CONGO: Conseil des ministres du lundi 26 novembre 2018

Le Conseil des ministres s’est réuni ce lundi 26 novembre 2018 au Palais du peuple, sous la très haute autorité de son Excellence, M. Denis Sassou N’Guesso, président de la République, chef de l’Etat.

Trois affaires étaient inscrites à l’ordre du jour, à savoir :

Il convient de placer dans leur perspective globale les affaires soumises à la discussion du Conseil des ministres. En effet, les pouvoirs publics, sous l’impulsion du président de la République, poursuivent le lent et long travail de mise en œuvre du projet de société sur la base duquel le chef de l’Etat a bénéficié de la confiance des Congolaises et Congolais, à savoir « La Marche vers le développement ».

Il en va ainsi de la prise en compte des spécificités des métiers du cadre de l’Education nationale, particularismes qui justifient la mise en place d’un statut dérogatoire ; il en va de même encore de la poursuite de la remise en ordre du secteur sensible des affaires foncières, facteur de paix sociale quand il est bien administré, mais potentiel creuset de conflits lorsque les intérêts particuliers dominent le bien de tous et contrarient l’intérêt général ; il en va de même, enfin, du renforcement de l’efficacité de la Fonction publique d’Etat, par la maîtrise accrue de ses effectifs telle qu’elle doit découler du recensement physique de ses agents civils.

Après ce propos liminaire, entrons à présent dans le détail des textes et affaires examinés lors du Conseil des ministres de ce jour lundi 26 novembre 2018.

I/- Ministère de la Fonction publique, de la réforme de l’Etat, du travail et de la sécurité sociale

Projet de décret portant statut particulier des agents du cadre de l’Education nationale

Invité à prendre la parole par le président de la République, M. Firmin Ayessa, Vice-Premier ministre de la Fonction publique, de la réforme de l’Etat, du travail et de la sécurité sociale, a précisé aux membres du Conseil des ministres que le projet soumis à leur examen était proposé en application de la loi n°021-89 du 14 novembre 1989 portant refonte du Statut général de la Fonction publique, telle que modifiée par les lois n°14-2007 du 25 juillet 2007 et 21-2010 du 30 décembre 2010.

L’élaboration du présent projet de décret a été un exemple réussi de travail mené par le ministère de la Fonction publique et les départements en charge des enseignements et ce, en étroite concertation avec les partenaires sociaux du secteur.

Il apparaît que les agents du cadre de l’Education nationale sont actuellement régis par des dispositions réglementaires devenues pour la plupart caduques, après la promulgation de la loi n°021-89 du 14 novembre 1989 susmentionnée.

En effet, ces textes réglementaires, pris entre 1964 et 1974, ne pouvaient, par définition, prendre en compte l’évolution de la classification catégorielle des agents civils de l’Etat ainsi que le relèvement des niveaux de qualification résultant de l’introduction du système LMD, Licence-Master-Doctorat. D’autre part, il convient de noter que le décret n° 2006-90 du 09 mars 2006 visant les indemnités et primes spécifiques accordées aux enseignants ne prenaient en compte que certains aspects des avantages particuliers du cadre de l’éducation nationale.

Ainsi, le présent projet de statut particulier doit permettre

Le projet de décret portant statut particulier s’articule donc autour de dispositions générales qui consacrent une nouvelle classification des personnels de l’éducation nationale, à savoir :

Les conditions de diplôme, de recrutement interne et externe des personnels, ainsi que celles des concours internes sont également reprécisées.

Le projet de statut apporte, par ailleurs, des innovations quant aux droits, indemnités, primes et avantages particuliers. Ainsi, sont ajoutées aux indemnités et primes fixées par le décret n°2006-90 du 9 mars 2006 précité, les nouvelles primes et indemnités ci-après :

Autre innovation majeure du projet de statut particulier : les enseignants nouvellement recrutés auront l’obligation de pratiquer leur art au moins cinq ans dans leur premier département d’affectation, en dehors de Brazzaville et Pointe-Noire, ce qui permettra de limiter les déficits en personnel enseignant à l’intérieur de notre pays.

Le Conseil des ministres a relevé, pour s’en féliciter, que les échanges constructifs entre les pouvoirs publics et les partenaires sociaux concernés ont permis, pour la première fois depuis près de quarante-cinq ans, des avancées importantes en matière de reconnaissance et de valorisation de la profession enseignante.

Après examen et discussion, le Conseil des ministres a adopté le projet de décret portant statut particulier des agents du cadre de l’Education nationale.

