En ce qui concerne Jean-Oscar Kiziamina Kibila, à l’ouvrage depuis 25 ans, son œuvre parle pour lui, semble-t-il. Marié à Detty Kiziamina, ce père de 5 enfants embrasse très tôt la pensée divine et fait ses classes auprès de son mentor, Ignace Tambu Lukoki, apôtre de l’Éternel dans la commune de Ngaba à Kinshasa.Il n’est pas bon d’apporter l’Évangile sans donner à manger aux gens
C’est en 1989 que ce dernier l’autorise à voler de ses propres ailes au service de Dieu. Kiziamina débute alors un groupe de prière avec quatre autres personnes. A l’époque, ils s’asseyaient sur des pierres puis sur une carcasse de voiture. A l’instar de son mentor, il reçoit de la part de l’Éternel une onction particulière pour la guérison divine et les miracles. Ces derniers vont définitivement asseoir l’aspect pratique de ses enseignements.
Cependant, il comprend rapidement que la parole sans pain n’a pas d’avenir. « On ne peut pas apporter l’Évangile sans donner à manger aux gens. Jésus lui-même nous a montré l’exemple avec sa multiplication des pains. L’église qui se limite à apporter uniquement l’Évangile n’a pas d’avenir. La parole de Dieu est le pain de l’âme et de l’esprit. Il nous revient ensuite de nous occuper également du corps, en permettant à l’homme d’avoir un emploi, un logement, des structures d’éducation et de santé, un épanouissement social. Ce n’est pas une responsabilité qui incombe exclusivement à l’État, comme le pensent certains », nous laisse-t-il entendre.
Après la vision évangélique, il s’investit dans le social pour venir en aide à ses compatriotes. Il ouvre le complexe scolaire « Kiziamina », puis la clinique « la Puissance », une chaîne de télévision, s’active dans des activités piscicoles, et, agricoles dans le plateau Batéké. Il crée des dizaines d’emplois. Sur les dérives actuelles que l’on peut relever dans la sphère chrétienne , il n’esquive rien. « Beaucoup d’églises ont à leur tête des pasteurs sans instruction. Et dans une telle nation, ce peuple chrétien nombreux, devient alors une bombe à retardement. Un pasteur doit avoir un minimum d’instruction pour transmettre quelque chose. Car, un aveugle ne peut conduire un autre aveugle à bon port ».
Il s’oppose à toute révision constitutionnelle visant l’élection du président de la république
Licencié en science politique et enseignant, tout en étant évangéliste, il décide en 2006 de s’introduire dans les cercles décisionnels du pouvoir afin d’être à même de mieux aider ses concitoyens. Il fonde un parti politique, l’Alliance des Chrétiens pour le Renouveau et le Progrès, en sigle ACRP. Élu à l’assemblée nationale, l’histoire retiendra qu’il fût l’unique député de la majorité présidentielle à s’opposer en 2010 à la révision constitutionnelle touchant au mode d’élection du président de la république. Chose que le pouvoir lui fera payer en invalidant arbitrairement sa réélection en 2011, comme l’a reconnu l’Union Parlementaire Internationale, basée à Genève.
Ce personnage discret et chaleureux en même temps vaut le détour. Il a une ambition pour l’église, le Congo et l’Afrique. « Lorsque le Congo décollera économiquement, c’est toute l’Afrique qui prendra son envol. On doit avoir une politique d’intégration régionale. Ce n’est pas normal aujourd’hui que le congolais soit obligé d’avoir un visa difficile à obtenir pour aller en Angola. Il faut de vraies politiques d’ouverture et de bon voisinage ».
La politique est une activité que tout le monde peut exercer
De l’implication ou non des chrétiens dans la chose politique, pour celui qui est à la tête de 75 églises à travers le monde et de la plate-forme chrétienne Congo pour Christ (CPC) qui regroupe des centaines de milliers de congolais de 500 communautés, elle s’impose. « Les chrétiens doivent s’impliquer en politique et participer à la transformation de la société. L’amélioration des conditions de vie de leurs compatriotes est leur fardeau », affirme l’actuel député honoraire.
Cet évangéliste a déjà ordonné 114 pasteurs et apporté la bonne nouvelle dans une cinquantaine de pays à travers le monde, jusqu’à Auckland en Nouvelle-Zélande. Dès le début de cette année, il avait repris son bâton de pèlerin apportant de précieux conseils et la guérison divine en Allemagne, en Suisse, en Belgique et en France. Il quittera cette dernière dans les jours à venir pour rejoindre le Congo. Et mis à part dans son pays, si vous avez la chance de voyager, vous pourrez l’entendre et le rencontrer en avril au Cameroun, par la suite en Namibie, en août en Angola et en Chine au mois de décembre.