MADIA ou de la raison existentielle de « YAKA DIA MAAMA » pour un mieux-être alimentaire de demain

Ce livre est un manifeste de l’écologie intégrale. A ce titre, il est interpellant par rapport à l’usage que nous faisons de nos terres si fertiles, proposant de facto des possibilités de les préserver de la prédation et de la pollution ambiante.

Aussi, pour sauvegarder la biodiversité de nos écosystèmes, les paysans et tous les acteurs intéressés par la production agricole et l’élevage devraient opter pour un changement de paradigme à l’heure où leurre de l’agriculture intensive tente de séduire les pays du sud pour les perdre à tout jamais. La prudence devrait être de rigueur, car ce n’est pas l’agriculture industrielle qui résoudra les questions de la famine et de la pauvreté en Afrique ; bien au contraire ! Il faudrait repenser notre manière de nous alimenter à travers une transition nutritionnelle pour un équilibre alimentaire.

Ce remarquable propos est extrait de l’interview réalisée par Auguste KOUNKOU KUE avec les Dépêches de Brazzaville le 11 mars dernier et tendant en la présentation de son nouvel ouvrage « MADIA vers une transition nutritionnelle ? » publié en auto-édition au tout début de l’année 2016.

Si « MADIA vers une transition nutritionnelle ? » est, selon l’auteur un manifeste de l’écologie intégrale, il est aussi, dans une certaine mesure, un pamphlet contre certaines habitudes alimentaires qui nuisent à l’intégrité voire au bien être du MUUNTU.

C’est à ce titre que, par exemple, KOUNKOU KUE n’hésite guère à faire une critique raisonnablement intelligible du principe de « Yaka dia maama » qui consiste en une sacralisation quasi-religieuse du manioc par la conscience populaire des populations Ba-Koongo.

Ce serait faire une déclaration de guerre aux Koongo, observe à juste titre Auguste KOUNKOU KUE, que de les pousser à sous estimer le « Yaka dia maama ». Et pourtant, de façon objective, le produit fini reste, poursuit-il, bien ingrat en retour sur l’investissement, de la femme des champs, la mère cultivatrice qui a besoin, pour se nourrir, se vêtir à partir du gain de son travail. Les conditions de travail manuel par lesquelles elle va cultiver le manioc et attendre environ deux ans pour commencer à récolter les tubercules de manioc ne sauraient, conclut-il, rivaliser avec celle qui pourrait cultiver un champ de pomme de terre, des mêmes dimensions, ou à celle qui cultiverait la même périmètre d’un champ de maïs, nettement plus nourrissant du point de vue qualitatif en nutriments.[ P.57.]

Partisan de la Cause notamment de cette noble cause ayant trait à l’équilibre et à la richesse nutritionnelle des aliments que consomment les Humains, le changement de mentalité, de nos mœurs alimentaires n’est plus simplement, selon l’auteur de « MADIA vers une transition nutritionnelle ? », une nécessité mais un impératif radical. (Re) découvrons les richesses d’une bonne alimentation autrement, plutôt que nous accrocher à des traditions de cultures et de consommation sans discernement.[P.58.]

Cela dit et contrairement à l’explication qu’en on a donné, le principe de « Yaka dia maama », n’est nullement et surtout ne devrait pas être une sacralisation sociale du manioc au détriment d’autres aliments qui sont tout aussi enrichissants pour le MUUNTU.

D’après Auguste KOUNKOU KUE, le « Yaka dia maama » est, somme toute, une valorisation des produits, peut-on dire du terroir qui non seulement enrichissent l’être ou le MUUNTU dans sa réalité biologique mais également dans son environnement.

Ainsi, pour un enrichissement nutritionnel, « Le manioc et la pomme de terre peuvent se consommer à travers une multitude de recettes, augmentant en eux des capacités nutritives avec l’apport d’agents étrangers tels que les matières grasses, etc. Chaque recette utilisée facilitera plus ou moins l’usage de ces deux féculents ; somme toute importants dans l’alimentation, mais pas indispensables, car bien d’autres féculents comme le riz, la banane plantain, le maïs, le taro, la patate douce, la variété d’ignames peuvent se substituer à l’un ou l’autre. Tout est question d’habitudes alimentaires, mais certaines habitudes ne sont pas toujours bienfaisantes, voilà pourquoi nous devrions promouvoir une ouverture aux mutations qui s’imposent, au regard d’une situation écologique pressante qui ne devrait plus nous laisser dans l’indifférence. La profonde crise anthropologique qui secoue notre humanité pourrait-elle nous permettre à tout le moins de revoir de fond en comble notre mode de consommation, ainsi que nos habitudes alimentaires. »[P.72-73]

