L’heure du choix : Le changement dans la continuité par une élection ou faire table-rase du passé par une transition !

TRIBUNE. Nous vous remercions pour l’attention que vous avez accordée à travers la lecture de la lettre adressée au peuple congolais, publiée il y’a un mois. Cela est la preuve que votre volonté et votre détermination à voir l’émergence d’un sursaut patriotique et citoyen qui permettrait d’affronter les enjeux majeurs de notre société sur le plan national, sous régional et mondial est sans faille et à la hauteur des ambitions collectives des congolais.

Notre peuple souffre et nous ne le dirons jamais assez. Les auteurs et artisans de cette débâcle sont connus. Si la faillite totale de notre pays venait uniquement de la chute du prix du baril de pétrole comme certains esprits étroits essayent de le vendre aux congolais, les plus grands producteurs de pétrole en Afrique comme le Nigeria, l’Angola seraient logés à la même enseigne que le Congo.

Malheureusement, la banqueroute dont nous payons aujourd’hui le prix est d’abord le fruit d’une défaillance dans le choix des hommes, dans la complaisance, dans la lutte contre la corruption et le vol généralisé, dans le déficit permanent de leadership de M. Sassou Nguesso Denis et aussi dans l’incapacité, l’arrogance et la carence managériale des dirigeants de ce système agonisant qui peine à fixer les priorités pour le développement du pays.

Ce pouvoir qui a axé toute sa stratégie dans un management pathogène qui cherche avant tout à asseoir une relation de subordination entre lui et le peuple, a donc tout misé sur une politique d’intimidation basée sur la volonté de priver le peuple des moyens rudimentaires de subsistance afin de l’empêcher à cogiter sur son avenir, à penser développement mais l’obliger à se concentrer exclusivement sur sa survie.

Être incapable de décider, c’est être inapte au management. Si M. Sassou Nguesso Denis qui avait affirmé à mi-mandat qu’il voulait d’un gouvernement efficace, soit à ce jour incapable de faire ce qu’il avait décidé en son âme et conscience, c’est simplement parce qu’il n’a plus la lucidité et la marge de manœuvre suffisante pour le faire. Alors le devoir de tout patriote c’est d’aider notre pays à se débarrasser de ses enfants les plus turbulents qui l’empêchent de grandir.

Il est important de rappeler que les patriotes ne luttent pas seulement contre M. Sassou Nguesso Denis, mais également contre les monstres qu’il a créés et qui hantent le sommeil de tous les congolais. Aujourd’hui, comme il arrive très souvent dans les films d’horreur, le génie maléfique éprouve des pires difficultés à apprivoiser les monstres qu’il a créés. C’est donc ce système malfaisant qui broie les congolais qui doit être la cible de toutes les filles et de tous les fils de ce pays, qui militent pour le changement et l’alternance.

C’est donc pendant ce moment décisif et de vérité que doivent intervenir les dignes filles et fils du pays. Eux seuls ont suffisamment de recul pour éveiller les consciences citoyennes dans le seul but d’arrêter cette machine infernale pilotée par les semeurs de division, éternels thuriféraires de la haine et fossoyeurs de la démocratie. Pour nous, cette prise de conscience doit se construire dans le temps pour qu’elle soit pérenne, et non, dépendre des aléas de l’immédiat, source de tous les fanatismes possibles.

La démocratie a des exigences, pour lesquelles, seul le peuple détient la légitimité. Un de ces principes durement acquis le 15 mars 1992, a été interrompu brutalement.

Après le deuil de la démocratie, est venue l’heure de la réflexion, de l’introspection individuelle et collective, pour jeter les bases d’un avenir plus radieux. Affirmer son attachement à la patrie n’est plus une doléance mais une exigence impérieuse car la démocratie n’est pas seulement le vote mais aussi et surtout le droit au débat.

C’est pour fermer la porte aux rapines, refuser l’enterrement de nos libertés et freiner les ardeurs de ceux qui sont habités par la compulsion obsessionnelle du coup d’état permanent, que tous les citoyens, responsables politiques, femmes et hommes doivent faire le choix entre : le changement dans la continuité avec les mêmes, ou faire table-rase du passé à travers une transition.

