La communauté subsaharienne s’enquiert de son état de santé à Casablanca

REPORTAGE

. La Maison de la jeunesse étudiante de Casablanca a abrité récemment la deuxième édition de la Journée de consultations médicales gratuites. Une initiative de haute portée humanitaire organisée par l’Association Bank de solidarité, au profit des ressortissants subsahariens.

23 médecins originaires d’une douzaine de pays d’Afrique et leurs collègues marocains exerçant au sein des établissements hospitaliers de la capitale économique ainsi que deux étudiantes en sixième année de médecine ont été mobilisés pour assurer le succès de cette campagne.Il y avait parmi eux, des cardiologues, traumatologues, ophtalmologues, rhumatologues, dermatologues, stomatologues, neurologues, pédiatres, allergologues, généralistes, chirurgiens, pneumologues, neurochirurgiens et gynécologues, entre autres.
Faire aussi bien que lors de la première édition, qui avait permis d’ausculter quelque deux cents personnes, et pourquoi pas mieux afin d’offrir davantage d’aides médicales et de conseils aux nombreux patients annoncés ce jour-là. Tel est le défi que s’était promis de relever l’Association Bank de solidarité.
« L’objectif de cette journée est de faire bénéficier les ressortissants subsahariens en difficulté des consultations et conseils gratuits dans plusieurs disciplines médicales. Au-delà, offrir aux patients en grande difficulté l’opportunité de bénéficier de soins de santé grâce au soutien de nos partenaires », a confié le coordonnateur de la campagne, Gueck Beyeth, indiquant que cette action humanitaire est consacrée aux seuls patients de Casablanca.
Comme l’a relevé deux jours plus tôt, Aicha El Ouali, chargée de communication de cette organisation : « Le but de cette journée médicale est avant tout de prendre un premier contact avec la communauté subsaharienne,comprendre les besoins de santé de chaque personne et ensuite parer au plus urgent».
Selon cette Belgo-Marocaine résidant en Belgique, cette campagne permet aussi de «répondre aux questions d’ordre administratif auxquelles cette communauté pourrait être confrontée et de l’informer de ses droits et des aides dont elle pourrait bénéficier », expliquait-elle.
Les médecins ont pu ainsi ausculter au total près de 400 personnes d’une douzaine de nationalités, issues de toutes les catégories sociales, dont une majorité de ressortissants des pays anglophones notamment des Nigérians,ainsi que des Burkinabés, Ivoiriens, Congolais et RD Congolais.
Il est à préciser que ladite journée était structurée autour de quatre grandes actions : consultations multidisciplinaires, sensibilisation aux problèmes de santé, aide médicale aux nécessiteux et médication gratuite à la limite du stock disponible.
A noter que les premiers patients sont arrivés aux environs de 7h30. Parmi eux, il y avait des enfants, des étudiants, des commerçants, des travailleurs et des migrants ainsi que des familles africaines en vacances au Maroc. Et même des Syriennes.
Signalons que nombreux parmi les patients présents ce jour-là franchissent rarement les portes d’un hôpital ou d’une clinique.Et pour cause : «Les charges quotidiennes sont tellement importantes que je ne peux me permettre de consulter un médecin. Sauf grande urgence. Grâce à cette campagne, j’ai pule faire et surtout j’ai reçu quelques boîtes de médicaments », a confié satisfait l’Ivoirien F. B.
Originaire du Sénégal qu’il a quitté il y a près de quatre ans, S. B. justifie sa présence à cette journée en des termes on ne peut plus clairs : «Mes petites activités ne me permettent pas de joindre les deux bouts. Du coup, je ne songe même pas à voir un médecin. C’est pourquoi j’ai sauté sur cette occasion inespérée pour m’enquérir de ma santé d’autant plus que cela faisait 4 ans que je n’avais plus revu un médecin ».
Dr B. Rizlane et Jean-Max Sapoua ont géré la pharmacie du jour. L’ambiance autour d’eux est conviviale et sereine, en dépit de la forte sollicitation des patients sortis fraîchement des consultations et brandissant entre les mains une ordonnance.
