Cyclisme. «Le Congo a fait bonne figure au tour RDC», selon Gaston Gambou

Le secrétaire général adjoint de la Fédération Congolaise de Cyclisme (FECOCY) et chef de la délégation du Congo à la quatrième édition du tour cycliste de la République démocratique du Congo (RDC), M. Gaston Gambou, a déclaré, le 13 juillet 2016 à Brazzaville, que l’équipe congolaise à ce tour avait fait bonne figure. Pagesafrik (ex-Starducongo) l’a rencontré.

Pagesafrik/Starducongo : Dans quel cadre s’est inscrite la participation du Congo au tour cycliste de la RDC ? Voisinage ou désir de respecter le programme d’Africa Tour ?

Gaston Gambou :
Je dirais que c’est plus dans le cadre du voisinage et je précise que l’invitation nous est parvenue en retard. Nous avons répondu favorablement pour ne pas décevoir nos amis de la RDC qui nous font confiance en nous invitant. Nous avons participé à la première édition et nous étions absents aux deuxième et troisième. C’est ainsi que nous avons jugé utile de participer à la quatrième dans le cadre du bon voisinage et mieux, pour éviter un retour d’ascenseur un jour. Lorsque les amis ont besoin de vous, il faut avoir l’élégance de répondre, c’est aussi cela la vie dans le village planétaire.

Sur quelle base avez-vous procédé à la sélection des athlètes que vous avez amenés au tour de RDC parce que des voix ont dénoncé votre manière de faire qui serait mauvaise ?

Gaston Gambou : Vous savez que ce n’est un secret pour personne que les cyclistes réagissent toujours, même si on fait la meilleure sélection du pays ou du monde. Je persiste et signe que nous avons été pris de cours, l’invitation est arrivée en retard, les athlètes retenus n’ont eu que deux semaines de préparation. Nous avons donc procédé par des consultations. Il y a eu beaucoup de problèmes parmi tant d’autres, le manque de moyens financiers. C’est la fédération qui s’est débrouillée pour les titres de voyage.
Je précise qu’en consultant, nous avons mis la priorité sur ceux qui avaient participé aux jeux africains. Dans le cas où c’est un coureur qui n’avait pas pris part à ces jeux, c’est qu’il était dans l’équipe des réserves des jeux. Les gens peuvent parler mais c’est la réalité. Quatre des cinq qui étaient en RDC étaient aux jeux africains de Brazzaville. La sélection n’a pas été faite sur des bases fallacieuses comme s’amusent à l’affirmer certains esprits.
Ce ne sont pas des aventuriers que nous sommes allés ramasser dans la ville, ce sont des cyclistes valables qui étaient au tour de la RDC. C’est par manque de moyens financiers que nous sommes passés par la sélection. Devant le manque d’argent, un athlète est libre d’accepter ou de refuser.

Etes-vous sûr d’avoir corrigé votre manière de travailler parce que les congolais ont encore en mémoire la débâcle des cyclistes congolais aux jeux africains ?

Gaston Gambou : Oui, je crois que nous avons tiré de très bonnes leçons au sortir des jeux africains de Brazzaville. Nous reconnaissons que les congolais n’ont pas fait bonne figure mais ils sont allés jusqu’au terme du tour et c’est encourageant. Nous l’avons évoqué au cours du conseil fédéral et le troisième vice-président a présenté des excuses aux mélomanes du vélo.

Qu’est-ce qui n’a pas concrètement marché ?

Gaston Gambou : C’est surtout l’équipe technique qui n’a pas été à la hauteur. Nous n’étions pas tous logés à Kintélé mais selon les informations qui nous parvenaient, l’équipe technique n’a pas su maitriser les cyclistes. Je ne sais pas si c’est le bruit des cyclistes parce que les cyclistes sont des contestataires. Les gens ont passé leur temps à se quereller au lieu de bâtir des stratégies et les résultats ont été catastrophiques.
Je suis convaincu qu’on a rectifié le tir et l’équipe technique est à revoir. Il nous faut améliorer les choses pour éviter de revivre ce qu’on a vécu aux jeux africains.

Quelle lecture faites-vous de la participation des coureurs congolais à ce tour ?

