
Le président de la république du Congo, M. Denis Sassou N’guesso a annoncé, le 23 décembre 2021 à Brazzaville, la tenue de l’élection présidentielle, le 21 mars 2021. Denis Sassou N’Guesso a insisté quant à la tenue des élections présidentielles qui devront se dérouler dans la transparence et la paix.
En une heure et une minute, le président de la république a parlé de son action, des douze derniers mois perturbés par la crise sanitaire de Covid-19 et ses effets lourds qui perturbent d’autres secteurs. Il a promis des recrutements dans la Fonction publique à la réalisation des infrastructures sanitaires, routières et universitaires, à la mise en œuvre effective de la décentralisation et de l’assurance maladie universelle et n’a pas oublié d’évoquer l’espoir suscité par les vaccins contre le Covid-19. Il a ensuite annoncé la mise en place d’un comité ad hoc chargé de l’étude des modalités d’utilisation du vaccin qui convient à la situation du Congo.
Il serait ardu d’honorer cette exigence constitutionnelle sans établir la liaison directe entre le contexte national et l’apparition de la pandémie de Covid-19 qui continue de désarticuler toutes les économies du monde. Les secteurs économiques, financiers, sociaux, culturels, scientifiques et administratifs ont été fortement touchés par l’impact ravageur du Corona Virus, ce qui l’amène à évoquer, à juste titre, les effets néfastes de ce fléau sur l’économie nationale ; l’organisation de la riposte à la pandémie ; les dispositions prises pour garantir nos ambitions de relance économique ; les avancées réalisées dans le domaine des infrastructures au niveau social ; projets et les actions qui doivent, dès à présent, focaliser notre attention et au cœur desquels figurent l’assurance maladie universelle, la décentralisation ; la gestion de nos obligations internationales en matière de relations extérieures et de coopération, en dépit des restrictions imposées pour endiguer la circulation du Corona Virus.
Il est aussi évident qu’on ne peut ignorer l’échéance électorale majeure qui pointe déjà à l’horizon, à savoir l’élection présidentielle de 2021.
6.579 cas confirmés de contamination ont été dépistés au Congo
Au 21 décembre 2020, 6 579 cas confirmés de contamination ont été dépistés au Congo, pour 5 449 guéris sur 74 714 personnes testées avec 105 décès. Brazzaville et Pointe-Noire demeurent les principaux foyers de contamination de Covid-19. Face à cette situation inédite, la solidarité nationale s’est traduite par la mise en œuvre d’un Plan de soutien comprenant, entre autres, des transferts monétaires aux ménages les plus démunis ; le fonctionnement des banques alimentaires ; l’aide aux actifs du secteur informel ; le fonds de solidarité Covid-19 ; le Fonds de soutien aux entreprises.
Il a de ce fait réitéré son appel à la communauté internationale pour un accompagnement soutenu à la République du Congo, face aux perspectives d’évolution peu rassurantes de cette crise sanitaire. Pour lui, les indicateurs disponibles mettent en lumière une circulation de plus en plus intense de l’épidémie de Covid-19.
Le taux de positivité, qui était de 3% en octobre dernier, a dépassé le seuil de 8% au cours des dix premiers jours de décembre 2020, faisant redouter un rebond et une deuxième vague de propagation du virus. Le Chef de l’Etat a conseillé à tout le monde de rester toujours mobilisés et vigilants. Il a dit avoir fait référence à l’accentuation de la crise économique qui entrave le développement du pays, sous l’effet conjugué des revers du marché pétrolier et de la propagation du Corona Virus.
L’économie nationale connaît un net repli
L’économie nationale a connu un net repli depuis le choc pétrolier survenu en juin 2014, avec des taux de croissance négatifs du produit intérieur brut, générés par l’effondrement des cours du pétrole. Face à ce profond marasme qui affecte tous les pays de la Cemac, les Chefs d’Etat ont formalisé, le 26 décembre 2016, à Yaoundé, au Cameroun, l’urgence des réformes économiques et financières, dans le cadre d’une démarche sous régionale de sortie de crise.
Les efforts de redressement engagés par le pays ont été stimulés par l’issue fructueuse des négociations avec le Fonds monétaire international. L’approbation, le 11 juillet 2019, du programme économique et financier triennal, 2019-2022, au titre de la Facilité élargie de crédit, confère au pays une plus grande marge de discussion avec les partenaires au développement.
La dette du Congo
La restructuration de la dette du Congo ainsi que les premiers appuis budgétaires octroyés par les partenaires bilatéraux et multilatéraux ont été rendus possibles grâce aux avancées avec le Fonds monétaire international. Pourtant, alors que les indicateurs macro-économiques amorçaient une timide reprise suite aux efforts internes de réformes structurelles et du soutien du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement et des partenaires bilatéraux, comme la France et la Chine, la dynamique de stabilisation économique et financière a été brisée, en 2020, par la chute persistante des cours du pétrole et, singulièrement, par la contraction de la demande intérieure due aux mesures de confinement consécutives à la lutte contre la pandémie de Covid-19. De ce fait, les recettes totales sont passées de 4 152 milliards de francs CFA en 2014, à 1 469 milliards de francs CFA à fin décembre 2020, soit une baisse de 65%, sous l’effet de la chute des recettes pétrolières qui devraient ressortir à 778 milliards de francs CFA, après un total de 2 505 milliards de francs CFA en 2014, représentant une baisse de 68%.
