L’économie marocaine demeure résiliente mais pas inclusive

Les perspectives économiques du Maroc à moyen terme sont favorables, a relevé la Banque africaine de développement (BAD) dans un récent rapport.

Dans ce document, intitulé « Perspectives économiques en Afrique 2019 » et qui présente des données clés sur la performance et les perspectives économiques de l’Afrique, la BAD relève la poursuite de la décélération de la croissance du PIB réel qui devrait s’établir à 2,9 % cette année, avant un rebond à 4 % à partir de 2020.

Selon l’institution financière panafricaine, « le ralentissement projeté en 2019 serait attribuable au léger recul de la valeur ajoutée du secteur primaire ».

Analysant les facteurs positifs et négatifs qui influenceraient les perspectives du Royaume, la Banque africaine a noté que « l’introduction en 2018, par Bank Al-Maghrib, du régime de taux de change flottant contrôlé dans une plage ± 2,5 %, contre ± 0,3 % auparavant, a été perçue comme un signe positif par les investisseurs et une étape importante vers une grande flexibilité du régime de change ».

La BAD a également noté que le cours du dirham s’est apprécié de 1,9 % contre l’euro au cours des 8 premiers mois de l’année 2018 et qu’il s’est déprécié de 0,9 % face au dollar américain durant la même période.
Dans ce contexte, a-t-elle poursuivi, « l’endettement du Maroc reste soutenable et devrait diminuer à moyen terme ».

Qualifiant de remarquables les performances économiques réalisées par le Maroc au cours de la dernière décennie, la BAD a relevé que « le déficit du compte courant est estimé à 3,8 % du PIB en 2018, marquant ainsi une légère augmentation par rapport à 2017, due essentiellement à une augmentation des importations de pétrole et de biens d’équipement partiellement compensée par les recettes touristiques et les transferts ».

Poursuivant son analyse, elle a indique que le stock d’infrastructures structurantes a connu une augmentation « grâce à un taux d’investissement porté en moyenne à 34 % sur la décennie 2008-2018, contre 29,8 % en 2007 ». Ce qui, a-t-elle déduit, aurait contribué à améliorer l’attrait du pays pour les investissements directs étrangers.

Qu’à cela ne tienne, la Banque africaine de développement a tout de même constaté que la croissance n’a pas été suffisamment inclusive et qu’elle a ralenti les efforts du Maroc pour accéder au stade de pays émergent.

Principale source de revenus en zone rurale, les gains de productivité dans le secteur agricole sont encore faibles malgré le Plan Maroc Vert destiné à promouvoir l’agriculture et à alimenter l’industrie.

En outre, elle a noté que « la gravité des contraintes hydriques affecte la production et accroît la volatilité des revenus agricoles, laquelle conduit à l’exode rural ».

Si la diversification de l’économie dans les métiers de l’automobile, de l’aéronautique et l’électronique est un des objectifs clés du Plan d’accélération industrielle, la BAD a estimé que « ces efforts de diversification devraient déboucher sur une extension de l’agro-industrie et des services, et stimuler le transfert de technologies et la création d’emplois ».

Pour la Banque, il ne fait aucun doute que son succès demeure lié notamment à la mise en adéquation des politiques de développement du capital humain avec les besoins des différents secteurs productifs.

Dans le registre des recommandations, l’institution panafricaine poursuit en rappelant que « l’agriculture, qui contribue de manière substantielle à la lutte contre la pauvreté rurale, doit être plus intelligente, se recentrer sur des activités à faible empreinte carbone et utilisatrices de technologies et d’innovations ». Et d’ajouter que ceci s’impose notamment à cause de la contrainte posée par la question de l’eau.

L’autre recommandation relevée dans ce rapport concerne l’amélioration de l’environnement des affaires. A ce propos, la BAD a également estimé qu’elle « doit être poursuivie pour créer des opportunités réelles de promotion du secteur privé, même si les autorités parviennent à créer des enclaves d’excellence à travers le pays avec des zones économiques
spéciales ».

Enfin, Banque africaine a estimé que l’ouverture du Maroc vers l’Afrique subsaharienne offrait aussi de nouvelles opportunités à ses entreprises, soulignant qu’«une dépense publique plus efficace et efficiente peut créer l’espace budgétaire nécessaire au financement des politiques sociales et d’aménagement du territoire, et de rendre la croissance plus inclusive ».

Alain Bouithy

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