Le poète congolais Gaëtan Ngoua a récemment confié à Pagesafrik.info, au cours d’une interview, que sa plume était en transe et qu’il n’entendait pas s’arrêter, promettant qu’il allait renforcer son parc à livre avant la fin du mois de juillet.
PagesAfrik : Combien de recueils de poèmes avez-vous déjà publié et pourquoi ne publiez-vous que des poèmes ?
J’ai déjà quatre recueils de poèmes sur le marché du livre notamment : Rêves candides, C’est Urgent, Mon doux peuple et récemment Ode pour mon enfance. J’ai commencé par les poèmes rassurez-vous, ça ne s’arrêtera pas là. Ma plume est en transe. D’ici là, vous aurez d’autres recueils de poèmes et peut-être un roman.
PagesAfrik : Peut-on penser que vous vous sentez plus à l’aise dans la poésie que dans les autres genres littéraires?
Oui, vous avez peut-être raison de penser ainsi. Dans la vie, il y’a toujours un problème de choix. Mais je trouve que la poésie est un genre littéraire qui est mieux adapté aux émotions que je ressens. La poésie me semble être la voie des sans voix.
PagesAfrik : Quels thèmes abordez-vous dans vos poèmes?
Je parle de tout. Ma poésie est une poésie qui encense l’homme. Par conséquent, elle aborde ses joies et ses malheurs. Je parle aussi de mes racines là-dedans et vous verrez que je vais puiser dans mon pays natal Mbila qui est ma muse intarissable, le pays de mon enfance et de mes rêves. «Ode pour enfance» est consacrée à ça. Mais dans tous mes recueils, vous trouverez des poèmes sur Mbila mon village natal.
PagesAfrik : Avez-vous été particulièrement influencé par un poète et si c’est le cas, peut-on savoir le poète qui vous a ainsi influencé?
Mes livres de chevets sont Epitomé, et arc musical de Tchicaya U’tamsi. Je suis rentré en effet dans la maison de la poésie depuis la classe de première en 1991, à travers le poème Le contempteur que Monsieur Tsimba Léon alors professeur de français, nous avait donné comme commentaire de texte composé. Je récite ce texte jusqu’aujourd’hui. Et ce texte a influencé ma vie « je bois à ta gloire o Dieu, toi qui m’a fait si triste, tu m’as donné un peuple qui n’est pas bouilleur de cru. Quel vin boirai-je à ton jubilate en cette terre qui n’est pas terre à vigne… » . Avec ce texte, c’était l’acte de mariage entre la poésie et moi. J’écris les poèmes depuis la classe de seconde et c’est un frère et ami Pierre Saya actuellement Professeur de philosophie au Lycée Pointe-Noire 2 qui m’y a conduit. A cette époque, il écrivait déjà des poèmes très merveilleux. Après le Baccalauréat, le destin nous a conduit tous au département de Philosophie à l’Université Marien Ngouabi et là, toujours à travers Pierre Saya, j’ai rencontré un autre frère, paix à son âme, Octave Mbélé Milika qui écrivait aussi des poèmes et lui à cette époque publiait déjà dans un journal intitulé «La corne enchanté». Et là, c’était le début de la formalisation de mon rêve de devenir poète. C’est finalement en 2016 que j’ai publié mon premier recueil de poème. La marche fut longue.
PagesAfrik : Vous est-il arrivé de rencontrer des difficultés dans votre vie littéraire?
Oui les difficultés d’édition. Par deux fois, mes tapuscrits avaient été rejetés par les éditions L’Harmattan France. Ça avait failli être un motif de démotivation mais le courage et la détermination avait pris le dessus sur le reste. Ce qui a produit le résultat que vous avez aujourd’hui. Ne jamais se décourager et abandonner dans la vie.
PagesAfrik : Quelle lecture faites-vous de la promotion du livre dans votre pays et que pouvez-vous proposé si on vous demandait votre contribution?
Comme le disait Sony Labou Tansi «dans un monde comme le nôtre où la télévision essaie de tuer la place publique, il faut en inventer», le livre n’est pas suffisamment promu dans notre pays. La littérature est l’enfant pauvre de la culture dans notre pays. Cela est dû en partie au fait que les congolais ne s’intéressent plus assez à lecture et la conséquence immédiate, c’est que ceux qui font de la vente du livre un business ne peuvent plus continuer à vendre. Conséquence plus assez ou presque plus de librairie dans le pays. Nous donc nous-mêmes auteurs trouver des voies et moyens pour inventer des places publiques et promouvoir le livre : il faut qu’on puisse amener la Gourmandise poétique dans la rue donc sur la place publique afin d’informer le plus grand nombre et emmener notre littérature là où elle n’arrive plus. Ne voyez-vous pas que la musique a supplanté la littérature dans notre pays ? Nous aussi amenons la littérature dans les «Ngandas».
PagesAfrik : Vous arrive-t-il de penser au roman, à la nouvelle ou à l’essai?
J’ai en roman en chantier. Il faut encore du temps. Attendez-le, il va arriver tôt ou tard. Pour l’heure, pas de nouvelle, pas d’essai en perspective.
PagesAfrik : Qu’avez-vous en perspectives dans ce cas ?
D’ici la fin du mois de juillet, vous aurez dans vos mains «A la cueillette des voies lactées, Bruits des lendemains, Sentier d’espérance et peut peut-être Mi-fleuve, mi-mer », tous des recueils de poèmes. Puis, comme j’ai dit, le roman plus tard. Préparez-vous à une avalanche de recueils de poème de Gaëtan Ngoua. Je sais que les puristes ne me le pardonneront pas. Mais, je réponds à l’urgence des temps. Tchicaya U’tamsi disait que «tout créateur est un transgresseur».
Propos recueillis par Florent Sogni Zaou.