L’effondrement des recettes totales a eu, pour conséquence immédiate, un ajustement des dépenses publiques, qui devraient s’élever à 1 638 milliards de francs CFA en décembre 2020, après un niveau de 3 151 milliards de francs CFA en 2014, soit une baisse de 48%. Cette chute drastique des dépenses totales est imputable à l’effondrement des dépenses d’investissements qui ont été divisées par 6, passant de 1 997 milliards de francs CFA à 330 milliards de francs CFA à fin 2020, soit une baisse de 83%. Les prévisions même les plus optimistes annoncent une décélération encore plus accentuée de l’activité économique en 2020.
Dans ce contexte marqué par un besoin important de financement, la mobilisation optimale et la sécurisation rigoureuse des recettes de l’Etat, qui demeurent l’épine dorsale, confirment, la nécessité de poursuivre la modernisation des régies financières et de veiller sur leur bonne tenue ; l’exigence de l’observation rigoureuse de l’orthodoxie budgétaire ; la quête de l’efficience et de l’efficacité de la dépense publique.
D’ores et déjà, il a été retenu une série de mesures pour améliorer les recettes de l’Etat, la fin des exonérations exceptionnelles ; le contrôle et le suivi, en temps réel, des transferts de fonds et paiements électroniques ; la promulgation du nouveau code forestier ; l’élargissement de l’assiette fiscale du secteur forestier ; l’institution du régime de partage de production dans le secteur forestier ; l’obligation de la transformation intégrale des grumes sur le territoire national ; le passage à la phase de production de nouveaux permis d’exploitation minière.
L’amélioration des recettes de l’Etat est une condition sine qua non pour soutenir et accélérer la reconfiguration de l’espace économique et financier national. La solvabilité de la demande des ménages et des entreprises en dépend. «A ce jour, au titre de cette année 2020, les salaires des agents de l’Etat ont été versés de manière régulière», toutefois, les tensions de trésorerie, dues à la baisse drastique des recettes de l’Etat, ont rendu irrégulier le paiement des bourses académiques et des pensions de retraite. Le gouvernement est donc appelé à redoubler d’effort afin de parvenir à une couverture adéquate des bourses d’étudiants et des pensions des retraités. Il s’agit également de définir, une fois pour toute, une stratégie efficace pour un apurement progressif de ces arriérés, qui constituent des créances exigibles vis-à-vis de l’Etat.
L’apport du Mécanisme du Club de Brazzaville
Dans cette logique, le Mécanisme du Club de Brazzaville a procédé, au bénéfice des créanciers de l’Etat, au règlement de la première tranche de la dette intérieure pour un montant de 320 milliards de francs CFA. Au-delà de sa triple dimension sociale, commerciale et financière, cette opération devrait contribuer, entre autres, à stimuler la demande intérieure et impulser l’investissement afin de contribuer à la relance de l’économie nationale. Malgré cette conjoncture difficile, ils gardent la constance de la logique et la cohérence de leur vision dans la marche vers le développement qui se concentrent essentiellement sur la poursuite de la mise en place des infrastructures de base.
Sur le plan sanitaire
Sur le plan sanitaire, le président de la république a dit qu’il faut encore poursuivre l’effort pour doter le pays d’infrastructures de haut niveau, animées par des personnels qualifiés et compétents. Dans cet ordre, il a noté les deux accords signés avec la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale pour le renforcement des plateaux techniques du Centre hospitalier et universitaire de Brazzaville et pour la mise à niveau du Laboratoire national de santé publique et du Centre de transfusion sanguine.
La nouvelle formation hospitalière des Armées ouvrira son premier module en 2021. La revitalisation de certains districts sanitaires a permis de cibler la réhabilitation et l’équipement de 14 centres de santé intégrés à l’intérieur du pays. Le déploiement imminent des 314 nouveaux médecins formés à Cuba et à la Faculté des sciences de la santé de Brazzaville contribuera à renforcer les effectifs du corps médical dans les structures précitées.
Des crédits budgétaires évalués à 14 milliards 80 millions de francs CFA
Pour accompagner ce processus et rendre effectif le principe de la concomitance du transfert des compétences et des ressources, des crédits budgétaires évalués à 14 milliards 80 millions de francs CFA ont été inscrits dans les transferts aux collectivités locales au titre de la loi de finances exercice 2021.
Il a à cet effet engagé le gouvernement à prendre toutes les mesures afin que les crédits transférés parviennent effectivement à chaque structure de base concernée, pour une utilisation et une gestion efficientes.
Il a de même demandé au gouvernement de procéder, sans délai, à l’amélioration de la fiscalité locale, notamment en simplifiant les procédures de reversement des dotations de l’Etat, des ressources alimentant le fonds du développement des collectivités locales ainsi que celles relatives au recouvrement et à la rétrocession des recettes fiscales des collectivités locales.
S’agissant du fonds de développement local, la répartition des ressources devrait prendre en compte les collectivités locales à revenu fiscal faible en introduisant une péréquation en leur faveur. Ainsi, l’Etat décentralisé, cité à l’article premier de la Constitution du 25 octobre 2015, quitte lentement mais sûrement l’emprise de l’Etat central pour être l’outil, par excellence, de la démocratie de proximité et du développement local.
Florent Sogni Zaou