Anthony Mouyongui est né à Brazzaville, il y a 47 ans. Il est passionné du livre et est un journaliste féru de culture, de sport et de culture générale depuis 1999. Il travaille à Ziana Tv, une Web Tv consacrée aux communautés africaines dans le monde, en France, après avoir servi à Canal Océan, Ponton FM et DVS+ à Pointe-Noire. Il a publié en 2020, un livre titré «Rescapé» aux éditions Maïa en France où il réside. Pagesafrik l’a rencontré.
Pagesafrik: Pouvez-vous nous faire une brève lecture de votre ouvrage ?
«Rescapé » est un livre paru aux éditions Maïa dans la collection ‘’Sentiers inexplorés’’. Ce livre n’est pas une fiction. Il relate une histoire vécue, la mienne. Il raconte mon parcours lors des terribles événements de 1998 et 1999 au Congo Brazzaville. En 1998, le département du Pool, au sud du pays, est le théâtre depuis plusieurs mois d’affrontements entre les forces armées congolaises et les miliciens Ninjas-Nsiloulous. Le 18 décembre de cette année, les miliciens attaquent la capitale entraînant non seulement une riposte de l’armée mais aussi et surtout un déplacement massif des populations des quartiers sud de Brazzaville vers le Pool pour échapper aux combats et à la violence.
J’étais parmi ces milliers d’habitants et j’avais dans l’idée de rentrer chez moi à Pointe-Noire, la capitale économique du pays (au sud-ouest, sur la côte atlantique). Mais les circonstances ne m’avaient pas permis de le faire, aussitôt j’allai passer Plusieurs mois dans le Pool dans une certaine errance. J’ai énormément bougé, je suis passé dans plusieurs localités du département. Je n’ai finalement rejoint Pointe-Noire qu’en juillet 1999. Pour y arriver, j’ai dû traverser le fleuve Congo en pirogue et vivre dans deux camps de réfugiés en RDC. J’ai retrouvé Brazzaville sept mois plus tard après avec 600 FCFA (moins d’un euro) en poche.
Dans le Pool, j’ai marché pendant des kilomètres parce qu’il n’y avait pas de train ni de véhicules (seuls les miliciens en disposaient). Parfois sous la pluie ou sous le soleil d’aplomb. J’ai connu la faim, la peur, j’ai vu des cadavres sur les routes et j’ai aussi vu des enfants mais aussi des adultes mourir de faim et de maladie par manque de soins. J’ai connu également l’extrême solitude même si j’étais entouré chaque jour passé était une sorte de victoire pour le sort. Un jour était perçu comme une semaine, la notion d’heure n’avait plus la même signification.
C’est ce parcours que je raconte dans mon livre, c’est cette aventure humaine que partage au reste du monde. Comme des milliers de survivants de cette tragédie, je suis un rescapé. Survivre à cette douloureuse période était comme réussir un rite de passage. Et cela ne consistait pas à passer des épreuves en tout genre mais à simplement rester en vie.
Sur combien de pages repose-t-il et quel en est le thème et le cas échéant les sous-thèmes ?
Le livre repose sur 126 pages et le thème en est l’espoir. Dans tout le parcours que j’évoque dans le livre, j’ai toujours gardé espoir. Quand plus rien ne marche, l’espoir est mon unique rempart contre le désespoir et la peur. Je m’accroche à l’espoir comme à une bouée de sauvetage. L’espoir de survivre, l’espoir que tout cela s’arrête, l’espoir de rencontrer de bonnes personnes et surtout l’espoir de retrouver ma famille.
D’autres en revanche, ne changent pas. Ils font preuve d’amour, de générosité et d’humanisme. Tout au long de mon périple, j’ai eu une chance incroyable d’être tombé sur des personnes formidables qui m’ont accueilli, logé et nourri. Ces personnes ont fait preuve d’humanité et m’ont sauvé la vie.
Est-ce que c’est le premier titre et d’où es parti ce voyage vers la littérature ?
«Rescapé » est mon premier livre personnel. J’ai participé il y a quelques années à un ouvrage collectif, ‘’Franklin Boukaka l’insoumis’’ (Editions La Doxa). Ce voyage est le résultat d’un échange avec un ami. En 2013, j’ai écrit une évocation sur les événements du 18 décembre 1998 et mon ami m’a posé la question de savoir pourquoi je ne raconte pas tout au lieu de me contenter du premier jour. J’ai accepté sans trop savoir dans quoi je m’embarquais. J’ai fouillé dans ma mémoire, interrogé certaines personnes qui ont vécu ces événements avec moi. Je voulais être sûr que mes souvenirs ne s’étaient pas altérés après plus de 20 ans.
Quels sont vos relations avec le livre avant cette publication ?
J’entretiens des relations très étroites avec le livre. Je n’imagine pas la vie sans le livre. Je suis tombé dedans encore enfant et depuis, je n’en sors pas. Le livre est un élément important de mon existence et je ne peux concevoir ma vie sans le livre. Je lis tout le temps et à un moment de ma vie, le livre a été mon ami et mon fidèle compagnon. D’une certaine façon, le livre m’a façonné. Tout ce que je sais aujourd’hui, je le dois en grande partie au livre, je le dois en grande partie à ma passion pour la lecture et le livre. J’ai visité des contrées lointaines sans bouger de mon lit, je me suis cultivé et enrichi intellectuellement grâce au livre. Aujourd’hui encore, le livre continue à m’enseigner, à m’instruire sur divers sujets.
Quelle stratégie de promotion de ce titre envisagez-vous ?
La promotion s’articule autour des médias, des réseaux et des séances de dédicaces dans les librairies et espaces culturels qui voudront bien nous accueillir. Les éditions Maïa et moi mettons l’accent sur ces trois aspects bien évidemment, en tant qu’auteur, partout où je serai, je ne manquerai pas de parler de mon livre.
Propos recueillis par Florent Sogni Zaou