Après la délinquance financière, la crise morale et économique, Mathias DZON et l’ARD, abordent aujourd’hui la grave crise sécuritaire qui plombe le Congo Brazzaville. Contrairement aux déclarations du pouvoir, le Congo n’est pas un havre de paix.
Déclaration
Sur le plan sécuritaire, à la suite du coup d’Etat anticonstitutionnel du 25 octobre 2015, le pouvoir a décrété un état d’urgence sur l’ensemble du territoire national et verrouillé le pays par d’importants cordons de sécurité, armés jusqu’aux dents. Des barrages routiers ont été érigés le long de toutes les routes principales du pays. Un véritable terrorisme d’Etat a été institué. Depuis, l’Etat/PCT gouverne contre le peuple et par la force brutale. Le département du Pool est occupé militairement. Un corps expéditionnaire spécial est basé à Kinkala, chef-lieu du département du Pool. Tout le Congo est transformé en une sorte de camp de concentration.
Alors que le Congo n’est pas en guerre et qu’aucun autre pays ne le menace, le pouvoir a recruté et continue de recruter massivement pour le compte de l’armée, de la gendarmerie et de la police, augmentant inconsidérément les effectifs de la force publique, aux dépens des autres secteurs vitaux comme l’éducation, la formation professionnelle, la recherche et l’innovation, la santé publique, l’environnement, etc.
A cette troupe inutilement nombreuse, il a ajouté des contingents de mercenaires de diverses nationalités : Tchadiens, Centrafricains, Rwandais, Congolais de la RDC et Angolais (les restes de l’Unita de Savimbi). Dans la même optique, on peut légitimement se demander si la présence actuelle de quelques éléments précurseurs de la milice Wagner à Brazzaville et à Oyo, ne présage-telle pas l’imminence de la signature d’un accord de coopération militaire entre le Congo et cette milice qui sévit déjà en République centrafricaine ?
L’Etat de droit est étranglé. Les libertés individuelles et collectives sont confisquées. Dans ce contexte, les partis politiques de la vraie opposition sont l’objet d’un harcèlement politique systématique sous diverses formes :
– non reconnaissance de plusieurs partis de cette mouvance par le ministère de l’Intérieur ; – arrestations et emprisonnements sans cause de militants et de responsables ; – procès politiques et condamnations arbitraires (cas de Paulin Makaya, du Général Jean-Marie Michel Mokoko et du ministre André Okombi Salissa) ; – entraves diverses au libre exercice des activités des partis (refus de salles de réunion ; interdiction pure et simple des réunions programmées ; répression de marches pacifiques ) ; dépôt par des nervis du pouvoir des armes et des munitions de guerre dans des domiciles de certains opposants, dans le dessein de les impliquer dans de faux complots (cas de André Okombi Salissa) ; disparitions forcées d’opposants (cas de Auguste Kalakala, membre du bureau politique du parti de André Okombi Salissa, dont le corps sans vie a été jeté à l’entrée de la morgue municipale de Brazzaville, après près de deux mois de disparition) ; éliminations physiques d’opposants jugés dangereux pour le régime. L’insécurité est partout. Les droits humains sont quotidiennement violés.
Les Bébés noirs, communément surnommés « Américains, Arabes, Africains fâchés, Kulunas », groupes violents, créés par le pouvoir à l’image des Tontons Makoutes (Bébés doc) du dictateur Duvallier de Haïti sèment la terreur et la désolation dans les villes, et tout particulièrement à Brazzaville et à Pointe-Noire, en commettant des braquages de domiciles privés et des agressions physiques contre de paisibles citoyens, sous l’œil bienveillant du pouvoir, leur géniteur. Du fait de l’explosion de la violence sous toutes ses formes (violences politiques, violences économiques et sociales, violences urbaines, violences en milieu scolaire, violences faites aux femmes etc.), la vie au Congo-Brazzaville est désormais faite du sang et des larmes du peuple.
Toute cette barbarie est sous-tendue par la volonté morbide du pouvoir actuel de demeurer à vie à la barre par la force. Dans cette optique, le mot d’ordre général, rendu public à Ollombo (département des Plateaux), au cours d’un meeting électoral, lors des élections législatives de juillet 2021, par un ministre en fonction, ce, en lingala, une des langues nationales du Congo, est : « Tokotika tè, Tokotika tè, Tokotika tè …», expression qu’on peut traduire en français comme suit : « Nous ne lâcherons jamais un pouvoir que nous avons conquis par la force des armes et au prix du sang. Il faudra passer sur nos corps pour nous le reprendre ».
Porté par cette obsession, le pouvoir achète des quantités innombrables d’armes et munitions de guerre, gardées non pas dans des sites militaires sécurisés mais dans des lieux privés, mitoyens des zones d’habitation, lieux connus du seul chef de l’Etat congolais et de son entourage immédiat. Cet arsenal de guerre est destiné à réprimer la moindre velléité de contestation du pouvoir.
Le peuple congolais est ainsi tenu en laisse sous la menace des armes de destruction massive et se réfugie désormais dans la résignation. La démocratie congolaise, réhabilitée par la Conférence nationale souveraine de 1991, est écrasée au moyen de baïonnettes. Elle a fait place à une dictature ubuesque. La paix sociale et la stabilité politique sans lesquelles il ne saurait y avoir de développement durable d’un pays, sont quotidiennement étranglées. Vivement le dialogue politique inclusif, pour éteindre l’incendie allumé par les pyromanes de l’Etat/PCT.
Fait à Brazzaville, le 14 avril 2023
La conférence des présidents