Les dattes du désert, l’igname africain et le ber, un arbre connu pour ses baies riches en vitamines, figurent parmi les espèces de cultures négligées et sous-utilisées.
Bien que non commercialisées à l’échelle internationale, ces cultures et tant d’autres jouent un rôle prédominant en matière de contribution aux différents régimes alimentaires qui existent en Afrique subsaharienne, a souligné récemment l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture et (FAO).
L’organisation se réjouit de ce que des scientifiques et des décideurs politiques commencent maintenant à reconnaître la valeur de ce que l’on appelle les «cultures orphelines». Ce qui confirme ainsi ce que les communautés locales ont toujours su depuis des générations.
Il faut dire que ces cultures considérées comme étant «mineures» ou «prometteuses» ont longtemps été négligées par la recherche, les services de vulgarisation et les décideurs politiques au point que des moyens financiers leur étaient rarement alloués pour leur promotion et leur développement.
C’est ainsi que «les agriculteurs en ont planté moins souvent, entraînant un accès restreint aux semences de haute qualité et une perte du savoir traditionnel », a relevé la FAO qui annonce que de nouveaux efforts allaient être entrepris afin de promouvoir une plus grande utilisation de ces espèces et leurs variétés à travers le continent africain.
Pour remédier à cette situation, signalons que la FAO, le Centre international pour la recherche en agroforesterie (ICRAF) et d’autres partenaires ont convenu de travailler ensemble. Dans un communiqué, l’organisation onusienne a indiqué que cette collaboration vise à renforcer les capacités des pays membres de la FAO et à recentrer leurs recherches et leurs efforts en matière de développement sur les systèmes de sélection des plantes et de livraison des semences.
Dans le même but, «le Consortium africain des cultures orphelines (AOCC), fondé par le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et Mars Incorporated, vont procéder au séquençage des génomes de 101 cultures africaines sous-utilisées et mettre ces informations à disposition du public», a-t-elle indiqué de même source.
Revenant aux espèces négligées et sous-utilisées, la FAO a noté que le plus curieux est que celles-ci l’ont été par ceux qui en ont pourtant le plus besoin. Alors qu’elles «peuvent contribuer à diversifier la production alimentaire, en ajoutant de nouvelles espèces à nos régimes alimentaires, ce qui aurait pour effet d’améliorer notre apport en nutriments particuliers (à savoir en aminoacides essentiels, en fibres et en protéines)», a-t-elle estimé.
Ce n’est pas tout. En plus de diversifier notre apport nutritionnel, ces cultures offrent des avantages économiques et environnementaux, a soutenu la FAO. Explications : «Les agriculteurs peuvent les faire pousser toutes seules au sein de leur système de rotation ou les planter entre d’autres cultures, protégeant et améliorant ainsi l’agrobiodiversité, depuis leur champ», a-t-elle indiqué sur son site web.
Selon la FAO, le fait d’avoir un plus large choix d’espèces dans un système de rotation de cultures permet, par ailleurs, aux agriculteurs de créer un système de production plus durable. Concrètement, « en changeant les espèces d’un système de rotation des cultures, le cycle de certains parasites et maladies est perturbé et le risque d’infestations est par conséquent limité», a-t-elle expliqué.
A noter que seules 30 des 30 000 espèces de plantes comestibles sont à ce jour utilisées pour nourrir les gens à travers le monde.
Ren Wang, sous-directeur général de la FAO, en est persuadé : «En élargissant le portfolio des cultures disponibles pour les agriculteurs, nous pouvons aider à bâtir des systèmes de culture plus diversifiés et résilients». Et d’ajouter que l’organisation «souhaiterait encourager les investissements dans la recherche et l’amélioration de la productivité, de l’adaptabilité et de l’utilisation des cultures négligées».