Après une décennie de progrès substantiels dans la mobilisation des ressources intérieures, les recettes fiscales en Afrique ont baissé entre 2019 et 2020 sous l’effet de la pandémie de COVID-19, selon un nouveau rapport diffusé hier, lundi 14 novembre.
Le ratio moyen impôts/PIB des pays d’Afrique couverts par ce rapport a fléchi de 0.3 point de pourcentage en 2020 à 16.0 %, réduisant la capacité du continent à relever les défis que représentent la hausse des coûts d’emprunt, l’aggravation de l’insécurité alimentaire et l’augmentation de l’incertitude économique mondiale.
Les Statistiques des recettes publiques en Afrique 2022 révèlent que les recettes fiscales ont reculé de 0.5 % en valeur nominale entre 2019 et 2020 en moyenne dans les 31 pays d’Afrique étudiés, tandis que le PIB a progressé de 0.2 %. Vingt-quatre de ces pays ont enregistré une baisse de leur ratio impôts/PIB en 2020 par rapport à 2019. En 2020, les ratios impôts/PIB ont affiché de grandes variations entre les pays de la région, allant de 5.5 % au Nigéria à 32.5 % en Tunisie.
Les mesures prises par les pouvoirs publics pour atténuer les conséquences du COVID-19 sur les entreprises et les ménages ont contribué à l’érosion des recettes fiscales. C’est en Namibie que les recettes fiscales en pourcentage du PIB ont le plus baissé en 2020, avec un recul de 1.7 point partiellement imputable à un programme de relance et de soutien à l’économie visant à faire face à la pandémie. Parallèlement, c’est au Tchad que l’augmentation a été la plus forte, soit 6.6 points.
Malgré le fléchissement intervenu en 2020, le ratio moyen impôts/PIB des pays d’Afrique a progressé de 1.6 point entre 2010 et 2020. Cette hausse est plus marquée que celle de 1.0 point en Amérique latine et dans les Caraïbes (ALC), mais plus faible que l’augmentation de 1.9 point enregistrée dans les pays de l’OCDE au cours de la même période. Néanmoins, la crise du COVID-19 a effacé une décennie de progression des recettes fiscales en pourcentage du PIB dans plusieurs pays africains, notamment au Kenya et en Namibie, deux des six pays dont le ratio impôts/PIB était plus faible en 2020 qu’en 2010.
Le recul du ratio moyen impôts/PIB des pays d’Afrique en 2020 s’explique par une chute des recettes tirées des impôts sur les produits et services. Ces impôts représentaient la moitié des recettes fiscales totales en moyenne dans les pays de la région, et ont baissé de 0.4 % du PIB en 2020. Les recettes générées par l’impôt sur le revenu des personnes physiques n’ont pas varié en pourcentage du PIB, tandis que celles provenant de l’impôt sur les bénéfices des sociétés ont augmenté de 0.1 point, tirées par la forte hausse au Tchad.
Pour leur part, les recettes non fiscales ont augmenté de 0.6 point pour atteindre 6.8 % du PIB en moyenne en 2020 dans les 31 pays africains étudiés, compensant ainsi la baisse des recettes fiscales. Cette progression était portée par l’augmentation de l’aide extérieure, avec une hausse de 0.4 point des dons perçus, ainsi que par un accroissement des versements effectués par le fonds commun des recettes de l’Union douanière d’Afrique australe, notamment en faveur du Lesotho. Ces recettes supplémentaires ont permis de compenser le recul moyen de 0.2 point des revenus de la propriété dû en partie à la chute des prix du pétrole en 2020.
Ce nouveau rapport contient une étude spéciale consacrée à l’imposition du secteur informel en Afrique, un thème central pour la mobilisation des ressources intérieures au regard du fait que plus de huit travailleurs sur dix en Afrique occupent un emploi informel. Une taxation efficiente du secteur informel suppose que les pouvoirs publics comprennent mieux les besoins des entreprises et des individus opérant dans le secteur informel afin de les aider, rationalisent les multiples taxes et facilitent l’enregistrement des entreprises.
La publication Statistiques des recettes publiques en Afrique est une initiative conjointe du Forum sur l’administration fiscale africaine (ATAF), de la Commission de l’Union africaine (CUA) et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), avec le soutien technique de la Banque africaine de développement (BAfD) et du Cercle de réflexion et d’échange des dirigeants des administrations fiscales (CREDAF). L’édition 2022 a bénéficié du soutien de l’Union européenne et fait partie de la seconde phase du Programme statistique panafricain, une initiative conjointe de l’Union européenne et de l’Union africaine.