De la définition du Principe de la volonté d’après la tradition Koongo

Est appelée volonté toute faculté de déterminer librement et donc sans contrainte ses actes et de les accomplir. C’est, peut-on dire, l’expression de l’être dans son désir du vouloir faire ou de ne pas faire.

Dans le même ordre d’idées, dans « Par de-delà le Bien et le Mal » Nietzche, considère que dans toute volonté il y a d’abord une pluralité de sentiments, le sentiments de l’état dont on veut sortir, celui de l’état où l’on tend, le sens de ces directions elles-mêmes, « à partir d’ici », « pour aller là-bas », enfin une sensation musculaire accessoire qui, même sans que nous remuions bras ni jambes, entre en jeu comme machinalement sitôt que nous nous mettons à « vouloir ».

A ce propos, il existe diverses expressions dans la Tradition Koòngo, pour exprimer l’idée de volonté, du désir ou du vouloir être.

Au sens strict du terme, la volonté est, à la fois, d’après la linguistique Koòngo, mouvement et liberté que recouvre la notion de Nda. En effet, le Nda est mouvement ou expression du mouvement dans l’être.

Ainsi, We-Nda, exprime le mouvement de l’être ou son déplacement psychique ou corporel d’un endroit à l’autre mais une telle faculté n’est toutefois accessible qu’en l’absence de toute contrainte de sorte que la volonté, chez les Koòngo n’est concevable que, quand elle rime avec l’idée de liberté.

Par exemple, Ku-Nda Nzaàmbi, marque ou exprime en Koòngo toute volonté de l’être dans son désir d’élévation ou d’union avec Dieu ou la conscience universelle.

Ici, le préfixe de ku est la désignation du lieu d’accomplissement de la volonté de l’être qui, en l’occurrence est le nda, c’est-à-dire, l’univers de la pensée du désir ou de la volonté.

Toutefois, dans la linguistique ou tradition Koòngo, la volonté au sens profond du terme est bien plus qu’un effort instinctif qui découlerait chez l’être. Ce n’est pas seulement une sensation musculaire qui entrerait machinalement en jeu.

En tant que Être ou Muùntu, toute volonté humaine obéit à une sorte de commandement qui relève de l’ordre des choses qui sont sous l’empire de la loi de l’amour ou du désir de quelque chose.

D’où d’ailleurs la traduction de cette notion de volonté en langue Koòngo par le mot Luzolo ou Zola.

Mu zola ku zwa kima yayi, dira-t-on en langue kikoòngo, c’est-à-dire, je désire être en possession de cette chose, je la veux, je tiens absolument l’avoir ou l’obtenir.

C’est comme si, dans la Tradition Koòngo, toute volonté est désir d’accomplissement et consisterait en une expression du mouvement ou de l’action dans l’être à l’effet d’être en possession de ceci ou de cela.

C’est, peut-on dire, une direction ou un but tendant en la réalisation d’une chose en passant plus précisément d’un endroit à l’autre.

Dans son lexique « Français-Kikongo » publié aux imprimeries Gounouilhou en 1914, Henri Galland, n’a pas tout à fait tort en définissant la volonté, le vouloir et le désir par Luzolo et Zola lesquels termes en langue Koòngo, traduisent l’idée générale de la volonté mais qui, toutefois n’est concevable que, si elle est en rapport avec la notion de liberté ou de bien-être.

Au fait, en langue Koòngo, le désir ou volonté s’inscrit dans l’espérance ou l’amour de quelque chose que l’on veut.

C’est ainsi que, le terme Nzo-lolo qui, étymologiquement décrit la maison de l’amour ou du désir voire du vouloir être traduit philosophiquement en langue Koòngo, le sentiment du désir d’accomplissement qui s’opère dans « l’agir » ou mouvement en l’absence bien évidement de toute contrainte.

En somme, la volonté est, dans la tradition Koòngo, la mise en jeu de cette puissance dont est dotée un être ou le Muùntu et qui, en se situant dans le Nzo ou espérance lui permet de disposer ou non de quelque chose au final pour le bien de soi ou de l’autre voire pour l’environnement dans lequel on est situé.

Par exemple, Luzolo lwa nsi ou Luzolo ya bwala ! est bien plus que l’amour que l’on a pour son pays ou sa patrie. Il est aussi volonté qui s’inscrit dans la dynamique du désir ou du bien-être voire du développement sans cesse de celle-ci.

C’est à ce titre que la conception de la volonté chez les Koòngo se rapprocherait de celle du philosophe allemand Emmanuel Kant, d’après laquelle, la volonté s’inscrit dans la tendance de l’être vivant à agir, dans son caractère dynamique et désirant : elle relève, dit-il, de la faculté de désirer, c’est-à-dire d’être par ses représentations cause des objets de ses représentations, faculté qui, dit-il encore, « s’appelle la vie ».

Rudy MBEMBA-Dya-Bô-BENAZO-MBANZULU (alias Taàta N’dwenga)
Koòngologue

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