TRIBUNE. Alors que les sondages et les agences de notation, tour à tour, tiraient la sonnette d’alarme sur la débâcle de la « Macronie» et la dégradation de la note souveraine de la France, personne ne semblait percevoir l’inclinaison considérable de la Renaissance aux élections européennes du dimanche 9 juin et la note – sanction – de l’agence Standard & Poor à la France le 31 mai 2024. Suite à cette défaite, Emmanuel Macron a annoncé la dissolution surprise de l’Assemblée nationale.
L’agence de notation Standard & Poor (S&P Global Ratings) a abaissé le vendredi 31 mai 2024 pour la première fois depuis 2013 la note souveraine de la France, de » A A » à « AA-. »
« Le dérapage-surprise du déficit public pour 2023 annoncé par le gouvernement de Macron, à 5,5 au lieu de 4,9 % attendus, n’a pas joué en sa faveur malgré une série de mesures qui permettraient selon lui de revenir dans les clous.
Bruno Le Maire y croit dur comme fer de ramener cette note. « Notre stratégie reste la même : réindustrialiser, atteindre le plein-emploi et tenir notre trajectoire pour revenir sous les 3% de déficit en 2027 » a déclaré le ministre de l’économie au journal Le Parisien. » « Il n’y aura pas d’impact sur le quotidien des Français, nous avons sauvé au moins l’économie française » a poursuivi le ministre de l’économie française.
Par contre, l’agence S&P, avec les données en sa possession et malgré les perspectives qui sont stables, juge utopique les propos du ministre français de l’économie. Elle soutient : « la détérioration reflète notre projection que contrairement à nos attentes précédentes, la dette publique française en proportion du PIB va augmenter en raison des déficits plus importants que prévu en 2023-2027 ». Elle passera à 112% du PIB en 2027, contre 109.
Marine Le Pen aborde dans le même sens que S&P tout en critiquant « la gestion catastrophique des finances publiques par des gouvernements aussi incompétents que arrogants a mis notre pays dans de très graves difficultés cumulant records d’impôts, de déficit et de dettes ».
L’éclairage de l’économie française nous sera donné par Moddy’s et Fitch si dans les jours qui viennent elles confirment aussi que le déficit budgétaire a été nettement plus élevé.
Parlant du score réalisé aux élections européennes par la Renaissance (14,5%) sur près de 49,5 millions d’électeurs à élire 81 eurodéputés dans le cadre du scrutin à un tour, un officier supérieur qui a gardé l’anonymat déclare, « le carton rouge du peuple à Emmanuel Macron malgré la participation qui est en hausse (52,5%) par rapport à 2019 (50,12%), remonte à l’année dernière. La patron de Renaissance a été élu par effraction ». Il poursuit en disant, « Reconduit à la présidence, Emmanuel Macron semble vouloir se cramponner aux affaires comme le font les dictateurs. La preuve, il veut entraîner la France dans la guerre certainement pour rempiler sans passer par les urnes. La loi lui autorise d’y rester si le pays est en guerre. Son jusqu’au-boutisme et sa rhétorique relancée le 8 juin 2024 à l’Élysée en présence de Joe Biden d’envoyer des troupes en Ukraine en dit long. Conséquences, la France entrera dans la guerre et contraindra Vladimir Poutine à se défendre et contre attaquer ».
La fixation sur l’Extrême droite n’a rien apporté à la Macronie. La liste du Rassemblement national, portée par Jordan Bardella est arrivée largement en tête avec 31,5% des suffrages exprimés.
En définitive, la ponte que prend la France pourrait s’accélérer si Emmanuel Macron ne revoit pas sa politique extérieure et économique. L’annonce de la dissolution de l’assemblée nationale est un autre boulet qu’il traîne au pied. C’est un coup de tonnerre, une première depuis 1997. Cette dissolution risque de le desservir totalement car il lui sera difficile de reconquérir la toison d’or qu’il a perdue depuis belle lurette.
Ghys Fortune BEMBA DOMBE