Le système agropastoral à base d’arganier dans la région d’Aït Souab-Aït Mansour au Maroc est d’une importance primordiale pour le patrimoine agricole mondial, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Avec le système traditionnel de culture du safran en Iran et l’ancien système d’oliviers en Espagne, il est désormais reconnu par l’organisation onusienne comme ayant une importance primordiale pour le patrimoine agricole mondial (Globally Important Agricultural Heritage Systems (GIAHS).
Soulignons que c’est la deuxième fois qu’un site marocain est ajouté à la liste des systèmes du patrimoine agricole mondial, un réseau qui comprend 57 paysages remarquables répartis dans 21 pays du monde
Selon l’agence onusienne, les sites du Maroc, de l’Iran et de l’Espagne « offrent des modes uniques de production d’aliments nutritifs et / ou d’épices en utilisant les connaissances et les compétences traditionnelles tout en améliorant les moyens de subsistance des populations locales et en préservant la biodiversité ».
Dans un communiqué publié dernièrement, elle précise qu’ils ont été désignés par le groupe de conseil scientifique GIAHS sur la base de critères de sélection précis.
Parmi les critères ayant prévalu dans le choix de ces trois sites, la même source indique « l’importance mondiale, la valeur en tant que bien public en termes de sécurité alimentaire et de moyens de subsistance, l’agro-biodiversité, les systèmes de connaissances, les technologies adaptées, les cultures et le caractère remarquable des paysages », entre autres.
Soulignant l’intérêt du système agropastoral à base d’arganier dans la région d’Aït Souab-Aït Mansour au Maroc, l’organisation onusienne rappelle d’emblée qu’il est pratiqué dans une région unique où les arganiers sont cultivés depuis des siècles.
S’agissant du système en lui même, la FAO note qu’«il est basé sur des pratiques d’agroforesterie dans des terrasses en pierre sèche qui sont très résistantes aux environnements arides, à la rareté de l’eau et aux sols pauvres ».
Autre remarque, et non des moindres, le système agropastoral à base d’arganier de la région « utilise uniquement des espèces et des activités pastorales adaptées aux conditions locales et s’appuie sur une gestion traditionnelle de l’eau assurée par la « Matfiya » (un réservoir d’eau de pluie creusé à même la roche) », apprécie la FAO.
Plus généralement, l’organisation relève aussi que les communautés autochtones amazighes ainsi que les communautés d’origine arabe ont développé une culture et une identité spécifiques partageant leurs connaissances et leurs compétences traditionnelles.
« Bien que les agriculteurs tirent la plus grande partie de leurs revenus de la culture de l’arganier, le système intégré leur fournit également d’autres denrées alimentaires et du matériel, notamment des cultures de base, des céréales, du bois de chauffage, de la viande et de la laine », fait observer l’organisation onusienne.
S’agissant du système de production du safran basé sur l’irrigation «Qanat» à Gonabad (Iran) et de l’ancien système agricole des oliviers de « Territorio Sénia» (Espagne), la FAO note, à propos du site iranien, qu’il est situé sur le plateau central de ce pays, caractérisé par un climat aride et semi-aride.
En dépit de graves pénuries d’eau dans la région, qui constituent des menaces majeures pour la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance des communautés locales, « l’utilisation appropriée des ressources en eau fournies par le système d’irrigation « Qanat » (ou aqueduc) et la production de produits à haute valeur ajoutée, dont le safran, ont été une aubaine pour améliorer les moyens de subsistance des agriculteurs et des résidents de la région ».
Quant au site espagnol, « Territorio Sénia », il est situé au point de rencontre des régions de Valence, Catalogne et Aragon, un territoire comprenant 27 municipalités possédant la plus forte concentration d’oliviers centenaires au monde.
Les quelque 5.000 oliviers anciens de ce territoire en font un lieu unique offrant aux communautés locales de nombreuses possibilités de développement rural et permettant également « une coopération accrue entre les secteurs économiques grâce à la production d’huile d’olive, les visites touristiques et bien d’autres activités », note la FAO précisant que cette région produit annuellement en moyenne plus de 12.000 tonnes d’huile d’olive.
Pas étonnant si « les différentes activités génératrices de revenus ont considérablement contribué à améliorer les conditions de vie de la population locale », ajoute l’organisation.
Alain Bouithy