Encore raté ! La cinquième candidature marocaine pour l’organisation de la coupe du monde de football en 2026 se solde par une nouvelle désillusion. Cette honorable défaite contre la candidature « United 2026 » (Canada, Etats Unis, Mexique) a eu le mérite de nous ouvrir les yeux sur l’esprit de solidarité de tous les pays du Maghreb qui ont fait corps avec le Maroc.
Avec l’extension du format de la Coupe du Monde à 48 pays, le Maroc n’a quasiment aucune chance d’organiser un Mondial. S’il veut finalement triompher, il n’a pas d’autre choix que de s’associer à minima avec ses voisins Algériens et Tunisiens.
Véritable phénomène de masse au Maghreb, le football vient de nous rappeler à cette occasion la fraternité qui lie tous les maghrébins.
A l’instar du charbon et de l’acier qui ont été à la base de la construction européenne, le football offre une occasion unique et inespérée de relancer le projet d’Union Maghrébine au travers d’une idée bien plus ambitieuse et bien plus bénéfique qu’une candidature commune pour accueillir une Coupe du Monde. L’organisation d’un championnat de football professionnel réunissant les meilleurs clubs algériens, marocains et tunisiens peut naitre de la volonté des trois pays sans nécessité de candidater auprès de la FIFA.
Rayonnant sur une zone de plus de 100 millions d’habitants, la Boutolla Magharibya (Championnat maghrébin en arabe) aura un effet catalyseur sur la dynamique d’intégration régionale. Ce projet a d’autant plus de chance de réussir qu’il suscitera une forte adhésion des populations maghrébines.
Pour la renaissance d’une élite du football maghrébin
Aujourd’hui, les championnats maghrébins bien que professionnels, souffrent d’un déficit d’attractivité et de compétitivité et ne parviennent pas à retenir leurs meilleurs joueurs. Le niveau économique très faible des clubs s’explique par des sources contenues de revenus, des droits télévisuels qui ne sont pas exportés et du niveau relativement bas de fréquentation des stades. A cela s’ajoute leur dépendance à quelques grandes fortunes ou monopoles d’État qui les maintiennent sous perfusion au travers d’une gouvernance opaque et paternaliste.
La mise en place d’une élite du football professionnel maghrébin unifiée propose un format de compétition qui offre un extraordinaire potentiel économique.
Cette nouvelle ligue, se substituera aux championnats actuels de première division. Elle regroupera les clubs les plus prestigieux et les plus capables de répondre à un cahier des charges dûment établi accordant une prime à l’histoire, au palmarès récent ainsi qu’aux infrastructures de standing international.
On pourrait imaginer dans un premier temps, une ligue composée de 6 clubs marocains, 6 clubs algériens et 5 clubs tunisiens (*). A terme, cette compétition pourrait s’élargir à des clubs mauritaniens et libyens voire devenir un championnat nord- africain en intégrant les meilleurs clubs égyptiens.
Les premières saisons de ce nouveau championnat saisons pourraient être financées par un consortium d’entreprises maghrébines publiques et privées. Par la suite, l’attractivité croissante de la Boutolla Magharibya génèrera un modèle économique pérenne pour tous ses clubs, lesquels verront leurs revenus se diversifier et considérablement augmentés. A commencer par une inflation des droits télévisuels qui s’exporteront dans tous les pays où réside une importante diaspora maghrébine. Ces droits TV intéresseront aussi les pays du Golfe attirés par un championnat arabe performant ainsi que les pays d’Afrique subsaharienne futurs grands pourvoyeurs de jeunes talents à une compétition leur offrant de confortables revenus.
Une exposition et une couverture médiatique internationale, un meilleur spectacle, des taux de remplissage des stades élevés, attireront les annonceurs et les entreprises qui proposeront des contrats de sponsorings nettement revalorisés. La Boutolla Magharibya sera le premier jalon vers la création d’une zone maghrébine de libre circulation des hommes, des marchandises et des capitaux.
La multiplication des matches intermaghrébins s’imposera de faciliter les déplacements des supporters. Comment maintenir fermée la frontière terrestre entre l’Algérie et le Maroc dans ce contexte !
De même, le développement du marché des transferts de joueurs, la diversification des sources de revenus mettront immanquablement en exergue les questions relatives au contrôle des changes, à la couverture de change et aux libellés des règlements, etc. amenant les autorités publiques de chaque pays à s’entendre vers une plus grande intégration financière.
Par ailleurs, il est fort à parier que l’existence d’une Ligue unifiée, diminuera les ardeurs nationalistes et renforcera la fraternité des peuples maghrébins. Comment ne pas imaginer que des habitants d’Oujda n’en viennent pas à supporter le Mouloudia d’Oran? Ou que les Souk Ahrassiens ne deviennent pas de fervents supporters des sangs et or tunisois (Espérance Sportive de Tunis) ?
La mise en place d’une structure composée de professionnels du marketing, de la communication en charge de valoriser le produit ‘BoutollaMagharibya’ dopera le développement de ses clubs qui évolueront dans un championnat faisant partie à terme du Top 15 voire du Top 10 mondial.
Que ce soit pour le football ou dans n’importe quel autre domaine, les pouvoirs publics doivent avoir conscience que tant que leurs marchés resteront fragmentés, le potentiel d’attraction du Maghreb demeurera peu exploité. De même, l’influence et le poids exercés par les pays de la région s’affaiblira avec le temps tant qu’il n’y aura pas de volonté conjointe et une vision d’avenir partagée. Alors pourquoi ne pas commencer par ce qui passionne une grande majorité de la population : Le football!
Collectif algérien NABNI (la suite sur nabnI.org)
*Cette répartition n’est qu’une proposition basée sur des critères sportifs et d’infrastructures. Il tiendra aux fédérations nationales de privilégier d’autres critères telles que par exemple une stricte égalité du nombre de clubs par pays.