Le lundi 27 juillet 2015, quand feu André Obami Itou, président du Sénat et président du présidium des travaux du dialogue de Sibiti a transmis les conclusions du dialogue au chef de l’Etat en exercice, M. Denis Sassou Nguesso, ce dernier a promis d’en faire bon usage.

Malheureusement, quatre (4) ans après cette galéjade, aucune des décisions sérieuses prises sans contrainte à Sibiti par les émissaires de M. Sassou Nguesso Denis, n’a été respectée.

Pour rappel, outre quelques enfumages, les représentants de M Sassou Nguesso Denis à Sibiti avaient décidé de : faire de la CONEL un organe indépendant, de revoir le découpage électoral, d’instaurer une carte d’électeur biométrique, de réviser et non dépoussiérer les listes électorales sur la base d’un recensement administratif spécial, d’instaurer la transparence électorale, d’étudier le principe du plafonnement des budgets des campagnes électorales …. A cette date, rien de cela n’a été fait !

Alors, pourquoi convoquer le peuple aux urnes ?

Bien sûr, les partis et mouvements politiques dits de l’opposition trouveront toujours le moyen d’affirmer qu’ils ont vocation à participer aux élections parcequ’ils ont été créés pour aller à la conquête du pouvoir. Mais soyons réalistes. Tout aussi important soit-il de respecter le choix de ces partis mais aussi celui de la constitution, aucune élection ne peut être validée dans le contexte actuel.

Aller aux élections dans les conditions dictées par le pouvoir c’est rabaissé la démocratie au rang d’un simple artifice de peu d’importance qui donne l’occasion de devenir intouchable. L’opposition actuelle est trop abstraite et atone pour servir de fondement à un véritable changement de paradigme politique dans notre pays.

Boycotter diront certains, c’est faire le jeu du pouvoir. Cela est exact ! Alors, c’est à ceux qui se considèrent comme véritables rivaux du pouvoir de créer les conditions d’un rapport de force qui permettra de changer la donne sur le terrain et de créer le big bang nécessaire pour la transformation en profondeur de notre pays.

On peut comprendre que la nullité du pouvoir actuel donne espoir à tous les aventuriers et amateurs de devenir hommes politiques voire candidats à l’élection présidentielle. Mais sans audience réelle sur le terrain, sans avoir de représentants sur toute l’étendue du territoire, se déclarer candidat à une élection aussi factice, c’est simplement vouloir avoir des financements pour améliorer son train de vie ou encore servir de cheval de troie pour un candidat qui n’a pas le courage de se mettre en première ligne.

Il ne suffit pas d’être courageux et de jouer les « Kiriku » sur les réseaux sociaux pour prétendre diriger un pays. Pour être Président de la République, il faut en avoir l’étoffe, la carrure et un peu d’expérience professionnelle.

La mainmise du pouvoir sur cette mascarade alimentée par des procédures truquées et des électeurs invisibles, fait de la participation à ce scrutin insincère une véritable légitimation du pouvoir actuel. Aucun démocrate digne de ce nom ne peut se lancer dans cette opération honteuse qui ne sert qu’à accompagner M. Sassou Nguesso Denis dans son désir congénital de prendre le peuple en otage jusqu’à la fin de ses jours.

Le Congo notre pays est très malade. Il ne vit aujourd’hui que grâce aux milliards planqués dans les cimetières, les maisons individuelles et à l’étranger par ceux qui crient aux voleurs, à la lutte anti-corruption et aux antivaleurs afin de détourner l’attention du peuple et de distraire la communauté internationale. Si nous ne prenons pas garde, nous arriverons à moyen terme, à des situations ingérables.

Il est évident que n’importe quel Président qui sera désigné suite à ce simulacre de scrutin aura des pires difficultés à diriger ce pays. Ce n’est donc pas l’aide attendue du FMI qui permettra au Congo de trouver les solutions aux problèmes qui minent notre pays et qui lui permettra de sortir de la panade.

