
PARLONS-EN. Le monde s’unifie : les langues se généralisent, les peuples se mélangent sans se perdre. C’est l’évolution naturelle des sociétés : la planète devient de plus en plus un village. Mais au Cameroun, certains programmes politiques semblent vouloir nous maintenir dans des considérations ethniques et géolocalisées.
La proposition du candidat Cabral Libii (le fédéralisme communautaire ) illustre parfaitement cette tendance : enfermer les Camerounais dans des sphères identitaires, tribales et sociologiques.
Pourtant, nous devons travailler à reléguer les identités communautaires à l’intime pour faire rayonner une identité nationale commune.
Ce fédéralisme propose un découpage territorial basé sur les communautés. Il semble oublier que les migrations internes ont profondément modifié le visage de chaque région : des communautés complètement différentes partagent aujourd’hui les mêmes espaces. Il oublie le métissage grandissant qui façonne une population camerounaise de plus en plus « homogène ».
Un enfant peut être de père Bassa, de mère Bangangté, avoir une nièce Douala et un cousin Bulu. Où placer cette génération de mélange dans un découpage territorial strictement communautaire ?
Les partisans de ce projet affirment qu’il vise à valoriser les identités ethniques. L’intention peut sembler noble, mais la méthode est problématique.
Dans un Cameroun uni, il ne s’agit pas d’effacer nos identités, elles sont notre richesse. Il s’agit de les connaître, de les faire connaître, de les partager, de les ouvrir aux autres pour renforcer notre fraternité.
C’est cette proximité culturelle qui, associée à notre identité nationale commune fera naître un Cameroun des cœurs, non pas la création de nouvelles frontières.
Le fédéralisme communautaire prétend également mettre en valeur les compétences régionales. Mais cette approche pourrait au contraire alimenter frustrations et rivalités hégémoniques.
Que se passera-t-il si une région, moins développée économiquement, devient la cible de stigmatisations ?
Je suis pour un Cameroun fédéral, mais sur la base de critères géographiques et économiques, et non sur l’ethnicité.
Je suis pour un Cameroun qui valorise les identités, mais pas au détriment d’une identité nationale qui fonde la nationalité et la cohésion sociale.
Je suis pour un Cameroun qui met en avant les compétences, mais dans une logique nationale, au service du bien commun.
Par Teddy Patou
Journaliste et animateur radio