Le règne de MBAMINA, groupe mythique congolais. (1972-1985)

Sans doute, le plus célèbre groupe congolais afro-rock des années 70/80. En tout cas, le plus connu et le plus écouté dans le monde à cette époque.

Groupe légendaire de la scène congolaise et internationale, Mbamina tire son nom du mot « Foudre » en Kongo. Un nom amplement justifié par la création d’une musique trouble et rythmique combinant une mosaïque de genres : folk, rumba, pop, blues, soul, funk et rock, accompagnée de percussions, guitares et de styles vocaux populaires dans le bassin du Congo et en Afrique du Sud.

Au commencement étaient « Les Echos Noirs ».

L’histoire de Mbamina est un vrai roman. En 1964, sept jeunes garçons de 14/15 ans, se retrouvent sur le trottoir de Brazzaville – quatre d’entre eux viennent d’arriver dans le flot des populations expulsées du Congo-Kinshasa, sur l’ordre du premier ministre Moïse Tshombe.

Les sept jeunes : Martin Samba Ngo (guitare-chant), Antoine N’Kouka (guitare rythmique), Adolphe Sompa (percussion) Jacques Bakangadio, Bernard Ifanibo, Gilbert N’Kodia, Dieudonné Loussakueno (chant) décident de s’unir pour faire face aux difficultés quotidiennes. Ils vivent et chantent ensemble. « Les Echos Noirs » sont nés. Nom, attribué par leur manager, le Père Christian (curé catholique).

Bien vite « Les Echos Noirs » s’imposent avec une musique mêlant rythmes congolais et influences sud-africaines, un style qu’ils nomment “mudgéku”.

Les grands moments de l’histoire des « Echos Noirs » sont marqués par de nombreuses activités, dont les plus importantes ci-après :

1966 – Myriam Makeba, de passage à Brazzaville, les encourage dans leur désir de former un groupe professionnel. Stimulés par les prouesses vocales de leur idole, la forme du groupe va beaucoup évolué, passant d’un simple groupe vocal à une structure instrumentale proche de la nouvelle vague . Les Echos Noirs sont bien branchés sur leur temps, et sur les sons qui en émanent.

1967 – Le Groupe « Les Echos Noirs » remporte un énorme succès lors de la 1ere Semaine Culturelle de Brazzaville. 1968 : Départ pour la France, où les cercles culturels leur réservent d’emblée un accueil très chaleureux. Tournée en Suisse. 1969 : Ils enregistrent « Kyrie païen » qui deviendra la musique du film de Med Hondo « Soleil O » dans lequel jouent également « Les Echos Noirs ». 1970 : Tournée en Hollande avec Mick Micheyl. La télévision et les cabarets parisiens leurs ouvrent leurs portes. Eté 1970. Pour terminer une année artistique bien commencée: Show télévisé à Amsterdam et une tournée de 3 semaines au Canada.

Des Echos Noirs à Mbamina

Les Echos Noirs
Les Echos Noirs

En 1972 le groupe congolais « Les Echos Noirs », initier et propulser en France par le Père Christian, cesse de continuer avec ce dernier, après 12 ans de collaboration fructueuse. Le 1er Juillet 1972, le Groupe Mbamina est né, en tournant la page « Les Echos Noirs » et le manager, Père Christian.

C’est le début d’une époque glorieuse, sous la houlette de son leader charismatique, le guitariste Samba Ngo. De 1972 à 1985, Mbamina sillonne l’Afrique, l’Europe, le Canada et connais un succès immense qui se repose sur le soutien inconditionnel de se fans, fascinés par les concerts spectaculaires des musiciens du groupe. Il balaye constamment les hit-parades avec des chansons réalisées dans l’ambiance chaudes des rythmes tropicaux. En quelques années, Mbamina deviendra l’un des groupes africains les plus célèbres du monde et Samba Ngo, reconnu comme guitariste-chanteur hors pair. Mbamina s’avèrera également un extraordinaire groupe de scène, écumant les salles du monde pour asseoir sa popularité.

