TRIBUNE. Le niveau de prestation auquel nous ont habitué les politiques congolais est si médiocre que la verve de Jérémy Lissouba a relevé le propos, c’est indéniable.
Mais permettez que certains n’attendent pas de l’assemblée de simples discours endimanchés, mais du fond, de la vérité et des solutions pour le peuple. Bref, leur mission.
Le sujet qui défraie la chronique et mobilise la presse libre du monde entier est le énième détournement de fonds révélé et imputé à l’ancien directeur général de l’aval pétrolier, bombardé député d’Oyo, j’ai nommé monsieur Denis-Christel Sassou Nguesso.
C’est extrêmement grave qu’aucune enquête judiciaire n’ait été ouverte au Congo à son sujet, dans ce pays où le général Mokoko probable vainqueur de l’élection présidentielle de 2016 croupit en prison pour 20 ans à cause d’une vidéo non authentifiée; grave dans un pays où le parlement a levé l’immunité parlementaire d’un député, lui aussi candidat parce que des armes hors d’usage ont été découvertes au domicile de son frère cadet. Et que l’on se demande d’où va venir l’argent du PND alors que depuis les révélations des Panama Papers c’est près d’un milliard de dollars (soit un tiers du PND) sont réputés détenus illégalement par un seul individu, membre de cette assemblée, sans interpellation, sans enquête, sans évocation aucune de ses collègues (et pas que le député de Dolisie) et représentants du peuple, c’est effarant.
Le général Sassou Nguesso a dû se sentir avant-hier face à ce parlement, dans une réunion du comité central de son parti qui a respecté la règle suprême: ne jamais s’en prendre aux intérêts du chef. J’ai entendu dire de monsieur J. Lissouba après sa prestation qu’il mériterait d’entrer dans un prochain gouvernement, et je trouve cette suggestion pertinente, car il en a tout le profil: tourner autour du pot en épatant la galerie sans jamais mettre le doigt dans la justice et la vérité; donner l’impression de défendre les intérêts communs, en faisant l’aveugle si la famille régnante en est le fossoyeur.
La réalité est que le parlement est divisé entre ceux qui ont peur de Sassou Nguesso et ceux qui espèrent ses grâces et souvent les deux se rejoignent. Aucun ne se démarque et le roi les a choisi à dessein.
Parlement et justice congolaise: demandez le dossier complet à Global Witness
Hervé Mahicka