L’impact de la propagation de la pandémie du coronavirus (Covid-19) s’annonce dévastateur pour bon nombre d’entreprises et catastrophique pour l’emploi au Maroc.
C’est ce que révèle l’enquête qualitative menée en début du mois par le Haut-commissariat au plan (HCP) auprès d’un échantillon de 4000 entreprises opérant dans les secteurs de l’industrie manufacturière, de la construction, de l’énergie, des mines, de la pêche, du commerce et des services marchands non financiers.
Réalisée dans le cadre de ses travaux de suivi des effets socio-économiques de la pandémie de Covid-19 sur l’économie nationale, cette enquête riche en enseignements nous éclaire un peu plus sur l’étendue et l’ampleur des conséquences de la pandémie sur l’activité des entreprises au Maroc.
Selon les résultats de l’enquête dont l’objectif principal est d’évaluer l’impact immédiat de cette crise sur la situation des entreprises au Maroc, 57% des entreprises interrogées (représentant près de 142.000 entreprises) ont déclaré avoir arrêté définitivement ou temporairement leurs activités suite à la pandémie.
Précisons que plus de 135.000 d’entre elles ont « dû suspendre temporairement leurs activités tandis que 6300 ont cessé leurs activités de manière définitive », a fait savoir l’institution publique.
L’analyse de l’échantillon des entreprises interviewées, par catégorie, montre que les TPE (très petites entreprises) représentent 72%, les PME (petites et moyennes entreprises) 26% et les GE (grandes entreprises) 2% des entreprises en arrêt d’activité de façon temporaire ou définitive.
Avec 89% d’entreprises en arrêt, l’hébergement et la restauration se hissent en tête des secteurs les plus touchés par la crise actuelle liée à la pandémie. Ils sont suivis par les industries du textile et du cuir (76%), les industries métalliques et mécaniques (73%) ainsi que la construction dont près de 60% des entreprises sont en arrêt.
L’analyse des informations recueillies auprès des sociétés contactées montre que la crise sanitaire s’est en outre accompagnée d’une dégradation de l’emploi. Ce qui est tout aussi inquiétant et pas du tout rassurant quand on sait que la bataille sur le front du marché du travail était loin d’être gagnée. Ce, bien avant que le Maroc et les autres pays de la région ne soient affectées par la pandémie.
A ce propos, les résultats de l’enquête révèlent que plus d’un quart des entreprises (27%) auraient dû réduire temporairement ou définitivement leurs effectifs. Ainsi, 20% de la main-d’œuvre des entreprises organisées aurait été réduite, correspondant à près de 726.000 postes (hors secteurs financier et agricole).
A en croire le Haut-commissariat, « cette proportion est de 21 % pour les TPE, 22% pour les PME et de 19% pour les GE », ajoutant, par ailleurs, que 57% des effectifs réduits sont des employés des TPME (très petites, petites et moyennes entreprises).
Selon les analystes du HCP, « les secteurs les plus touchés en termes de réduction d’emplois seraient principalement les services avec 245.000 postes de travail, soit 17,5% de l’emploi total de ce secteur, suivis du secteur de l’industrie (y compris la pêche, l’énergie et les mines) avec une réduction de 195.000 postes, ce qui représente 22% de la main-d’œuvre dans ce secteur ».
Avec une réduction de près de 170.000 postes d’emploi observée durant cette période, soit 24% de l’emploi global de ce secteur, la construction se place à la quatrième place du tableau.
Restons dans le domaine de l’emploi pour ajouter que les résultats de l’enquête tendent à montrer que « l’industrie de l’habillement aurait enregistré une réduction de 34% de l’emploi total dans cette branche, suivie de celle de l’hébergement avec 31% des emplois réduits, puis les branches de la construction des bâtiments et de la restauration qui auraient réduit respectivement 27% et 26% de leurs effectifs », constate l’HCP.
Même son de cloche du côté de celles qui continuent leurs activités et qui représentent 43% du total des entreprises. En effet, l’enquête montre que « la moitié d’entre elles auraient dû réduire leur production pour s’adapter aux conditions imposées par cette situation », alors que 81% l’auraient réduite de 50 % ou plus.
Soulignons en outre que « 49% des TPME, en activité pendant la période de référence de l’enquête, auraient réduit leur production à cause de la crise sanitaire actuelle (repli de 50% et plus pour 40% de ces entreprises) », selon le Haut-commissariat.
Par ailleurs, il apparaît que plus de la moitié des entreprises (62%), encore en activité dans le secteur de la construction, auraient dû réduire leur production. C’est également le cas pour le secteur de l’hébergement et la restauration (60%), les industries chimiques et parachimiques (52%), le transport et entreposage (57%) et l’industrie du textile et du cuir (44%), qui auraient également été touchés par ce repli.
Alain Bouithy
67% DES ENTREPRISES EXPORTATRICES IMPACTEES PAR LA PANDEMIE
Près de 67% des entreprises exportatrices auraient été impactées par la crise sanitaire. Une entreprise sur 9 aurait arrêté définitivement son activité, 5 sur 9 entreprises auraient procédé à un arrêt temporaire alors qu’un tiers des entreprises restent encore en activité mais elles auraient dû réduire leur production.
Par ailleurs, plus de 133.000 emplois auraient été réduits au niveau du secteur exportateur, soit 18% des emplois réduits, tous secteurs d’activités économiques confondus. A ce titre, plus de 50.000 emplois auraient été réduits au niveau des entreprises exportatrices opérant dans l’industrie du textile et du cuir (62%). Celles qui sont dans le secteur de l’information et de la communication auraient réduit 7200 emplois, soit 60% du total de ce secteur au moment où cette proportion aurait atteint 38%, soit 14.000 emplois réduits au niveau du secteur de l’industrie métallique et mécanique, 11.000, soit 35% dans le secteur agro-alimentaire et 10.000 postes d’emploi représentant une proportion de 30% au niveau du secteur de la chimie et parachimie.