
La croissance de l’économie brésilienne en 2022 s’avère plus résiliente, que prévu initialement, face aux chocs externes, en particulier aux retombées du conflit russo-ukrainien, a estimé la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) relevant du ministère marocain de l’Economie et des Finances.
Comme le relève la DEPF, l’activité de ce vaste pays d’Amérique du Sud est soutenue par une réouverture plus complète de l’économie, une solide reprise de l’emploi, des transferts sociaux accrus et des prix des matières premières élevés (à l’exportation). Dans ce contexte, le FMI a relevé sa projection de croissance du Brésil en 2022 pour la porter à 1,7% contre 0,8% prévu initialement en avril et 4,6% en 2021.
Il faut cependant noter que les perspectives de croissance pour 2023 s’avèrent plus faible (1,1% selon le FMI), en raison de l’impact décalé du resserrement monétaire, des pressions inflationnistes, de la faiblesse de la croissance mondiale, et de l’incertitude sur l’élection présidentielle d’octobre, ont noté les analystes de la DEPF concluant que le prochain président devra relever le défi de l’assainissement budgétaire et de l’avancement des réformes.
Dans sa note de conjoncture du mois de septembre, la DEPF constate que la croissance du PIB s’est accélérée ‘au second trimestre de 2022 (3,2% après 1,7% au T1), suite à une hausse de la consommation des ménages (5,3%) en lien avec une forte progression du revenu réel.
La même source indique que les données à haute fréquence signalent une faiblesse de l’activité et que la production industrielle a confirmé son repli en juillet (-0,5% après -0,5% en juin). La croissance de l’activité du secteur privé a nettement ralenti en août, comme le signale l’indice PMI composite (53,2 après 55,3 en juillet).
la note de conjoncture précise la décélération de la croissance concerne aussi bien l’activité manufacturière (51,9 après 54,0) que celle des services (53,9 après 55,8).
S’agissant de l’inflation, il ressort qu’elle « s’est atténuée, passant de 10,1% en juillet à 8,7% en août, son plus bas niveau depuis plus d’un an, en raison de la baisse des coûts de transport », écrit-on soulignant toutefois qu’elle reste située à un niveau bien supérieur à l’objectif officiel de 3,5% pour 2022 (avec une marge de tolérance de 1,5 point).
D’après la DEPF, les pressions inflationnistes reflètent des effets combinés de la réouverture de l’économie, des coûts élevés de l’énergie, ainsi que des contraintes sur l’approvisionnement mondial.
Elle rappelle que la banque centrale du Brésil (BCB) a dû durcir sa politique pour combattre l’inflation, relevant son taux directeur de 50 pb début août pour le ramener à 13,75%, portant le cumul des relèvements à 450 pb depuis février 2022 et à 1175 pb depuis le début du cycle de resserrement
en mars 2021.
La DEPF estime enfin que « la BCB poursuit l’une des politiques monétaires les plus agressives au monde, signalant qu’elle pourrait maintenir les taux élevés plus longtemps pour ancrer les anticipations d’inflation », a-t-elle relevé notant toutefois que le maintien du soutien budgétaire pourrait contraindre la BCB à ralentir le rythme du resserrement monétaire.
Martin Kam