TRIBUNE. Le flatteur est avant tout un charmeur stratège. Il parle pour lui-même tout en vantant les mérites (vrais ou imaginaires) de son interlocuteur. Il flatte ce dernier pour en tirer quelque chose : un avantage, de l’argent, une nomination ou un maintien à un poste ou encore une promotion carriériste etc. C’est tout à l’opposé du discours qui préfère le bien commun à son propre bien, le collectif à l’intérêt égoïste.
Pour tout dire, la flatterie est au fond un discours tyrannique, car à l’instar de la définition aristotélicienne du tyran, elle ne s’intéresse qu’à son propre bien, à son plaisir, au détriment du bien commun.
Ce comportement révèle également les faiblesses du flatteur. Ce dernier sait qu’il ne peut obtenir ce qu’il veut par ses qualités personnelles. Ce qui revient à dire que son estime envers elle-même est très basse et, pour cette raison, il l’enrobe des mots mielleux pour couvrir ses propres défaillances.
Il va sans dire que la flatterie fait de grands dégâts dans les rapports sociaux. Elle refuse d’utiliser des mots justes pour affronter la vérité en présence ni pour désigner par son nom. Son registre lexical est construit sur un discours mensonger qui contourne la vérité, condamnant ainsi à mort le destin de tout un groupe. C’en fut le cas un certain 1 er mai 2018 lorsque l’alors ministre congolais de transport organisa la pompeuse cérémonie de pose de première pierre du nouvel aérogare de Ndjili. Dévoilant la maquette géante du nouvel aérogare, il prononça son discours de circonstances avec des éloges ronflants à l’adresse du président Joseph Kabila. Six ans plus tard, rien n’a été fait, ni même un simple début des travaux.
Le flatteur porte la main sur ceux qui étaient en paix avec lui, Il viole le pacte sacré du bon vivre-ensemble. La flatterie détruit tout autour de soi car elle est une marque de mésestime de son interlocuteur qu’elle vise à manipuler et qu’elle considère comme piètre figure, non clairvoyant et incapable de détecter les abus du langage.
La bouche du flatteur semble plus douce que le miel mais en réalité il y a la GUERRE larvée dans son cœur. Ses paroles sont plus onctueuses que l’huile mais ce sont des épées nues ( Ps 55, 21). La bouche du flatteur prend plaisir aux mensonges. Elle bénit par ses lèvres mais maudit dans son cœur. Le flatteur conspire ainsi contre tout un groupe. Il prépare la ruine du pays. Sa bouche vomit constamment un venin qui mord mortellement et celui qui l’utilise et celui à qui est elle est adressée.
La flatterie est un mal qui a gangrené le tissu social congolais. Elle s’est transformée en tout un style de vie. La majorité des gens semble s’y complaire tant est si vrai que le courage de dire la vérité est devenu source de nombreux ennuis. En regardant de près l’ampleur que prend le discours de flatterie dans différents secteurs de la vie nationale en RD Congo, il semble qu’est déjà arrivé le temps où les hommes ne supportent plus la vérité; mais, ayant la démangeaison d’entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détournant l’oreille de la vérité, et se tournant vers les fables. (2 Tm 4,3-4).
Germain Nzinga