II/- Ministère des Affaires Foncières et du domaine public, chargé des relations avec le parlement

Projet de décret fixant les attributions, la composition et le fonctionnement de la Commission nationale de reconnaissance des terres coutumières

Prenant à son tour la parole, M. Pierre Mabiala, ministre des Affaires foncières et du domaine public, chargé des relations avec le parlement, a précisé aux membres du Conseil des ministres que la loi n°21-2018 du 13 juin 2018 fixant les règles d’occupation et d’acquisition des terres et terrains, prescrit que la commission chargée de donner tout son contenu à ce texte devra être rendue opérationnelle par décret pris en Conseil des ministres.

Outil nécessaire à la bonne gouvernance foncière ainsi qu’à la consolidation des recettes d’origine foncière, la Commission en objet devra faciliter l’accès des acteurs économiques à des terres sécurisées, organiser les conditions de la constitution de réserves foncières par l’Etat, en vue de l’affectation à titre gracieux par celui-ci de terres à la réalisation de projets de développement économique et social.

Présidée par le ministre en charge des Affaires foncières et composée notamment des préfets de département, des présidents des conseils départementaux et municipaux, des sous-préfets, des administrateurs–maires, des maires des communautés urbaines, des procureurs de la République des lieux de situation des terres à reconnaître, la commission est saisie sur requête du mandataire de chaque famille terrienne concernée, dans la période comprise entre le 2 janvier et le 2 février de chaque année.

Elle peut également être saisie par l’Etat à titre exceptionnel, en cas de réalisation d’un projet d’intérêt général urgent.

Au terme de la procédure, la reconnaissance des terres coutumières concernées est prononcée par arrêté du ministre en charge des affaires foncières, et ce dans les quarante-cinq jours qui suivent la saisine, cet acte réglementaire valant alors autorisation d’immatriculation des terres coutumières ainsi reconnues par l’Etat.

Prenant la parole, son Excellence, M. Denis Sassou N’Guesso, président de la République, chef de l’Etat, tout en se félicitant de l’adoption attendue des textes d’application du cadre juridique permettant une gestion cohérente du secteur sensible du foncier, a rappelé que l’objet même du texte en discussion était de clarifier les rapports entre les propriétaires de terres coutumières, situation spécifique, et l’Etat lui-même, en ce que celui-ci doit pouvoir, tout en garantissant et pérennisant la propriété privée des uns, disposer des réserves foncières de terres afin d’impulser, ce qui est son rôle de garant ultime de l’intérêt général, le développement économique et social de notre pays.

Après examen et discussion, le Conseil des ministres a adopté le projet de décret fixant les attributions, la composition et le fonctionnement de la Commission nationale de reconnaissance des terres coutumières.

III/- Communication

Rapport relatif au recensement physique des agents civils de l’Etat

De nouveau invité par le président de la République à prendre la parole, M. Firmin Ayessa, vice-Premier ministre, ministre de la Fonction publique, de la réforme de l’Etat, du travail et de la sécurité sociale, a édifié les membres du Conseil des ministres sur le déroulement et l’issue du recensement physique des agents civils de l’Etat ainsi que sur les conclusions à en tirer.

Lancé officiellement le 31 octobre 2016 par le Premier ministre, chef du gouvernement, le recensement a été réalisé sur l’ensemble du territoire national et dans les missions diplomatiques et consulaires du Congo à l’étranger.

Il avait, entre autres, pour objectifs principaux :

Résultats du recensement à la date du 30 avril 2018

  1. – Des effectifs
  1. – Des constats qualitatifs. Le recensement a permis de constater :

Prenant la parole à ce stade des informations communiquées aux membres du Conseil des ministres, son Excellence, M. Denis Sassou N’Guesso, président de la République, chef de l’Etat, a félicité le gouvernement, et notamment les ministères concernés par cette phase initiale, pour la finalisation effective et réussie du recensement physique des agents civils de l’Etat.

Le chef de l’Etat a invité le Conseil des ministres à prendre acte de toutes les données objectives mises à sa disposition et a instruit le gouvernement, sur la base des statistiques produites ce jour par le vice-Premier ministre, ministre de la Fonction publique, à prendre en compte, dans la gestion prévisionnelle des emplois dans la Fonction publique, ces données démographiques et qualitatives, afin d’assurer la modernisation, la féminisation accrue et le rajeunissement de l’Administration publique, levier essentiel d’action pour l’Etat lui-même.

Poursuivant son propos, il a noté le fait que, pour la première fois, ce processus de recensement, déjà engagé à plusieurs reprises par le passé, avait été mené avec succès, c’est-à-dire sans blocages, pesanteurs ou restrictions de quelque sorte que ce soit.

