TRIBUNE. Aucun combat politique n’est gagné d’avance dit-on, mais aucun n’est aussi gagné sans un minimum de préalables, un minimum d’ambition et surtout sans une orientation politique clairement assumée et affichée.
Il ne s’agit pas ici de parler des compétences ou de la qualité des candidats à cette élection. A quelques semaines de l’élection présidentielle de mars 2021, je vais plutôt énumérer certains faits probants qui montrent à suffisance qu’il relèvera d’un miracle, si l’opposition congolaise venait à remporter cette élection, ça sera comme gagner à la Loterie.
Plusieurs raisons expliquent un échec assuré dont entre autres:
UN MANQUE DE LEADERSHIP AFFIRMÉ.
En 2016, le président Denis SASSOU NGUESSO avait comme principal concurrent, le général Jean Marie Michel MOKOKO. Ajoutez à celui-ci tous les autres candidats de l’opposition congolaise, le rêve était permis et l’alternance au pouvoir était possible. A deux mois de la présidentielle de 2016, la dynamique était positive et excitante, les choses étaient différentes, les soutiens extérieurs de l’opposition étaient solides et efficaces, et une bonne partie de la population congolaise avait adhéré à la ligne directive dictée par les candidats de l’opposition.
Mais ça c’était hier. Aujourd’hui la situation est toute autre. L’opposition congolaise est engluée dans des logiques incompréhensibles. Ainsi, par glissements sémantiques et une logique désuète couplée d’une incohérence idéologique et politique, l’opposition congolaise a fini par porter en elle-même les germes de son propre échec.
LE MANQUE DE COHÉRENCE POLITIQUE.
– Depuis 2017, l’opposition congolaise a voté tous les budgets proposés par le Premier ministre Clément MOUAMBA à l’Assemblée Nationale et au Sénat. Si ces budgets avaient l’assentiment de l’opposition, critiquer aujourd’hui le bilan du président de la République Denis SASSOU NGUESSO à quelques semaines de l’élection présidentielle est plus qu’inconcevable et s’apparente à une injure faite au peuple congolais.
– En aout 2017, l’opposition congolaise a voté à l’unanimité, le président de l’Assemblée Nationale ISIDORE MVOUBA. En 2020, elle a voté à l’unanimité le nouveau maire de la ville de Brazzaville BATSIMBA Dieudonné en remplacement de Christian OKEMBA. Comment peut-elle vouloir nous proposer autre chose aujourd’hui ?
Pendant les cinq (ans) passés, l’opposition congolaise a fait preuve d’une inconstance et d’une circonvolution idéologique sans commune mesure. Le faisant, elle s’est disqualifiée aux yeux des congolais avertis et ne peut prétendre avoir des solutions de sortie de crise économique et financière à quelques semaines de l’élection présidentielle.
LE PEU D’ENCRAGE NATIONAL DES CANDIDATS DE L’OPPOSITION.
Aucun département ne peut à lui seul faire élire un candidat à la présidence de la république dans notre pays même si ce dernier obtient 100% des votes de ce département ou du vote ethnique de façon plus large. Il faut ratisser au-delà, sortir du confort de sa zone ethnique et convaincre le plus d’ethnies possible.
– Pendant cinq(5) ans aucun opposant congolais ne s’est rendu dans la partie nord du pays (les Plateaux, la Cuvette centrale, la Cuvette Ouest, la Sangha et la Likouala) pour y tenir des réunions politiques ou des meetings. Tout le monde sait que la partie Nord du pays représente 30 % de l’électorat total de notre pays. Comment peut-on se passer de cette partie de l’électorat et prétendre gagner l’élection présidentielle qui se tiendra dans quelques semaines.
-Pendant cinq(5) ans aucun opposant ne s’est rendu dans les pays du grand Niari (Bouenza, Lékoumou, Niari) ainsi que dans le département du Pool pour y tenir des réunions politiques. Comment dans ces conditions prétendre gagner l’élection présidentielle en jouant aux abonnés absents sur cette partie de la république qui représente 19,4% de l’électorat total de notre pays.
-Pendant cinq (5) an aucun opposant congolais ne s’est rendu à Pointe Noire et dans le Kouilou pour y tenir des réunions politiques. Ces deux entités représentent 13,93 % de l’électorat total de notre pays.
-Pendant cinq(5) ans, aucun opposant congolais n’a fait un meeting dans la ville de Brazzaville et ce malgré les sujets politiques et enjeux importants. Tout le monde sait que Brazzaville avec ses neuf(9) arrondissements, c’est 36 % de l’électorat total de notre pays.
D’ou vient-il, qu’après qu’elle ait été aux abonnés absents depuis 2016, Elle sort de son engourdissement prolongé pour nous proposer un autre chemin à suivre. Elle est à l’image d’un élève candidat au Baccalauréat qui pendant toute l’année séchait des cours, ne lisait pas ses leçons et qui se réveille soudainement à une semaine de l’examen pour commencer à ouvrir ses cahiers. Nous sommes sûrement face à une logique qui s’apparente beaucoup plus à une Chappe de plomb qu’à quelque chose de consistant.
Il est connu de tous que ces opposants qui vaquent librement à leurs occupations, faisant des aller-retour Brazzaville-Paris et n’ayant aucune interdiction de circuler sur toute l’étendue du territoire national, avaient en réalité misé sur le glissement du mandat présidentiel ponctué par l’instauration d’une période de transition et un gouvernement d’union national dans lequel ils auraient occupé des postes ministériels.
A l’évidence, cette attitude est symptomatique de l’incapacité de cette opposition de conceptualiser le concept du pluralisme politique et de réfléchir lucidement à son fonctionnement dans un système démocratique. Depuis le mois d’avril 2016, elle a prospéré dans une double ambigüité stratégique et idéologique. Bref, elle témoigne d’un déficit de cohérence politique.
En définitive, Tous ces éléments réunis, il ne serait pas plus raisonnable de croire que le peuple congolais ne pourra pas faire confiance à une telle opposition. Les choses étant connues à ce point, il y a à mon avis, beaucoup de meilleures raisons, à dire pour soutenir que la victoire de l’opposition à cette future élection présidentielle est presque impossible.
Paris, le 22 janvier 2021
- Henri Blaise NZONZA
- Président de la Nouvelle Dynamique pour le Congo