Le président de l’Association Congolaise pour la Défense des Droits des Consommateurs (ACDDC), M. Dieudonné Moussala s’est réjoui, le 14 janvier 2015 à Brazzaville, quant à la décision du dernier conseil des ministres de l’année 2014, de créer une agence congolaise de la normalisation et de la qualité. La rédaction de Pagesafrik/Starducongo l’a rencontré.
Dieudonné Moussala : Je crois que ce conseil des ministres nous a donné satisfaction. Il a pris en compte nos préoccupations et toutes les remarques que nous faisons en ce qui concerne les produits de consommation qui ne sont pas de bonne qualité.
La qualité est donc le fait pour un consommateur de se trouver devant un produit qui ne doit pas lui porter préjudice ou qui ne doit pas porter atteinte à sa santé et conséquemment à sa vie. La qualité renvoie donc au contrôle d’un produit mis sur le marché et destiné à la consommation.
Nous avons à plusieurs reprises interpellé le gouvernement sur cette question, surtout le ministère de l’industrie en ce qui concerne le contrôle ces produits.Comment va-t-on contrôler lorsqu’on sait que le Congo n’a pas de laboratoire de référence en matière de qualité ?
Dieudonné Moussala : Je dois avouer que le pays n’a pas de laboratoire pour contrôler les produits qui sortent des industries. Chaque industrie, on le sait aussi, a un embryon de laboratoire interne mais il nous faut un laboratoire national de référence. Dans le cadre des produits alimentaires par exemple, il nous faut un laboratoire de bromatologie. C’est déplorable que nous n’en ayons pas. De notre point de vue, la qualité de tous les produits que nous recevons dans ce pays est douteuse. Ils ne sont contrôlés nulle part.
Il sied de reconnaître que ces produits ne sont évidemment certifiés qu’à leur lieu d’embarquement mais ne sont pas contrôlés à l’arrivée. Nous estimons que les deux projets de loi proposé à propos sont importants. Nous envisageons maintenant de nous pencher vers le Parlement pour faire diligence dans l’adoption de ces deux projets de loi. A ce jour, nous ne travaillons que sur les normes internationales mais qui ne sont pas toujours vérifiées. C’est ce qui nous avait poussés à écrire au ministère de l’hydraulique et puis à celui de la santé pour les producteurs des eaux minérales.
Un problème de ce côté-là ?
Dieudonné Moussala : En effet, nous avons exigé du ministère de la santé que chaque producteur d’eau minérale mette à la disposition du consommateur des informations concernant la qualité de sa production. Ces producteurs doivent également mettre dans les journaux les résultats des analyses de ces eaux tous les trois mois. J’ai constaté que le gouvernement est resté sourd et muet sur le sujet. Nous ne savons pas les raisons qu’il avance. Le gouvernement n’a même jamais accusé réception de notre courrier pour un produit aussi sensible.
Pensez-vous que ça marche du côté du pain avec cette levure servie aux consommateurs?
Dieudonné Moussala : Vous savez que le pain est un tout un autre problème. Il faut que des laboratoires de contrôle soient effectivement mis en place et tenus par des compétences avérées. Il ne s’agira pas de mettre ces structures en place et y affecter des militants juste pour la présence. Il faut faire de sorte que ce soient des personnes assermentées qui occupent des postes dans ces agences de contrôle de qualité. Je vous apprends que le pain qui se trimbale dans les conditions hygiéniques actuelles peut faire plusieurs victimes en quelques secondes.
Nul n’ignore qu’il y’a un texte au ministère du commerce qui stipule que les boulangeries et autres petits commerces ne peuvent être tenus que par des nationaux, c’est-à-dire par des citoyens congolais. Ce n’est pas le cas dans la pratique, les boulangeries et tout le petit commerce au Congo sont tenus par des étrangers.
La qualité est un vrai problème. Tenez. Le fer produit aujourd’hui à Ndjiri est-il contrôlé ? La qualité est-elle vérifiée ? Cette usine doit avoir son laboratoire interne mais il faut un autre laboratoire de contrôle pour une contre expertise. C’est ce laboratoire indépendant qui doit certifier que ce fer est effectivement de bonne qualité. Je pense également au traitement de la fumée qui se dégage de cette usine parce que si non n’y prend garde, tous ces citoyens vivant dans cet environnement prendront un coup de santé.
Parlant de cette affaire de qualité, je vous invite à regarder la situation actuelle de la route de Pointe-Noire/Dolisie. On est obligé de la refaire pratiquement parce que le contrôle simplement pas fiable. On s’est rendu compte que ce n’était pas cela. Si le contrôle avait été fait normalement par un laboratoire indépendant, on n’observerait pas de tels désagréments.
La qualité s’appuie sur un ensemble de normes internationales et nationales.
Pour parler des normes, je vous prends le plus simplement du monde celles des femmes qui vendent le foufou, utilisant comme instruments de mesure des boites de lait. C’est une norme nationale qu’elles ont créée. Le gouvernement peut prendre ces boîtes comme une norme en matière de vente de foufou et chercher à avoir une idée de son poids et de son volume. On peut à ce moment-là fixer un prix pour éviter ces prix fixés au hasard.Une préoccupation non abordée peut-être ?
Dieudonné Moussala : Nous espérons et continuons à saluer cette vision du gouvernement et souhaitons qu’elle ne s’arrête pas.
Propos recueillis par Florent Sogni Zaou