Gaston Gambou : En tant que chef de la délégation congolaise au tour de la RDC, je puis dire que nous avons tiré beaucoup de leçons. C’est en prenant part à ce genre d’activités qu’on jauge l’équipe. L’équipe était vraiment en méforme après les jeux africains de Brazzaville. On ne peut pas s’imaginer que depuis la fin des jeux africains de Brazzaville en septembre, aucune activité n’a été réalisée. Mais ceux qui étaient à Kinshasa n’ont pas démérité parce qu’ils n’ont pas abandonné. Ils ont tenu le coup.
Le Directeur général des sports a dit récemment qu’on ne voyait plus rien dans le cycliste depuis les jeux africains de Brazzaville. Il a raison. Mais je crois que les ligues aussi doivent aider la fédération, tout ne peut pas se focaliser au niveau de la fédération, les ligues devraient se débrouiller à organiser des activités. Nous constatons que depuis leur installation, il y a bientôt quatre ans, rien ne se fait. La fédération veut bien faire mais elle attend parfois un appui des sponsors qui font attendre. Dans ces conditions, il faut tout attendre de l’Etat et dès qu’il n’y a pas de subvention, tout s’arrête.

Qu’est-ce qui a justifié la présence du Congo sur le podium ? Bonne conduite ou faveur de voisin ?

Gaston Gambou : Ce n’est pas du favoritisme, mais je vous informe toutefois que c’était un tour de six étapes. Les congolais de Brazzaville ont terminé toutes les étapes. Personne n’est descendu du vélo avant la fin.
Je vous apprends aussi qu’il y avait douze pays dont cinq européens et sept africains. Certains cyclistes de pays comme le Bénin et le Togo qui sortent fraichement des tours, étaient derrière le Congo. C’est pour dire que l’avenir est là. Il suffit de s’y mettre en organisant beaucoup d’activités.

Peut-on penser que le Congo est prêt pour d’autres tours ?

Gaston Gambou : Oui. Dès que nous sommes rentrés de Kinshasa, j’ai adressé mon rapport à la D.G.S. J’y ai fait quelques propositions et j’ai dit que si nous devons participer à un tour, il faut que l’invitation nous parvienne deux ou trois mois auparavant pour permettre une bonne préparation.
On ne peut pas préparer un tour en deux semaines. On ne peut rien faire lorsqu’une invitation arrive deux semaines avant l’événement comme récemment.

Qu’est-ce qui a justifié la présence de Champion Rufin Bakouétana dans la délégation quand on sait que vous sortez d’un litige vous ayant conduit devant le procureur ?

Gaston Gambou : Dans la société, un cycliste peut entrer en contradiction avec la fédération mais si le problème est réglé, tout dépend de la façon dont il peut l’être, à l’amiable ou autrement, on lève le contentieux. Dès lors que le contentieux est derrière nous, Bakouétana est et reste un cycliste, la fédération a le droit recours à ses services.
Si la fédération estime qu’à un tour, il faut la présence de Bakouétana, de Tchicaya André, de Malanda et autres, c’est dans son droit. Il y a un groupe de cyclistes qui a adopté une position et qui estime qu’en dehors de cette position, rien ne doit bouger.
Aujourd’hui, des cyclistes comme les Bakouétana et les Malanda, ont fait leur époque. Maintenant s’ils pensent aujourd’hui qu’il faut former des jeunes qui doivent les remplacer, c’est une bonne chose. Mais on constate que des vieux cyclistes veulent demeurer cycliste jusqu’à la mort. C’est impossible.
Nous venons du tour de la RDC, nous avons des cyclistes très jeunes et qui ont fait bonne figure. Un expert français a même reconnu que nous avons de très bons vélos mais que les résultats ne suivent pas. Il nous a conseillé de former les jeunes et ça marchera.
Je crois que ceux qui se dressent contre Bakouétana sont ceux qui ne veulent pas former les jeunes. On ne dit pas qu’il faut chasser tous les vétérans parce qu’ils ont encore leur place mais il faut remplacer progressivement. Ils doivent encadrer les jeunes et transmettre leur expérience.
Bakouétana a cette vision des choses mais les autres ne l’ont pas. C’est le mal du cyclisme au Congo.

Qu’en est-il de tour en préparation dont a parlé Télé-Congo ?

Gaston Gambou : Dans ce sens, on peut répondre par l’affirmative sauf que tous les documents envoyés à propos par la Fédération Congolaise de Cyclisme à la hiérarchie n’ont jamais eu de retour. Je pense que c’est envisagé mais cela nécessite une sérieuse préparation. On ne peut pas aller à un tour avec des cyclistes qui ne sont pas en forme, pas suffisamment préparés. Nous décrions déjà un manque d’activités. Je puis dire que le tour est envisageable mais pas dans un très bref délai. Nous l’estimons dans un an ou deux. Il faut se dire que lorsqu’on prépare un tour, vous pouvez aligner deux ou trois équipes, il faut donc des équipes qui ne soient pas en méforme, sinon, ce serait insupportable de voir les autres venir rafler les médailles ou les maillots jaunes.

Propos recueillis par Florent Sogni Zaou

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