CLIN D’OEIL. »Léandre-Alain Baker (Bakékolo Léandre-Alain, dit) : Acteur, auteur et réalisateur congolais de cinéma (Bangui, 25 février 1960).
Après des études à Pointe-Noire, Brazzaville et à Paris, il cofonde la revue Equateur avec l’écrivain et l’éditeur Caya Makhélé, fait ses classes auprès de grands réalisateurs comme Peter Brook et Gabriel Garran (mise en scène retentissante en 1988 du « Bal de N’dinga » de Tchicaya U Tam’si), puis apparaît dans des films et téléfilms à la Télévision française, notamment dans des séries des Maigret, Médecins de nuit, Fruits et légumes, etc.
» En 1993, il fait son entrée en littérature avec Ici s’achève le voyage, roman dont le narrateur, un Africain incarcéré pour crime passionnel, raconte son séjour d’exil et de solitude à Paris. Par la suite, L.-A. Baker publie une pièce de théâtre (Les jours se traînent, les nuits aussi, 1993), créée au Studio des Champs Élysées dans une mise en scène de Gabriel Garran avec Isaach de Bankolé et Nathalie Cerda. Il en tire un premier court métrage Un pygmée dans la baignoire (1993) qui met en exergue la question de l’hospitalité en France. Si les créations de L.-A. Baker alternent entre le théâtre (Les jours se traînent, les nuits aussi, 1993, L’enfer comme station balnéaire, 2007, etc.) et la poésie (Le vent secoue la montagne, 2010), c’est le cinéma qui constitue son mode d’expression privilégié.
Sa production cinématographique est constituée de cinq fictions et de quatre documentaires dont deux portent sur des écrivains (Sony Labou Tansi : Diogène à Brazzaville, 1999 ; Tchicaya la petite feuille qui chante son pays, 2001). Ses fictions se composent de trois courts métrages (Au bout du couloir, 1996 ; La couture de Paris, 1995 ; les oranges de Belleville 2005) et d’un long métrage Ramata (2009), tiré du roman éponyme d’Abasse Ndione, lequel évoque la métamorphose d’une femme de 50 ans (jouée par le mannequin Katoucha Niane), amoureuse d’un jeune homme de 25 ans son cadet. On doit également à L.-A. Baker des scénarios de films, comme ceux de Hubert Laba Ndao (Dakar trottoirs, 2013 ; Teuss Teuss, 2013) et de Caroline Pochon (La Deuxième femme, 2014).
Les créations théâtrales et cinématographiques de L.-A. Baker évoquent « des histoires de femmes et d’hommes, leurs souffrances, leurs difficultés à avancer dans la vie » (M. Segertova). Elles ont pour cadre tantôt l’Europe (Les Oranges de Belleville, Au bout du couloir, etc.), tantôt l’Afrique (Les fiancés d’Imilchil, Maroc ; Ramata, Sénégal). Elles abordent divers sujets, y compris celui du génocide rwandais (Yolande ou les blessures du silence, 2016) […] «
Distinctions : mention spéciale pour Diogène à Brazzaville, Vue d’Afrique, Montréal ; Prix du meilleur long métrage pour Ramata, au Festival international des Films d’Afrique et des îles, La Réunion, 2010 ; Deux Prix de la jeunesse au Festival Miroir et Cinéma (Marseille, 2010) et au Afrika Film Festival Leuven (Belgique, 2012) ».
Par Philippe Moukoko
Dictionnaire général du Congo-Brazzaville, L’Harmattan (2e édition, 2019, p. 46-47).