Le trait d’union qui l’a distingué de nombreux autres groupes, est sans doute sa conscience socio-culturelle qui se transparaitrait dans toutes ses chansons et sa collaboration avec les grands noms de la musique du monde. Comme en témoignent à son actif, les temps forts suivants :
1972 – Animation des nuits chaudes de St-Michet à Paris aux côtés des stars françaises de l’époque, comme : Michel Polnareff, Marcel Amont, Mitch Michel… Tout comme le groupe fait du cinéma avec le réalisateur Med Hondo, du théâtre avec Littlewood et apprennent la danse avec Victor Upshaw.
1973, sortie chez Fonit Cetra International du premier 45t « Wendo »-« WatchiWara » produit par Christian Carbaza Michel, suivi du second  » N’Zoumba »-« Bakoko », paru en 1974 chez Barclay.

Eté 1973 – Concerts dans un Club à Milan (Italie) et aux Deux Rotondes de Garlasco, célèbre Club de Lombardie. Tout comme en 1974, le groupe anime le « Covo » de Santa Margarita en Ligurie, sur la Riviera. Puis, clôture en France la manifestation des Caves de Roy de St Tropez.

Hivers 1974, Mbamina est de nouveau en Italie, et à Madona du Cappillo. Rencontre avec le batteur Sergio Gabanni qui contribuera énormément au nouveau « son » Mbamina, par l’introduction des nouveaux instruments pour faire exploser l’art du groupe dans une dimension plus universelle.

Août 1975, Mbamina qui est devenu la chasse gardée des Italiens, est en vedette à la Busola de Bernardini, le plus grand music hall italien, et par deux fois, les hôtes de la RAI (la télévision italienne) La même année, sortie du premier album, African Roll, produit par Christian Carbaza Michel et Ivo Lunardi de Voom Music, distribué par Barclay. Le grand public découvre alors le style Mbamina, fusion de musiques diverses : rumba, afro-cubain, blues, soul, funk, rock et reggae. Le tout soutenu par une solide rythmique basse-batterie et relevé par des riffs de guitare rock et des cuivres flamboyants jazzy.

1976, Bernard Bifuanibo et Sergio Gabanni quittent le groupe et sont remplacés par Sika Toroma (basse) et Jean-Luc Lefèvre (batterie), Mbamina enregistre son troisième 45T, « Héléna »-« Sakala », paru chez EMI Italie et Philips France.

1977, Mbamina tourne au Cameroun, en première partie du spectacle de Claude François et Manu Dibango. Ils se rendent ensuite aux Antilles (Guadeloupe, Martinique), au Mali , en Côte-D’ivoire, au Sénégal , au Niger, et au Gabon.

Mbamina passe au Pavillon de Paris, en première partie du Godfather of Soul, James Brown. La grâce absolue lorsque celui-ci est venu les féliciter chaleureusement dans leurs loges, pour avoir assister à tout le concert du groupe.

Fin 1977 à Dakar, création par Mbamina du gala officiel du Sommet Franco-africain. Un grand spectacle « musi chorégraphique » avec la chorégraphe sénégalaise Germaine Acogny et son Ballet Moderne.

1978, enregistrement de l’opus  » Expérimental, » paru chez Fiesta Records. En 1980, sortie de  » Réflexion », dont les titres « Tchiula », et « Expérimental » (en nouvelle version), deux albums produits par Paco Rabanne Musique. Intégration d’un nouveau batteur : Boffi Banengola et d’un pianiste, le Martiniquais Luther Perreau.

1984 – Sortie de « Energie », opus réalisé avec le guitariste et claviériste Camerounais Yves Ndjock, auteur du titre « Anfo ».

Décembre 1984 (Paris), participation de Mbamina au projet humanitaire, Tam-Tam pour l’Ethiopie, un maxi 45 tours, réunissant une trentaine de musiciens et de chanteurs africains, sous l’impulsion de Manu Dibango. A la sortie du disque en 1985, Manu Dibango et Mory Kanté se rendent sur place pour remettre la totalité de la somme récoltée. L’Ethiopie est alors frappée par une terrible famine.

1985, au sommet de sa gloire, Mbamina se trouve confronter à des tensions internes qui poussent le groupe à la dislocation. Celle-ci a laissé un vide qui a été impossible de combler. Néanmoins, les fans ont continué à savourer les titres à succès, longtemps en-tête des hit-parades de variétés internationales , comme : « Watchiwara », « Wendo », « Helena », « Mamy », « Niongui », « Benguela » et « Zizi Koumbélé ».

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