Plus vive, plus sublime, la palette de l’artiste peintre Nadia Chellaoui s’invite jusqu’au 17 mai au Centre culturel de l’Agdal de Rabat.
Organisée par D’Art Louane ou la Maison d’artistes et des couleurs, cette exposition invite les amateurs de l’art contemporain marocain à découvrir les œuvres récentes de cette plasticienne sur le thème « Voyages entre trombines». Le vernissage de l’exposition est prévu le vendredi 5 mai à partir de 20 h en présence de plusieurs personnalités du monde de l’art e de la culture et de divers horizons.
Couleurs expressives, formes de confession symbolique, l’univers pictural de la plasticienne marocaine Nadia Chellaoui est le reflet de sa palette riche et sa gestuelle hautement symbolique où la vie est toujours présente. Nommée ambassadeur auprès de Divine Académie française des Arts, Lettres et culture, cette artiste peintre nous propose aujourd’hui le fruit de sa longue quête de formes et de couleurs. Elle révèle ainsi une palette diversifiée d’œuvres inspirées de fragments et de symbolisme, plus gestuelles et moins formelles. Pictographies finement tracées, productions plus libres reposant sur l’emploi de signes, de symboles, de motifs géométriques riches en termes de plasticité et de picturalité. Une synthèse d’expressions à la fois proches et lointaines.
Avec des gestes successifs aux crayons, fusains, pinceaux ou couteaux, Nadia enchevêtre des bleus, des roses, des jaunes, des verts, des oranges, des violets pour offrir un va-et-vient entre des tons clairs et obscurs, harmonisés par un mélange trichrome qui a pour effet d’épargner les contrastes. Un rythme cohérent pour sublimer la couleur via une lumière évanescente, ce qui offre une douceur fascinante. Des couleurs qui caressent l’espace, audacieuses et discrètes, restent toujours la source, la rive vers la peinture.
Cette exposition, qui se poursuit au Centre culturel d’Agdal, est l’occasion pour le public de découvrir le travail pictural d’une artiste qui marie bien les couleurs froides et chaudes pour un rapprochement inédit, surtout dans ses portraits individuels. Il faut dire que les couleurs s’imposent énormément dans cet univers où l’identité des personnages, souvent féminins, frise la fiction, voire le fantasme. Le bleu outremer ou opalin cohabite avec le rouge bordeaux ou carmin, les gris colorés destinés à meubler le fond ressortent des zones sourdes. Le tout en adéquation avec les plans du devant, dans un rendu visuel attrayant où la vie est toujours présente. Et la fantaisie qui caractérise sa liberté d’expression demeure quasiment lyrique. Son œuvre capte une réelle intuition qui se nourrit d’une créativité qu’elle maîtrise avec une aisance sans aucune complaisance. C’est la clé de lecture qui permet aux visiteurs de décoder ses tableaux.
Délivrée des contraintes canoniques de la forme, Nadia Chellaoui, disciple de maîtres expressionnistes comme Kokoschka, Modigliani ou Soutine, se concentre sur ce qui fait la force et la spécificité : rythme et harmonie de la composition dans l’espace, tensions et contrastes des lignes, vigueur et mouvement du trait.
Artiste de talent, elle sait bien que ce qu’elle met sur le support n’est pas seulement affaire de subjectivité, il s’agit surtout d’anticiper sur la réalité de ce qu’elle ressent au moment de l’exercice. Cela aboutit à des résolutions qui tiennent de l’aventure, nées qu’elles sont d’une véritable force de tempérament. L’acte pictural est alors un acte de libération et une possibilité unique de se retrouver tel qu’en soi-même.
L.M