«Dans ce recueil, l’auteure explore l’espace dans lequel la génération actuelle est en train de vivre. D’un poème à un autre, on ne peut qu’être frappé par l’étendue du répertoire de chant qui, par moments, déconcerte par la succession inattendue des vers d’amour, de nostalgie, de rêve, d’ailleurs, de néant et de thèmes aux allures des signes de l’horizon», lit-on sur la quatrième de couverture du nouveau recueil d’Alima Madina.
Préfacé par le célèbre poète congolais, Gabriel Mwéné Okoundji, le nouveau recueil d’Alima Madina est paru aux éditions L’Harmattan Congo-Brazzaville. Il compte trente poèmes qui reposent sur 52 pages. L’auteure l’a dédié à son fils et confident, Nour Halid. Dans sa préface, Gabriel Mwéné Okoundji écrit que «par temps de survie, aucun mortel ne peut répondre avec quiétude aux questions de l’équilibre. Le langage de l’homme livré au chaos se fait d’emblée cri dans le but précis d’éveiller l’écho».
Alima Madina, poète confirmée
Et d’un. Gabriel Mwéné Okoundji indique dans sa préface titrée «A l’écoute d’une voix congolaise», pas trop du titre du recueil de nouvelles de la même écrivaine, « La voix d’une femme qui espère», qu’Alima Madina qui refuse de porter la veste de poète tout en écrivant des poèmes et en publiant des recueils de poèmes, n’est autre qu’une poète ou mieux, une poétesse. On est donc en droit de se poser la question de savoir qui des deux en arrive à contredire l’autre. Gabriel Mwéné Okoundji ne proclame pas tout le monde, poète. Il l’a fait avec Alima Madina.
«Son regard est vaste ; comme tout poète, elle porte en son âme la constance des signes de l’horizon. Ainsi, nous offre-t-elle un chant protéiforme écrit avec des mots qu’elle récolte dans la volonté, au pied même du destin», affirme-t-il, toujours dans sa préface en se basant sur quelques vers : «Je n’attends que la magnifique providence/Pour panser toutes ces blessures de l’existence».
Pour Gabriel Mwéné Okoundji, ce livre est l’écriture d’un destin : celui du peuple congolais. Il est dessein d’une parole, celle de l’identité congolaise, à même l’étrangéité d’une société d’un pays. Il ajoute en substance «Car le Congo, la patrie d’Alima Madina, est une terre marquée par la violence née des guerres civiles et des conflits fratricides».
Une poète opposée à l’invective
«Notre poète n’est pas âme qui se prête à l’invective et à l’accusation, encore moins à la condamnation», souligne Gabriel Mwéné Okoundji qui précise qu’Alima Madina espère simplement que sa mémoire trace une parcelle de ce qu’elle nomme ‘’la vraie paix’’, et qu’elle abrite dans la concordance et la tolérance mutuelle ses ‘’frères de sang’’. Afin que revienne sur la terre congolaise une ‘’humanité sincère’’.
«Détourne ton regard des cieux/Fixe droit mes grands yeux/Et dis en toute sincérité/N’y trouves-tu pas l’humanité/Scintillante comme une reine en émoi/En moi, règne une part de toi/O toi mon frère, source de ma joie/En quoi le sang qui en toi coule/Ne fera-t-il pas battre mon pouls ? », peut-on lire dans son poème intitulé Frère de sang à la page 31.
Une si belle présentation
Le nouveau recueil de poèmes d’Alima Madina est un livre qui frappe l’œil depuis une certaine distance. La couverture présente une image sublime du coucher du soleil sur un fleuve. L’on peut penser que c’est le fleuve Congo qui a inspiré les Tchicaya U Tam’si, Jean Baptiste Tati Loutard, Soni Labou Tansi, Jean Blaise Bilombo Samba et bien d’autres auteurs de renom. Sur la quatrième de couverture s’impose sa photo et une brève biographie. Alima Madina est professeur certifiée des lycées, en service à l’école militaire préparatoire général Leclerc. Elle a déjà publié un premier recueil de poèmes : Splendeur cachée et un recueil de nouvelles : La voix d’une femme qui espère. Survie est le second de poèmes et la troisième production littéraire de cette auteure qui, tel un oiseau, construit patiemment son nid littéraire. Pour ne pas parler de son nid d’oiseau. Elle a reçu en novembre 2013 le prix d’honneur de la francophonie (poésie Unicef en France).
Alima Madina n’a pas fini d’enrichir la littérature congolaise. Des manuscrits sont en souffrance dans ses tiroirs.