Le chef de l’Etat a donc invité le Conseil des ministres, et au-delà de cette instance, le peuple lui-même, à constater qu’au lancement de ce recensement, le 31 octobre 2016, le nombre d’agents civils de l’Etat était de 71 548. Il relève qu’à la date du 1er janvier 2019, il sera désormais de 59 288 agents.

Le président de la République a ajouté que ce processus nécessaire d’assainissement s’était déroulé dans la rigueur, sans arbitraire d’aucune sorte, et dans le respect des droits de tous et de chacun.

Aussi, le chef de l’Etat a instruit le gouvernement de poursuivre, avec la même volonté politique affirmée, le processus de remise en ordre de l’Administration publique, en s’attaquant, comme il a déjà commencé à le faire à l’occasion de cette première phase, aux comportements irréguliers et frauduleux ainsi mis à jour.

Pour ce faire, il a invité le Premier ministre, chef du gouvernement, à mettre en place, dans les meilleurs délais, un Comité interministériel élargi aux départements ministériels les plus concernés, comité qui sera chargé de la consolidation des acquis du présent processus de recensement soumis à l’examen du Conseil des ministres, ainsi que de la prise en compte de ses implications en matière de gestion des données numériques et de la mise en œuvre des réformes et mesures correctives préconisées par le Rapport synthèse présenté ce jour par le vice-Premier ministre en charge de la Fonction publique.

Dans ce contexte, et face à l’ampleur des irrégularités constatées, le Conseil des ministres a invité le gouvernement à poursuivre la mise en œuvre des actions déjà engagées et à mener à bien, sans faiblesse mais sans arbitraire, les seize mesures identifiées par le Rapport soumis à son examen. Il s’agit notamment :

Sur la base de l’exécution sans faille de ces mesures, le Conseil des ministres table sur une incidence financière de trois cent cinq millions huit cent quarante et un mille neuf cent trente deux mille frs CFA.

Les pouvoirs publics devront également :

Plus globalement, les pouvoirs publics devront :

Enfin, le gouvernement devra s’atteler à la mise en œuvre des réformes nécessaires. Il s’agit notamment :

Il s’agit d’une étape essentielle pour garantir la fiabilisation des résultats obtenus. Les travaux préparatoires du projet sont en cours.

Elle vise la mise en place de systèmes automatiques d’échange de données en temps réel.

Cette étape prévoit l’identification, la définition et la qualification des emplois et des compétences, en vue de développer l’approche « métier » dans la Fonction publique congolaise.

Après cet échange complet de vues sur le Rapport présenté par le vice-Premier ministre, le Conseil des ministres a invité les ministères concernés à lui rendre régulièrement compte de l’état d’avancement de ce dossier fondamental dans le processus de renforcement des capacités, de réforme et de modernisation de l’Etat en République du Congo.

Cette affaire entérinée, M. Clément Mouamba, Premier ministre, chef du gouvernement, a informé le Conseil des ministres d’une excellente nouvelle, à savoir la reprise effective du trafic ferroviaire marchandises du Chemin de fer Congo Océan (CFCO en sigle) attendue pour début décembre 2018.

Il a ajouté qu’un premier train de marchandises est attendu à Brazzaville le mercredi 28 novembre 2018, soit dans 48h, arrivée qui coïncidera symboliquement avec la célébration du 60e anniversaire de la proclamation de la République du Congo.

Le Conseil des ministres a pris bonne note de cette nouvelle. Il a cependant noté, avec gravité, le fait que ce sont les destructions irresponsables causées sur ces ouvrages en 2016 et 2017 qui ont occasionné l’interruption brutale du trafic ferroviaire sur le tronçon Brazzaville/Pointe-Noire et privé notre pays d’une voie de communication névralgique. Ces destructions ont obligé les pouvoirs publics, dans un moment de difficultés financières connues de tous et de chacun, à reconstruire à grands frais les infrastructures concernées.

Pour l’information des contribuables que vous êtes, le Conseil des ministres note que la réhabilitation des trois ponts détruits, tous situés entre les localités de Kinkembo et Loulombo (département du Pool) vous a coûté un milliard neuf cents millions de frs CFA.

Le Conseil des ministres espère ainsi que cette renaissance du CFCO, qui coïncide symboliquement avec l’anniversaire de notre République, sera définitive et nous fera collectivement méditer sur le sens du bien public et celui de la patrie, sentiments qui doivent constamment nous animer.

Plus rien n’étant à l’ordre du jour, le président de la République a alors levé la séance.

Commencée à 10h00, la réunion du Conseil des ministres a pris fin à 13h30.

Fait à Brazzaville, le 26 novembre 2018

Thierry Lézin Moungalla
Ministre de la Communication et des médias
Porte-parole du gouvernement

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