L’écrivain Ephrem Bakana Ntondélé a présenté, le 18 janvier 2018 à Brazzaville, son recueil de nouvelles, intitulé «Désert tropical» paru aux éditions L’Harmattan Congo.
Selon le critique littéraire Fidèle Biakoro, ce recueil de six nouvelles qui s’étendent sur 65 pages est une lecture de la société par l’auteur qui y rend un hommage à la femme travers les nouvelles «la folle de le rue Mbochi» ; «la main noire» et «Ma bénédiction». Dans la première nouvelle, il aborde le problème de la vie d’une femme qui se retrouve à l’étranger où elle est gérée par un homme riche, un homme du pouvoir qui lui loue une maison. Elle mène une vie extravagante et outrageuse, se voyant sur les nuages, rejetant les voisines.
«La folle de le rue Mbochi» retrace aussi la vie d’une fille aimée par son père. Un homme veut la prendre comme épouse. Celui-ci doit déposer une caution de la dot. Après cet acte, l’homme est allé chercher le diamant à Luanda. Derrière lui, la fille mène une vie peu commode. A l’insu de son père, elle déchire ses habits, se défrise les cheveux et se fait passer pour une folle, invitant même son père à arroser son jardin naturel.
Un jour, elle décide de traverser le fleuve Congo via les cataractes. Elle est captive des garde-côtes qui arrosent son jardin à volonté. Exténués, tous s’endorment. Elle profite de cette occasion pour s’enfuir. Elle arrive sur la rue Mbochi où elle découvre des réalités que les hommes qui se disent lucides n’ont jamais découvertes.
«La main noire», c’est le récit de Mwana Mabé qui répond à un rendez-vous mais enferme son enfant de quatre saisons dans un studio. Un incendie se déclenche et l’enfant meurt calciné. Les voisins s’irritent et la chassent. Le rejet est catégorique et l’incendie est attribué à une main noire parce que la lampe tempête est retrouvée dans sa position initiale.
«Ma bénédiction» parle de Ndumba, fille de Mâ Ngirita qui avait la bénédiction de sa mère pour «tirer sur tout ce qui bouge» et que son téléphone devait plus que vibrer. Ndumba exerçait le plus vieux métier du monde. Mâ Ngirita avait prescrit à ses enfants des recommandations testataires. Celle de Ndumba ne devait pas faire exception. Quand le commerce sexuel ne marchait pas, il fallait aller au cimetière faire des incantations pour Mâ Ngirita.
Tombée en disgrâce, Ndumba voulut capturer le menuisier qui était le voisin. Elle avait été arrêtée dans ses élans par les puanteurs que dégageait la maison du menuisier. Elle était sortie en courant et continuait à courir.
La nouvelle «Blues tropical» est un récit fantastique, un cocktail de récit féériques les uns et les autres, un monde mirifique à la limite mystérieux.
De l’agriculture qui ne peut exercer son métier par exemple les couleurs de terre sont incompatibles à l’envol du rossignol humanisé qui emporte son âme. L’auteur fait vivre à ses lecteurs des mini-récits à la dimension mystique. Le voyage ressemble à un tourbillon qui embrase tout sur son passage : les forêts équatoriales, les messages des anciens, les localités référentielles telles Mbé, Mâ Loango, le fleuve Congo sont passées en revue à la recherche de la carte d’identité.
«Rien que des pleurs» est une histoire de guerre au cours de laquelle une jeune fille, Kakudila tombe entre les mains de miliciens à un checkpoint. Un milicien la reconnait et se venge pour l’avoir rejeté lorsqu’il lui avait fait des avances. Il la viole sans pitié. Elle ne doit la vie sauve qu’au passage du chef et est hospitalisée en soins intensifs. A sa sortie, elle se fait enregistrée comme réfugiée.
La nouvelle «Jusqu’à quand» est une nouvelle qui porte sur des rebelles opposés aux forces gouvernementales. Les populations fuient la zone de conflit pour des résidences incertaines, l’errance. Beaucoup de victimes sur la route. Une vieille femme en pleurs s’interroge en lâche : «pourquoi ce sont seulement nos quartiers du sud qui de la capitale Tengou-Tengou qui subissent toujours la guerre civile ? Jusqu’à quand d ferons-nous nos bagages ?
Dans ce recueil, Bakana Ntondélé utilise un style sans tournures exceptionnelles. Son message se lit le plus simplement du monde. Il peut être lu en une semaine pour deux lectures complémentaires.