Alors, quelle fierté de diriger ce « no man’s land », cette terre hostile qu’est devenue le Congo, peuplée de femmes et d’hommes qui ne peuvent même pas se soigner, se vêtir ou manger à leur faim ? Le pouvoir pour le pouvoir, les honneurs et les paillettes sans fin, le lait et le miel pour une minorité et la misère et la pauvreté pour la majorité du peuple ; voilà le menu que nous proposent ceux qui veulent participer à la messe de requiem des libertés en 2021.

Tout cela pour dire aux Congolais que cette comédie fallacieuse planifiée par le pouvoir en 2021 n’apportera ni solutions, ni le bonheur aux congolais.

A contrario, les congolais qui ont été dépossédés de leur légitimité ne redeviendront propriétaires à part entière d’un Etat resté une promesse et d’une Nation construite autour de sa diversité et dans une concorde nationale valorisante et donc respectueuse, que s’ils s’engagent à braver l’interdit et à accepter une hyper exigence envers eux-mêmes, dans les luttes à venir. La confiance est un état d’esprit d’abord individuel, puis collectif dans l’intérêt du vivre ensemble, tant malmené depuis le retour au pouvoir de M. Sassou Nguesso Denis.

Il nous faut donc refuser d’être des naïfs heureux et vaincre la peur dans le seul but de nous forger un caractère d’acier et ne plus céder aux sirènes de la facilité et la médiocrité. Aucune société humaine ne s’est construite sans sacrifice, cela doit être rappelé en permanence. Nous ne faisons là que notre devoir de responsable des patriotes.

Comme nous l’avons toujours répété, seule une concertation nationale inclusive dans l’immédiat ou en 2021 permettra à l’ensemble des congolais de sceller un accord qui pourrait déboucher sur une transition pacifique et démocratique.
Cette période transitoire qui est la suite logique d’un processus démocratique de transformation de la réalité, est l’unique solution pour un débouché socio politique viable, pour un Congo Brazzaville moderne, donc rigoureux à défendre les principes de droits impartiaux et des méthodes draconiennes de gestion privée et publique.

Comme toutes les réformes menées de l’intérieur par des patriotes dotés du sens de responsabilité, le chemin vers une période de transition sera pavé de mauvaises intentions et de secousses de forte ampleur. Hélas, sans rupture totale avec les pratiques actuelles, les manipulateurs narcissiques habituels trouveront toujours sur leur route des ignares prêts à entraver les modifications en profondeur de notre société, simplement parcequ’ils ont peur de perdre leurs privilèges.

Néanmoins, nous avons la conviction qu’une transition pacifique et démocratique durant laquelle tous les acteurs auront pour objectif de promouvoir une société plus juste, transparente, réconciliée et inclusive, permettra de conduire notre pays vers une véritable démocratie, c’est-à-dire vers un engagement croissant des citoyens dans la vie publique ; ce qui permettra in fine de réinventer un modèle de gouvernance plus inclusif et plus participatif. Nous avons donc l’obligation de sortir notre pays de la torpeur et l’immobilisme dans lequels les dirigeants actuels l’ont fait sombrer.

A l’heure des nanotechnologies et de l’intelligence artificielle, il est suicidaire de laisser passer des trains chargés d’espoirs, d’opportunités et de progrès, sous le prétexte que seul compte l’avenir de son ethnie.

Le pays ne peut pas se permettre un tel luxe qui ne coïncide pas vraiment avec la volonté de rupture réclamée par la population, qui est déterminée à se faire entendre et à imposer un modèle de société qui correspond au monde moderne d’aujourd’hui.

Un seul mot TRANSITION, une seule exigence TRAVAIL COLLECTIF.

Ensemble, pour un Congo uni, libre et prospère. Plus jamais sans nous. Que Dieu bénisse le Congo.

Laurent DZABA
Président du Mouvement Panafricain et Citoyen « Bougeons-Nous »

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