Livre : Amadou Lamine Ba fustige l’absence de promotion du livre dans les pays africains.

«Dans ce recueil, les murmures de la mémoires sont inventoriés avec des mots traduisant les ruptures et les soudures rêvées. Les unes et les autres se logent dans la même nuit qui est le grand théâtre du drame ici proposé par Amadou Lamine Ba. Cet orfèvre de tant de beaux ouvrages allume son écran pour nous. Une gerbe de reconnaissance», écrit Jean-Louis Roy dans la préface. Pagesafrik a rencontré l’auteur à Dakar. Il fustige le manque de promotion du livre dans les pays africains mais également l’absence des livres africains dans les programmes scolaires. Pagesfarik.info: Peut-on savoir qui vous êtes ? Amadou Lamine Ba

: Je suis Amadou Lamine Ba. J’ai 33 ans.J’ai suivi une formation de lettres à l’Université Cheick Anta Diop de Dakar et une formation dans le domaine de l’édition. Je suis un apprenti poète.

Pourquoi dites-vous que vous êtes un apprenti poète ?

Je suis un apprenti poète parce que le Sénégal est un pays de poètes. Le Président de la république est lui-même un poète et la constitution le rappelle si bien, qu’il est le protecteur des arts et des lettres. Je le dis parce que j’ai d’autres pas à franchir et je me dois d’être humble. Il me faut beaucoup de travail pour atteindre le niveau de Léopold Sédar Senghor, d’Alioune BadaraBeye, de Fodé Dione et bien d’autres. Je me dis apprenti poète pour apprendre à leurs côtés.

De quoi est-il question dans votre poésie ?

Mon recueil s’intitule «Les murmures de la mémoire». Je l’ai ainsi intitulé parce que la mémoire est incontrôlable. Elle pense à des sujets qu’on n’arrive pas à contrôler. Ce sont des pensées pour le passé et pour le futur. J’ai rencontré des choses dans la vie, que ce soit au niveau de l’espérance, de la souffrance, de l’amour, de l’engagement, et j’ai regroupé toutes ces pensées en parlant des murmures de la mémoire. Ce sont des pensées qui traversent ma mémoire mais en proposant aussi des solutions pour l’avenir.

Les murmures de la mémoire sont des mots simples qui traduisent le passé mais qui donnent une orientation pour l’avenir.

Quel est le poète qui vous inspire de tous ces poètes que vous avez cités ?

C’est une question pertinente et difficile. Je vous ai dit tout à l’heure que le Sénégal avait beaucoup de poètes, qui ont publié et qui publient des choses disponibles pour la postérité et qui nous enseignent beaucoup de choses. Je reconnais que je suis influencé par des poètes, par les œuvres d’Amadou Lamine Sall, d’Alioune BadaraBeye comme Le bourgeons de l’espoir. Je suis également influencé par beaucoup de poètes. Ce n’est pas facile que je vous dise le nom d’un poète préféré.

Comment avez-vous réussi à vous faire facilement éditer quand on sait ce qu’il y a comme problèmes en Afrique ?

Il faut reconnaitre que l’édition bouge un peu au Sénégal. Vous savez qu’en 2017, les statistiques montrent qu’il y a une cinquantaine d’éditeurs au Sénégal. Ce qui fait plaisir, c’est l’appui qu’on doit faire aux maisons d’édition, aux entreprises culturelles qui produisent de la création, l’Etat doit les appuyer. Nous avons au Sénégal le fonds d’aide à l’édition mais qui ne roule pas comme il faut. Il faut faire comme ce qui se passe au fonds d’aide à la presse où l’argent est octroyé à la presse. Le fonds d’aide à l’édition doit être octroyé aux maisons d’éditions, aux patrons des maisons d’édition. Il leur revient de voir les gens qui méritent d’être publiés. On pourra leur demander des comptes.

Il faut également dire que l’édition est un métier. Il se passe qu’il y a des gens qui ouvrent des maisons d’édition du jour au lendemain sans maitriser les corridors du métier. J’insiste que l’édition est un métier qu’on apprend et ça fait partie des industries culturelles. Il s’apprend.Il faut respecter le métier si on veut être accompagné par l’Etat.

Je l’ai appris, d’abord ici au Sénégal à travers des amis qui y évoluent tel que Abdoulaye Fodé Dione qui m’a beaucoup poussé, il m’a beaucoup fait aimer le métier, et j’ai aussi eu la chance de bénéficier d’une bourse de formation. Je suis le premier jeune à apprendre ce métier qui n’existe pas au Sénégal. C’est difficile d’admettre qu’il y a une cinquantaine de maisons d’éditions dont la plupart est animée par des non-professionnels.

L’édition est-elle à compte éditeur ou à compte auteur ?

Il y a les deux à la fois mais la plupart des maisons fait à compte d’éditeur parce que les auteurs n’ont pas suffisamment de moyens financiers pour cela. Les livres dorment dans les librairies et la vente n’est pas aisée. Certains peuvent réussir à vendre une trentaine lors des cérémonies de dédicace. La plupart des éditions au Sénégal est financée par les maisons d’éditions.

Le livre circule-t-il bien au Sénégal ?

Non, il ne circule pas bien. Pour faire circuler le livre, il faut commencer par jeter un regard vers les programmes scolaires. Il faut intégrer les auteurs nationaux et africains dans les programmes scolaires. Que voit-on encore dans les écoles africaines ? Les Victor Hugo et autres classiques et les écrivains africains passent inaperçus. Pour espérer faire la promotion du livre africain, il faut commencer à penser à l’intégration des écrivains africains dans les programmes et organiser des foires ou des marchés du livre dans les pays africains. C’est cela la promotion.

Propos recueillis par Florent SogniZaou

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