En 1921, un écrivain noir guyanais obtenait le Prix Goncourt, il s’appelait René MARAN et son livre s’intitulait « Batouala » avec en sous-titre « véritable roman nègre ». J’étais trop jeune à l’époque pour le lire mais depuis je l’ai lu et relu, toujours avec la même impression de découverte de l’Afrique dans ce qu’elle a de plus primitif, de plus dur et de plus pur : la brousse.
Dans sa préface, dédiée aux écrivains de France, René Maran situe son roman : il se passe en Oubangui-Chari, (aujourd’hui Centrafrique) dans la subdivision de Grimari, chez les « Bandas ». Roman d’observation impersonnelle, dit-il lui-même, où il n’a fait que constater et enregistrer. Il est très rare en effet au cours de « Batouala » d’apercevoir l’auteur derrière ses personnages.
Personnages prenants dans leur simplicité et leur rudesse : BATOUALA, le grand chef, le « mokondji » de tant de villages « robuste-membru, excellent marcheur » sans rival dans tous les exploits et en pleine force de l’âge. Sa favorite YASSIGUI’NDJA, type africain de l’éternel féminin, partagée entre son attachement pour son mari Batouala et le désir d’appartenir au beau et jeune BISSIBI’NGUI, maître de tous les cœurs du village. Drame à peine ébauché entre ses trois, deviné plutôt que décrit et qui se termine par la mort de BATOUALA sous la griffe de Mourou la panthère tandis que YASSIGUI’NDJA et BISSIBI’NGUI s’enfuient dans l’eau…
J’aimerais que tous ceux qui vivent en Afrique Noire aient lu « Batouala ». Comme ils comprendraient mieux. J’ai eu la chance de le lire avant d’y revenir et grâce à lui je n’ai pas tout à fait découvert l’Afrique, je l’ai plutôt retrouvé.
J’ai laissé volontairement dans l’ombre le côté « colonial » du roman. Il fallait sans doute, à l’époque, que certaines choses soient dites. Nous sommes en 1958 et je crois que tout a été dit à ce sujet dont je ne suis pas qualifié pour parler et qu’il m’est impossible de juger…
Rappelons que René Maran est un écrivain français, lauréat du prix Goncourt en 1921 – et premier Français noir à recevoir ce prix – pour son roman Batouala, dont la préface dénonce certains excès du colonialisme.
Il est né le 5 novembre 1887 sur le bateau qui mène ses parents guyanais à la Martinique . Sa naissance est déclarée à Fort-de-France le 22 novembre 1887.
Ses parents, partis au Gabon (où son père, Léon Herménégilde Maran, occupait un poste administratif colonial), le mettent en pension, dès l’âge de sept ans, au lycée de Talence puis au lycée Michel de Montaigne de Bordeaux. Il y rencontre Félix Éboué. Il est mort à Paris 13e le 9 mai 1960.