« Nous avons constaté une très forte demande de médicaments antidouleurs. Sur le millier de boîtes que nous avons reçues des délégués médicaux et des pharmacies locales et belges, nous en avons distribué environ 600 dont les prix varient entre 18 à 400 DHS », a confié J.M.S.
Comme cela avait été relevé lors de la précédente édition, les principaux maux observés chez les patients auscultés concernaient : les douleurs musculaires et de reins, les troubles intestinaux et d’yeux, les maux d’estomac et de dents, le stress, la fatigue, les problèmes dermatologiques et les insomnies, entre autres.
Organisée en partenariat avec l’Association des Congolais du Maroc (ACOM), cette campagne proposait, par ailleurs, aux plus démunis des vêtements, des couvertures, des chaussures ainsi que des kits scolaires pour les tout-petits.
Moins protocolaire que le reste des actions au programme de cette journée, l’espace dédié à cette opération n’a pas désempli : plusieurs personnes y sont passées pour s’offrir une chemise, un pantalon, une paire de chaussures, un drap ou encore des fournitures scolaires, gracieusement offerts par des généreux Subsahariens et Marocains.
« Nous avons distribué plusieurs chemises. La demande était plus importante chez les hommes dont l’âge variait entre 25 et 30 ans et chez les femmes enceintes. Certains étaient un peu exigeants dans ce sens qu’ils réclamaient des vêtements et des chaussures en meilleur état et de bonne qualité. Mais tout s’est bien passé dans l’ensemble », a constaté la coordonnatrice du stand, Kaprice Wada.
Partenaire officiel de cette édition, «L’ACOM et son bureau de Casablanca se sont mis en branle pour que les Congolais participent activement comme bénévoles à cette campagne.Et nous les avons sensibilisés au mieux pour qu’ils profitent de cette aubaine afin d’être consultés gratuitement.On a eu la chance d’avoir de nombreux spécialistes ce jour-là », s’est réjoui Vadim Mvouba, président de l’Association des Congolais du Maroc.
Signalons que cette campagne médicale a été rendue possible grâce également à la collaboration de la Maison de la jeunesse étudiante dont les locaux ont servi de cadre à l’organisation de la deuxième édition.
A noter aussi que cette édition a été marquée par trois nouveautés : les patients avaient la possibilité de faire des tests de dépistage du VIH/SIDA et de glycémie. Ils pouvaient aussi se faire ausculter auprès d’un ophtalmologue et choisir sur place des paires de lunettes.
A propos du test de VIH, on notera que 55 personnes se sont présentées volontairement au stand de dépistage conscaré qu’animait l’Association de lutte contre le sida (ALCS). « Les tests se sont bien passés. J’étais agréablement surprise que des gens viennent d’eux-mêmes sans être forcés. D’habitude, les gens sont sceptiques quand on leur parle de test, ils ont peur et ne cherchent pas à prendre leurs résultats. Mais là tout s’est fait naturellement», a apprécié Lydie M.K.
Même constat du côté des tests de glycémie. « Nous avons eu trois cas de personnes avec des taux de glycémie élevés qui ont été envoyées au laboratoire pour confirmation du bilan. Par la suite, elles pourront être suivies par un spécialiste »,a dit Dr Nganghale Kenmoe Fanny.
Une anecdote. Alors que la campagne battait son plein, des médecins mobilisés à cette fin ont été appelés en urgence pour apporter assistance à un octogénaire qui venait de faire un malaise. Le patient, âgé de 88 ans, était dans un état confusionnel et souffrait d’une hémiparésie de la main droite. Après l’intervention des médecins, «le patient a été conduit aux urgences d’une clinique de la place pour un bilan complet de son ATT (accident technique transitoire), apprend-on auprès des Dr Nganghale Kenmoe Fanny et Dr Regane.
« Notre souhait est que cette action soit dupliquée dans les principales villes du Royaume où l’on trouve une forte présence de la communauté subsaharienne. Nous avons d’ailleurs prévu d’organiser une action similaire à Rabat, probablement en décembre prochain », a confié en fin de journée Gueck Beyeck.

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