TRIBUNE. On ne saurait comprendre cet indécent engouement que suscite chez les Africains, l’idée de se faire libérer par la volonté d’un chef d’Etat français. Ce qui est une véritable illusion dont on déchantera très vite.
C’est pourquoi il y a lieu de déplorer tous ces esprits étriqués et bâtés qui se trompent de combat, en croyant naïvement aux promesses fallacieuses de ceux qui se sont jurés de nous dominer à jamais, en maintenant nos pays à la remorque d’une puissance néocoloniale et impérialiste. Comment peut-on à ce point croire des individus qui, sans état d’âme, vendent du vomi? Pourquoi ne tire-t-on pas les leçons de l’expérience amère de la traîtrise sinon la scandaleuse volte-face de François Hollande? On ne le dira jamais assez, la libération du Congo de la tyrannie est un affaire essentiellement congolo-congolaise. Une chose est désormais certaine, elle ne viendra jamais de la France.
A mon sens, le paternalisme anachronique de la France qui consiste à asservir les Congolais n’a plus sens. Il est donc temps de changer de paradigme par une initiative radicalement endogène au Congo et qui échappera au contrôle de cette puissance impérialiste. Nous l’avons déjà expérimentée par le passé quand nous avons conquis notre liberté et exercé notre souveraineté en instaurant la démocratie au début des années 1990. Hélas, tout ceci n’était pas du goût de la France, parce que la démocratie congolaise s’est révélée une arête en travers la gorge des dirigeants français d’alors. Et ceci est d’autant plus vrai que la France avait perdu le contrôle effectif de la gestion du pétrole et surtout le fait de la réduction du pillage, par la menace que laissait planer l’audit, recommandé par la CNS, sur les activités d’Elf Congo.
Il faut surtout avoir présent à l’esprit qu’un oppresseur n’est jamais animé de la volonté de libérer un peuple qu’il tient sous sa botte, surtout quand cela revient pour lui à se faire hara-kiri. Comme le dit si bien John Hendrix Clarke : “L’oppresseur ne donne jamais à l’opprimé de façon consciente et délibérée les instruments de sa libération. » En d’autres termes, c’est une grosse erreur d’appréciation sinon une utopie de croire que la France contribuera à notre libération. Nous devons plutôt par nous-mêmes arracher notre liberté de haute lutte, quitte à en payer le prix fort. C’est pourquoi les congolais doivent se mobiliser pour l’ultime mission historique de libération. Et cela passera par un combat unitaire et sans exclusive, tant il devra impliquer toutes les forces vives de la patrie. Voilà le message pertinent et salvateur qu’il faudra relayer auprès des compatriotes, qui se font rouler dans la farine et font lamentablement fausse route; pour une prise de conscience collective de l’enjeu relatif à notre salut.
René MAVOUNGOU PAMBOU
Leader d’opinion et combattant de la liberté