,3% du déficit du compte courant du PIB en 2021 et à 3,9% en 2022.

S’agissant des opérations financières, après une régression de 2,3% du PIB cette année, les entrées d’IDE devraient reprendre leur dynamique pour atteindre un volume correspondant à 3,1% du PIB annuellement, a-t-elle fait savoir.

Tenant compte notamment des émissions réalisées par le Trésor sur le marché international cette année et de celles prévues en 2021 et en 2022, le Conseil projette que «les avoirs officiels de réserve se situeraient à 321,9 milliards à fin 2020 et évolueraient autour de ce niveau au cours des deux prochaines années». Ce qui devrait ainsi assurer une couverture d’un peu plus de 7 mois d’importations de biens et services.

Selon Bank Al-Maghrib, les conditions monétaires restent marquées par la poursuite du recul des taux débiteurs consécutivement aux réductions du taux directeur opérées en mars et en juin derniers. Ainsi, «le taux débiteur moyen global a enregistré une baisse trimestrielle de 28 points de base à 4,30% au troisième trimestre, une évolution qui a profité aussi bien aux ménages qu’aux entreprises notamment les TPME.

Pour ce qui est du crédit bancaire, il maintiendrait un rythme soutenu, favorisé par les mesures budgétaire et monétaire, avec une progression de sa composante destinée au secteur non financier de 4,3% cette année et en 2021 et de 4,5% en 2022», a-t-elle souligné.

Quant aux finances publiques, la banque centrale a noté que l’exécution budgétaire au titre des onze premiers mois s’est soldée par un déficit hors privatisation de 59,2 milliards de dirhams, en creusement de 14,2milliards par rapport à la même période de 2019.Ce, compte tenu du solde positif de 8,3 milliards du Fonds spécial de gestion de la pandémie de laCovid-19.

Alain Bouithy

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