
TRIBUNE. Le constat est patent ! Les fins analystes ne me dédiront pas, le Congo n’a jamais connu une situation économique aussi morose. Finalement, on ne gère pas un pays comme on gère une banque.
Le Premier ministre Clément Mouamba, ancien cadre de banque, a bénéficié d’une grande stabilité en restant cinq ans à la tête de son gouvernement. Le temps nécessaire pour établir une politique de développement, la financer, l’appliquer puis l’évaluer.
Quand il est arrivé aux affaires en avril 2016, le budget était à plus de 3.632 milliards de francs CFA. La crise était déjà là. A l’opposition d’où il venait, on en parlait abondamment. En 2021, le budget est réduit à une ponction congrue, 1.846 milliards de francs CFA, près de la moitié des ressources perdues.
La croissance du PIB n’est pas seulement nulle, mais bien moins. En 2016, lorsque Clément Mouamba prend les rênes, elle était estimée à 3,8%. Cinq ans après, elle est tombée à -7%. On aura bientôt notre croissance à deux chiffres, mais cette fois-ci à la négative. Avec une dette insoutenable à la clé.
Et, l’accord de 450 millions de dollars avec le FMI, qui a permis au Premier ministre de sabrer le champagne à Sibiti (il s’y trouvait en mission lorsque la bonne nouvelle est tombée) n’a finalement été qu’un flop. Le Congo a échoué dans l’application des 48 mesures du FMI.
Echec aussi dans l’audit annoncé des entreprises du portefeuille public, essentiellement la SNE et la SNDE, qui finalement n’ont changé que de noms et d’actionnaires. Dans la gestion et la prestation de services, les plaintes des populations sont légion. Ces entreprises restent des gouffres à sous !
En cinq ans, la chute du CFCO a été vertigineuse sous mes yeux. Avec une direction intérimaire sans moyens, le CFCO qui n’a pas pu être privatisé, est devenu une coquille vide.
Si le paiement des salaires des fonctionnaires est apparu, ces dernières années, comme la prouesse fondamentale du gouvernement, les cris des retraités et des jeunes à recruter ont percé nos tempos.
L’Etat doit jusqu’à 258 milliards de francs CFA aux caisses de retraite, dont 200 milliards à la seule CNSS, selon un rapport lu au Sénat en octobre dernier.
Le coup de baguette magique pour le gouvernement Mouamba, ce sont les 300 milliards du Club de Brazzaville, qui serviront à relancer les chantiers à l’arrêt depuis plusieurs mois, au paiement des pensions de retraite (10 milliards), à la liquidation de la dette commerciale aux opérateurs économiques et d’autres charges. Le tout dans les 300 milliards.
L’année 2020 a été très difficile pour la population qui subit de plein fouet la pandémie de Covid-19. Les opérateurs informels attendent toujours l’aide plusieurs fois promise par les autorités gouvernementales.
Le Gouvernement n’a pas eu l’argent pour booster l’Agriculture. Sur les 1000 milliards de francs CFA demandés par Henri Djombo, on ignore si quelques millions ont pu être mobilisés.
Sans compter de bons petits projets totalement à l’abandon aujourd’hui. Le cas de la zone économique de Maloukou où, en cinq ans, le gouvernement n’a pas pu apporter de l’électricité.
2021, ce n’est pas que l’élection présidentielle, mais c’est aussi le moment du bilan. Cinq ans de gouvernement.
Arsène SEVERIN -Journaliste (Fb)