Congo: De l’éthique des fusions du PCT avec d’autres partis.

TRIBUNE. Une question que soulève, à propos, Hervé Mahicka. De notoriété publique, dans les micmacs politiques, au Congo, comme ailleurs dans le monde, la morale n’est pas un facteur déterminant des solutions.

Malgré tout, est empreinte d’un malaise visible la logique qu’a adoptée le Parti Congolais du Travail, consistant à ne pas résister à l’effet d’entraînement de ses fusions avec les partis parallèles de la majorité présidentielle et, peut être même, ultérieurement, si l’on n’y prend garde, avec des formations rangées à l’opposition.

Ces fusions ont, pour le PCT, avec les partis rentrants, l’avantage de l’épaissir en cadres, de renforcer son dynamisme et d’élargir son espace d’assise. Faisant, à proprement parler, l’affaire des dirigeants des partis dissous qui s’attendent, à n’en point douter, à des promotions, au nom du partage, à l’intérieur d’un PCT reconstitué.

Par contre, les fusions ont le grave inconvénient de perturber, dans leurs consciences de citoyen, les militants des formations dissoutes. Des militants qui ne se retrouveront plus dans les traces de l’histoire commune, les mythes, légendes et autres symboles qui les ont attachés à leurs partis, de par leur communauté d’intérêt politique.

Plus grave, les fusions annihilent la fierté de ces militants, particulièrement ceux associés à la fondation de leurs partis, d’être des membres, à part entière, de leurs organes politiques d’origine, au péril de possibles écueils.
Il est à redouter, au nom de la discipline, au sein des partis dissous, que les dirigeants conduisant l’opération des dissolutions n’aient pas largement consulté les bases. Quand bien même, les militants ont été touchés, il y a fort à parier que n’y ont été fait prévaloir que les thèses positives de la fusion.

Est encore vivace, la dure réprobation des militants et sympathisants de l’UFD qui, à l’annonce de la fusion de leur parti avec le PCT, se sont répandus en récriminations, pour exiger du PCT, qu’il leur soit restitué leur UFD, même affaiblie et sans fonds de roulement. Ceci, d’une part, pour poursuivre le combat de l’idéal républicain du Premier Ministre David Charles Ganao. De l’autre, pour revendiquer, en toute légitimité, des élections législatives partielles, dans la circonscription de Djambala où l’ancien député l’UFD s’est mué en membre du PCT.

A tout prendre, dans un Congo, en déficit de cohésion nationale, les politiques gagneraient à la construire, en privilégiant des accords de partenariat, sains, justes, équilibrés, signés entre partis partageant d’identiques valeurs.

Quoiqu’on en dise, les fusions portent en elles les tares de dépendance des formations dites sans envergure, à l’égard de celles considérées comme plus puissantes.

Plus puissantes, si tel est le cas du PCT, c’est uniquement pour une raison majeure liée au contexte. Le Président de la République du Congo est, à la fois, Président du Comité Central du PCT.

Une position stratégique, à double titre, pour les partis que séduisent les fusions avec le PCT. Elle leur ouvre, plus aisément qu’auparavant, devenus PCT, les portes du système politico-administratif congolais. Nulle autre formation ne pourrait y prétendre. Ce à quoi s’ajoute pour ces partis, dans un PCT recomposé, les moyens parlementaires pouvant leur permettre d’agir de telle sorte que la maxime de leur dessein puisse être érigée en volonté nationale.

 » Quand je vois ses oreilles, je sais que le loup arrive. » A chanté l’Islandaise Edda au XIII ème siècle.

Pourrait-on ainsi imaginer que les fusions du PCT avec d’autres partis sont-elles le prélude à un retour tactique de la pensée unique qu’a symbolisé le PCT jusqu’à la conférence nationale en 1991? C’est la question. Les faits ne cessent pas d’exister parce que le temps passe.

Paris le 18 novembre 2019.
Ouabari Mariotti – UPADS France

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