Deux œuvres de Jean Pierre Heycko Lekoba, «Notre ‘’Maison commune’’ le Congo» et «Congolité : une quête» publiées aux éditions L’harmattan Congo, ont été mis en débats, le 30 juin 2018 à Brazzaville, par le Forum des Gens des Lettres au cours d’un café-littéraire.
«Notre ‘’Maison commune’’ le Congo» compte 133 pages et repose sur dix chapitres pendant que «Congolité : une quête» porte sur 127 pages avec neuf chapitres. La lecture critique a été faite, pour le premier, par Ramsès Bongolo et le second par Pierre Ntsémou. Pour le critique, le premier livre est présenté sous deux facettes qui sont une charge du désir de l’unité nationale et une revendication au nom du peuple, du droit de propriétaires ex aequo sur le patrimoine commun, le Congo, héritage aux commandes semble-t-il confisqué par des adeptes de l’ethnocentrisme, héritage que la page de garde symbolise sous le signe d’une termitière placée au cœur d’un paysage verdoyant, incarnant l’abondance de ressources naturelles.
Dans sa lecture, Pierre Ntsémou a fait référence à une plongée de l’auteur à l’intérieur de l’Homme pour tenter de comprendre les raisons profondes de la perte de la raison chez ses compatriotes. Pour lui, l’œuvre dégage un impératif urgent qui impose une solidarité entre filles et fils du Congo et ce n’est qu’à ce prix que la Congolité sera effective.
Dans ce livre, l’auteur fait une espèce de recensement des valeurs susceptibles de permettre aux hommes de vivre ensemble, a affirmé Willy Gom.
Réagissant aux deux lectures critiques, l’auteur a dit que «les mots ne sont pas la parole, ils en sont les fantassins, envoyés au sacrifice pour qu’elle, la parole, soit intelligible. Et ces mots, accompagnés de leurs indispensables silences, nous poussent vers le futur en même temps qu’ils nous tendent le miroir du passé. Ainsi, évitons-nous de nous retourner. Il a poursuivi que «J’utilise les mots pour décrire où j’habite, j’aligne des idées, fausses ou justes, cela n’a aucune importance, dès lors que je témoigne de ma vérité, dis ce qui est, ce qui n’est pas».
Il a dit avoir eu un jour, le sentiment de s’être dérobé et d’avoir, à un moment donné de son histoire personnelle raté un palier de sa vie. Il a de ce fait commencé à poser des questions autour de lui, avant de se les poser à lui-même, ajoutant que plutôt que d’habiter la monotonie des jours, se donner le sentiment de compter, il s’est lancé dans l’aventure de son premier essai «la problématique démocratique au Congo». Dans ce livre, il interroge l’environnement sociopolitique éclaté de ses doutes, et, se pose deux questions, à son sens, fondamentales, à savoir, Pourquoi les politiques dont il fait partie n’arrivent-ils pas à se sortir de cette situation de marche à contre sens, en cercle creux ?
La seconde, pourquoi la communauté des intellectuels, cette maison devant laquelle il frappe, se complait-elle dans cette situation qu’elle dénonce, préfère s’en accommoder, plutôt de s’en éloigner ?
Dans la maison commune, a-t-il expliqué, l’autre c’est toi, c’est moi. Ce qui veut dire : repartir ensemble sur les traces perdues des sources de notre existence commune avec la ferme volonté de désenclaver les rivières qui empêchent l’unité de s’exprimer avec la même puissance que dans les temps anciens. Pour lui, «nous sommes si proches de ces sources, et, dans le même temps, si loin, il suffit d’écouter les chants, d’observer rites et traditions ancestraux pour évaluer, pour évaluer la distance qui sépare nos pratiques de vie à celles de la majorité des congolais, ceux qui vivent dans ces territoires revendiqués, dans nos villages et dans les quartiers-villages de nos villes».
La conviction de l’auteur
La conviction de l’auteur, c’est de crier haut et fort que les gens du peuple ne revendiquent rien. Malgré les difficultés de leur vie commune tâtonnante, ils possèdent, en chacun d’eux, cette part d’héritage ancestrale qui les pousse à croire qu’ils sont, partout où ils se trouvent, pour faire simple, frères et sœurs.
Ce qui veut dire que si c’est le Congo qui fonde leur existence, il est condamné dans le même temps, à tout partager : aptitudes-courage-intelligence-créativité, peut-être même faiblesses et blessures, pourquoi pas ? Les congolais ne sont pas des statues ethniques posées les unes à côté des autres, ce sont des êtres en relation les uns avec les autres.
La Congolité, une merveilleuse invention
Pour Heyko Lekoba, «La Congolité est une merveilleuse invention de l’esprit créatif de l’ancien Sylvain Mbemba. Ce concept a l’avantage de parler à l’imaginaire, comme une lampe, il éclaire l’obscurité de la nuit, révèle dans la pénombre de des incompréhensions autosuggérées, la vérité que les politiques ne voient pas, l’âme des congolais, il voulait dire, l’âme de l’autre, de l’autre soi-même.
Jean Pierre Heyko Lekoba est ingénieur économiste et homme politique. Il assume actuellement les fonctions de Préfet du département de la Cuvette. C’est à ce jour un habitué de l’écriture avec des publications comme Le poids des souvenirs, la quête du présent en 2012 ; Les sentiers des origines, O’Tsina en 2014 ; La problématique démocratique au Congo-Brazzaville en 2015 ; La Congolité, une quête en 2018 et Notre «maison commune» le Congo en 2018.
Florent Sogni Zaou