C’est dire qu’un mieux-être alimentaire est absolument chose à intégrer dans notre mode de vie alimentaire mais il ne sera possible et effectif que si l’Homme des temps modernes comprend justement, comme le relève avec perspicacité Auguste KOUNKOU KUE que « la transition nutritionnelle est, à comprendre (prendre avec), comme une nécessité de mettre en place une alternative alimentaire, pour régénérer les écosystèmes et permettre à l’environnement de se maintenir dans son rôle de régulateur de la vie et de la protection naturelle, en matière de santé pour tous. Nous réapprendre à nous nourrir sainement, en traitant la terre avec beaucoup plus de prévenance, car elle favorise l’épanouissement de l’humanité entière ».[P.12-13]

Par ailleurs, Auguste KOUNKOU KUE s’insurge contre certains maux qui mettent à mal la condition humaine sur le plan alimentaire sous le regard impuissant des peuples du monde. Ceux-ci contribuant par exemple à la valeur humaine de l’art de manger et celui de savoir cultiver.

C’est ainsi que dans les sociétés industrielles où les gens ne prennent plus le temps de vivre que pour la rentabilité des autres, manger ne représente plus, observe à juste titre Auguste KOUNKOU KUE, qu’une affaire de se remettre un peu de punch dans les muscles, comme si on allait se droguer, pour se maintenir en forme. Manger ou se doper revêtirait, considère-t-il, un dénominateur commun, celui de se maintenir dans la perspective d’accomplir une performance. Serait-ce là, la signification de prendre un repas, s’interroge l’auteur du précieux et concis ouvrage de « MADIA », pour l’Homme contemporain ? Autrefois, manger faisait parti, conclut-il, d’un noble rituel de communion et de communication, chez certains : se retrouver autour d’un repas, pour marquer la convivialité et par delà le partage du repas, c’était aussi de la circulation d’énergie qui se faisait dans une atmosphère de détente et de plaisir.[P.149.]

C’est, peut-on dire et ce, dans une certaine mesure, l’illustration du savoir et de la culture du MBONGI, comme chez les Koôngo, où le repas avait un sens, celui certes de manger, de retrouver des forces physiques après la tenue des activités journalières, mais également celui d’être en union avec ses semblables donc en communion autour des valeurs de partage, de fraternité, de solidarité et de respect de l’être ou du MUUNTU quel que soit son statut social. C’est à ce titre que l’enfant orphelin, le passager ou l’étranger jouissaient d’une grande considération humaine.

C’est aussi dans ce même ordre d’idées, Auguste KOUNKOU n’hésite guère à dénoncer avec force la corruption ou l’empoisonnement de l’être ou du MUUNTUque favorise aussi bien l’industrie alimentaire que pharmaceutique. Les appétits démesurés des multinationales n’épargnent plus, relève l’auteur avec consternation, rien ni personne. Pour qui donc diable, produire la mort aux autres, quand nul n’est éternel ? Les agriculteurs eux-mêmes revêtent des combinaisons « d’astronautes », pour traiter les fruits et légumes qu’ils nous vendent. Pourquoi entretenir cette folie meurtrière.[P.153.]

Autrement dit, avec « MADIA vers une transition nutritionnelle ? », Auguste KOUNKOU KUE sonne le glas, en invitant par voie de conséquence, l’être social, conscient, responsable, capable d’aimer, de donner et de recevoir et donc capable de prévenir et de protéger l’environnement ou le monde dans lequel, il vit de tous les agents qui sont susceptibles de le rendre moins agréable voire immonde pour des générations à venir.

En somme, « MADIA vers une transition nutritionnelle ? » est le type même d’ouvrage fort plaisant qui tue l’ennui, l’oisiveté, la passivité en introduisant le lecteur dans la vallée des mots qui dénoncent les maux qui, hélas conduisent inexorablement à l’empoisonnement du mode de vie alimentaire des hommes à l’échelle planétaire.

RUDY MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU ( Alias TAATA N’DWENGA)

Pour la commande du livre, prière de s’adresser au 06.21.77.16.14.

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